-Arthur-J'ai jamais entendu Aron dire un truc aussi débile de toute ma vie.
— Putain si t'étais pas déjà amoché je t'en aurais mis une. Dis-je sans savoir s'il m'entendait vraiment ou non.
J'essaye de ne pas paniquer, mais la situation entière est paniquante. Et Eden ne m'aide pas à tenir la face, tous ses gestes sont dictés par la précipitation, ils sont désordonnés, presque désespérés.
J'ai dû mal à ne pas céder à l'empressement qui étouffe mon cœur. On est pourtant habitués à ce genre de situation, bordel. Ce n'est pas la première fois que l'un de nous manque d'y rester.
Mais cette fois-ci, dans l'atmosphère qui règne, c'est différent. On le sent bien, la mort rôde autour de nous, flottante dans l'air, nous narguant presque de savoir qui elle emportera avec elle pour toujours. Tous mes sens sont déroutés, comme si on assistait à quelque chose de paranormal, je ressens les mêmes choses que les gens, victimes de ces attaques, décrivent dans les documentaires. Il fait froid, les sons sont étouffés, l'odeur est omniprésente et que sais-je encore.
Ce qui me désempare le plus c'est que je ne sais pas ce qu'il faut faire au juste, je critique Eden car elle se laisse à l'empressement et la panique, mais peut-être que ma forme de panique à moi c'est de ne rien faire ? De rester planté là à observer le triste tableau qui se joue devant mes yeux ? Je prends une grande respiration pour me donner du courage et tenter de redonner de l'ordre à mes pensées.
Je pose une main rassurante sur l'épaule d'Eden qui accomplissait son millième allez-retour entre eux et nous depuis que nous sommes arrivés. Ce simple geste à l'air de la calmer instantanément, comme si elle revenait sur terre, dans cette pièce, où, pour l'instant, tout est calme, loin de ces pensées qui doivent tourbillonner dans sa tête, comme elles tourbillonnent dans la mienne.
Elle sort alors son téléphone et compose un numéro, dès la première tonalité l'interlocuteur décroche, et aussi rapidement qu'il a pris l'appel je reconnais sa voix. Eden appelle notre médecin, Matvei. Il lui pose tant de questions qui m'est impossible de suivre le fil de leur conversation, et je n'en ai pas l'envie surtout. J'entends qu'elle donne des détails que je serai impossible de formuler à haute voix tant la vision sous mes yeux est, pour moi, horrifique.
Ils finissent par se saluer brièvement et Eden m'indique qu'il faut éviter de les déplacer et que Matvei arrive avec son équipe pour les transporter à l'hôpital. Elle m'adresse un regard entendu, bien sûr pas le vrai hôpital.
Les gens comme nous n'avons pas le droit à ce genre d'établissement.
Notre docteur a visiblement bien compris le caractère urgent de la situation étant donné que quelques minutes après, un groupuscule d'homme sous ses ordres venait soulever précautionneusement le corps inerte de nos deux amis. Ainsi que celui de Boris, mais avec beaucoup moins de douceur ce qui me fit plaisir malgré les circonstances.
On se retrouve finalement seuls avec Eden, plongé dans un lourd silence, à contempler ce qui n'est plus là. Aucun de nous deux n'a bougé depuis le départ de l'unité médicale qui se trouvait à l'étage "au cas où" selon Aron.
"Au cas où" mon cul oui, tu savais très bien la tournure que ça allait prendre enfoiré. T'as vraiment intérêt à t'en sortir parce que je dois me charger personnellement de botter ton petit cul de génie machiavélique.
J'avale la distance qui me sépare d'Eden en une enjambée, son état aussi me préoccupe, elle a également pris de sacré coups.
— Tu devrais aller voir Matvei, pour vérifier si tout va bien. Murmurais-je avec le plus de douceur dont je suis capable. Bien-sûr, c'est aussi un prétexte pour qu'elle ait une raison de quitter cette pièce au plus vite.

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DÉSERTEURS
ActionAu sein des réseaux criminels, un nom détonnait : Rose Anderson. N'importe quelle personne vivant dans ce côté du monde connaît ce nom là. Vole, escroquerie, mensonge, manipulation, tout ce que renferme l'humanité de plus sombre, c'est son terrain d...