Ses mains glissaient sur la peau de lait constellée de taches de rousseur de sa patronne. De son amie. De... il ne savait plus trop qui. Margot avait détaché les bretelles du haut de son maillot. Gregor lui massait le dos afin que la crème pénètre bien. Il ne pouvait s'empêcher de remarquer combien elle était douce, ni de regarder ses seins qui s'étalaient légèrement sur la serviette.
– Passe bien partout. Je crains le soleil, moi. Je n'ai pas envie de cramer.
– A tes ordres.
Ses mains continuaient d'étaler la crème consciencieusement. Elles tremblèrent un peu lorsqu'il s'attarda sur le creux de ses reins. Margot restait calme. Elle ne réagissait pas. Le chasseur de primes lui massait le bas de son dos, tout en réalisant qu'il avait négligé les côtés. Après tout, les ordres de Margot avaient été clairs : bien partout.
Les mains de Gregor glissèrent sur les côtes pour bien imprégner la crème, ainsi que la partie visible de sa poitrine.
Tori Amos retentit dans le sac en crochet de Margot. Son téléphone vibrait.
La sorcière se redressa et se pressa de répondre. Elle n'avait pas donné ce nouveau numéro à grand monde. C'était forcément important. Gregor s'essuya les mains et partit se rafraichir dans l'eau. Sauvé par la sonnerie, se dit-il, plus ému qu'il ne se l'avouait, et vaguement honteux de ces jeux adolescents.
– Hello Meg, je te dérange pas j'espère ?
– Pas du tout Christophe. Que me vaut l'honneur ? Tu as bien reçu le colis, le mois dernier ?
– Oui, il fonctionne à merveille. Cela a changé ma manière d'appréhender le tissage.
– Bien. Je te l'avais dit. La pratique est importante, mais il y a l'aspect technique, aussi.
A l'autre bout du fil, le vieux sorcier béarnais se racla la gorge. C'était un homme simple, apiculteur, qui n'utilisait que rarement son don et menait une existence somme toute normale.
– Non, je ne t'appelle pas pour ça.
Face au silence attentif de Margot, l'apiculteur rassembla ses idées et expliqua les raisons de son appel.
– Tu sais, moi, la sorcellerie, je n'en fais pas mon affaire. Si j'entends des choses je les garde pour moi. Je m'occupe de mon miel, de mes filles, je vais voir les copains, et ça me suffit. Je ne cherche pas les histoires.
– Je sais bien, répondit la sorcière, qui voulait l'encourager sans pour autant le brusquer. Tu es la discrétion même.
– Va savoir pourquoi, les gens aiment bien se confier à moi. Ils savent que je reste muet comme une tombe, pardi ! Sans le vouloir, je suis au courant de pas mal de choses. Je ne fais rien pour, tu notes bien.
– C'est pas ton genre, acquiesça Margot, qui faisait des efforts pour ne pas laisser transparaître son impatience.
– Voilà, c'est pas mon genre. Je m'occupe de mes affaires.
– Oui.
– C'est pour ça que lorsque Moussa, le sorcier qui habite Pau, et qui vient m'acheter du miel quatre fois l'an, m'a parlé des enquêtes actuelles de la Fondation, j'aurais fermé ma bouche, comme d'habitude, et je n'en aurais parlé à personne.
La sorcière se tortilla sur sa serviette. Mais putain, il allait accoucher ?!
– Je te comprends. Moi-même, je n'aime pas les commérages.
– Voilà, on se comprend. Mais quand Sybille, tu sais, celle qui habite à la frontière espagnole, elle a une maison d'hôtes. Elle a eu des problèmes d'ailleurs cet été avec des touristes, une horreur ! Bref, elle m'a parlé d'instances qui étaient systématiquement fouillées par la Fondation, et qu'ils se renseignaient sur l'une d'entre nous, j'ai commencé à tiquer. Et quand j'ai su qu'il s'agissait d'une femme aux cheveux plus roux qu'une feuille à la fin de l'automne, et qui serait originaire de Bordeaux, j'ai pensé à toi.
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Instances
ParanormalDans notre monde, il existe des failles magiques, qui sont des portails invisibles menant à des réalités différentes, les Instances. Gregor est un chasseur de primes capable de voir ces failles. Margot, sa jolie patronne, est une puissante sorcière...