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Je suis rentrée avec mon frère, bras dessus bras dessous. On avait le visage amoché et pourtant on se regardait en souriant. Quand je vous dis qu'avec Sofiane on a vécu la misère ensemble, je vous assure que c'est pas des lols. Pourtant à cette époque il devait avoir 20 ans et moi 16.

J'avais peur de rentrer à la maison, parce que ma mère allait s'inquiéter. Et quand j'ai ouvert la porte ce qui devait arriver arriva.

Mama: Hhhh benti ???? Ach wa9e3 ??? (Il s'est passé quoi).

Elle a pris mon visage entre ses deux mains, tellement elle m'a fait mal. Elle s'est tourner d'un coup vers mon frère et elle l'a attrapé par le col.

Mama: Ach derti ???? Ach dertiiii ????? (T'as fais quoi).

Sofiane: Mama safi, c'est rien elle va aller mieux.

Mama: C'est rien ??? C'EST RIEN ??

Je savais plus ou me mettre. Elle a rapproché son visage du siens.

Mama: Écoute moi bien Sofiane, tu salis qui tu veux mais khtek la (ta soeur non).

Et elle l'a poussé violemment puis elle est partie dans sa chambre. La elle a du s'imaginer que j'avais fait des dingueries, que j'avais plus d'avenir.

Mama: ÇA Y EST !!! Toi aussi tu t'y mets, c'est bien.

Je l'entendais crier de là, mais j'avais plus aucune force pour quoi que ce soit. Je suis partie dans ma chambre, j'ai pris des affaires et je me suis douchée. Quand j'ai vu ma tête dans le miroir, j'avoue j'ai eu peur. J'avais un œil au beurre noir, les yeux rouges sang, la bouche en sang. J'avais le front collé de sueur.

Je suis sortie de la douche sous gros jogging et je me suis enroulée dans mon lit. J'ai entendu la porte d'entrée claquer et j'ai compris que ma mère était partie tout simplement. Des fois elle fait ça.

Peu après y'a Sofiane qui est venu s'asseoir au bord de mon lit. Il s'en voulait, je le sais. Il a commencé à me caresser le crâne.

Sofiane: Je suis désolée..

Moi: Ça y est on s'en fou.

Sofiane: Nan frère, la vie j'ai déconné.

Moi: Tranquille on est emblesan.

Sofiane: Toujours.

Il s'est levé, il a pris ma brosse à cheveux pour coiffer les siens.

Sofiane: Je suis beau un ?

Moi: Azy sors la.

Sofiane: Asy jvais faire un tour.

Moi: Iwa 3endek (fais attention).

Sofiane: T'inquiète pas mon sang.

Je sens que ce soir je vais bien dormir seule. Tout le monde part comme ça la, je suis à deux doigts de la mort.

J'étais limite endormi quand j'ai reçu un appel d'un numéro que je connais parfaitement.

Moi: Allô ?

Yanis: Bien ?

Moi: Bien et toi ?

Yanis: Monte en despi.

J'ai pas hésité. J'ai fait une queue de cheval et je suis montée. Il était tard pourtant je savais que personne n'allait rentrer. Vous savez des soirées comme ça ou j'ai attendu à ce quelqu'un rentre j'en ai passé.

J'étais essoufflé de tous ces efforts, vraiment. Quand j'ai ouvert la porte il faisait nuit et même un peu chaud.

Ces moments comme ça ils restent gravés dans ma mémoire. On s'est même pas parlé. Il s'est juste avancé vers moi et en passant son bras derrière ma nuque il m'a enlacée.

La chronique de Sana: « On se reverra si Dieu veut »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant