Chapitre 40 - Poussière et indiscrétion

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Quand il passe au travers du mur, Severus ressent plus qu'il ne voit toutes les possibilités qui s'offrent à lui. Les diverses salles qu'il a entraperçues plus tôt, quelques-unes de plus et, enfin, les couloirs sombres. C'est sur ces derniers qu'il se concentre et, aussitôt, un escalier se matérialise sous ses yeux. Il le descend, apprécie que des torches aient été allumées sur son chemin, et aboutit enfin aux fameux couloirs. Pourvu qu'Orlanda choisisse la même option quand elle tentera de le rejoindre – si elle tente de le rejoindre.

Le couloir où il débouche est dans un état bien pire que ce à quoi il s'était attendu. Murs fendus, en ruine, lézardes serpentant au sol, blocs de pierre écrasés au milieu du passage, épaisse poussière qui recouvre tout, et surtout, ouvertures instables dans les murs et le sol. Parfois du même genre que celle qui l'a amené jusqu'ici, celles-là ne lui inspirent pourtant aucune confiance. Les frissonnements dans la pierre, parfois accompagnés d'un grésillement strident, ont sur lui un effet répulsif. Il s'écarte à leur approche, va jusqu'à longer le mur opposé, persuadé que s'il se fait aspirer ce n'est pas dans une autre pièce cachée qu'il aboutira, mais au fond du Styx.

— Quel endroit étrange, s'amuse Dumbledore, au bout d'un moment. Je me demande ce que les Malfoy pouvaient bien cacher ici. Ces sous-terrains ont l'air encore plus étendus que les couloirs de Poudlard.

— Je n'ai pas l'impression qu'ils existaient avant, le détrompe Severus. Lucius ne m'en a jamais parlé, et Merlin sait comme il aimait se vanter de ses idées loufoques.

— Voyez-vous ça. Mais alors, qui en serait à l'origine ?

— L'homme que nous cherchons ?

— Harry ?

Severus lève les yeux au ciel.

— L'autre. D'ailleurs, vous n'auriez pas envie d'aller jeter un œil derrière ces instabilités ? Je serais assez curieux de découvrir ce qui s'y cache.

Albus secoue la tête et s'écarte à son tour du mur vibrant qu'ils dépassent ensemble.

— J'ai un mauvais pressentiment à leur sujet. Je n'ai aucune envie de rester coincé de l'autre côté.

— Vous êtes mort, lui rappelle l'homme à ses côtés.

— Et alors ? Ça ne m'empêche pas de souffrir ou de craindre pour ma sécurité.

Rogue se retourne vers lui, surpris, et un peu sceptique, aussi.

— Vous le pouvez ? Souffrir ?

Le vieillard hausse les épaules alors qu'il le dépasse, mu par une accélération aussi soudaine que suspecte.

— La souffrance n'est pas que physique, mon cher Severus. La souffrance mentale aussi fait des dégâts.

— Rah ! Taisez-vous.

Pendant deux longues heures, le sorcier et son fantôme d'accompagnement explorent les sous-terrains ainsi qu'une poignée de pièces cachées accessibles via des murs défoncés. Plus d'une fois, Severus tente de transplaner, toujours sans résultat. Le sort anti-transplanage est l'un des plus costauds qu'il ait expérimenté, celui de Poudlard mis à part.

Les couloirs de cette prison se ressemblent tous et, plus d'une fois, il pense être revenu sur ses pas. Perdu, désormais, il avance au hasard, quand les bribes d'une conversation lui parviennent. Si, au début, les voix sont trop lointaines pour qu'il puisse les distinguer, à mesure qu'il se rapproche une discussion semble émerger et les chuchotis se meuvent en mots, en phrases, qu'il comprend de mieux en mieux.

— ... les clones ? fait la première voix.

— Tu... attaquer par Bella... mon vieux ?

Les voix sont distordues et lui apparaissent comme au travers d'une vielle radio, pourtant il sent une boule de chaleur réchauffer ses entrailles. C'est...

La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant