La complainte de la Vouivre (Snarry)

Chapitre 43 - Recherches et explications

C'est l'odeur de potions désinfectantes dans laquelle il baigne qui fait prendre conscience à Severus qu'il est réveillé. Au loin, il entend des voix et des bruits de pas. Parfois, un cri solitaire résonne avant de disparaître dans le néant, maîtrisé par un médicomage ou juste étouffé par les murs qui le séparent de la chambre où l'homme est allongé. Parce que, oui, Severus a reconnu l'endroit où il se trouve, juste à l'odeur. Sainte Mangouste.

Il inspire profondément, les yeux toujours clos, à la fois heureux d'être en vie et désireux de savourer ses dernières secondes de calme et de sérénité. Parce que, dès qu'il les aura ouverts, il saura, ou il voudra savoir. Qu'est-il arrivé à Harry ? À Drago ?

Le simple fait qu'il ait conscience de cela brise l'illusion et il ouvre les yeux. La pièce blanche hospitalière abrite quatre lits. Le sien, le plus proche de la porte, un second, vide, juste en face, et deux autres, occupés. Des cheveux blonds mis-longs dépassent des couvertures du troisième. Drago dort, bien vivant. Éreinté, dénutri, mais en vie. Severus soupire de soulagement et tourne la tête en direction du dernier lit. Deux personnes sont assises aux côtés de son occupant. La première, une femme brune, a la tête enfoncée dans ses bras croisés aux pieds du lit. Le second, un homme roux bien trop grand, est assis en travers de sa chaise, ses longs membres dépliés autour de lui dans une position aussi ridicule qu'inconfortable. Tous deux se sont endormis en veillant leur meilleur ami.

Le soupir de soulagement que pousse Severus en découvrant le visage endormi d'Harry attire l'attention de la femme qui somnole à côté de son propre lit.

— Vous êtes réveillé, chuchote Orlanda Pikines en rapprochant sa chaise.

Il la dévisage, note ses yeux cernés, ses courts cheveux tendus sur son crâne, maintenus en place par la crasse et la transpiration, mais aussi ses vêtements poussiéreux et déchirés en de nombreux endroits, témoins de ses déambulations dans les sous-sols.

— Racontez-moi, croasse-t-il, la voix enrouée.

Elle hoche la tête, s'étire et les enferme dans une bulle de silence pour ne pas déranger les endormis.

— Quand les premiers renforts sont arrivés, je vous ai suivi à travers le mur avec quatre d'entre eux. C'était dix ou quinze minutes après que vous ayez disparu. On a marché pendant ce qui m'a semblé être des heures à travers des couloirs à demi détruits. On a rencontré beaucoup d'anomalies. Vous aussi, je suppose ?

Severus confirme.

— J'avais lancé un sort de Petit Poucet sur vous, ce qui nous permettait de vous suivre à la trace, mais j'ai perdu mon groupe au bout d'une heure environ.

Elle secoue la tête, dépitée, avant de reprendre.

— Quand je pense que j'ai enseigné à certains de ces abrutis et qu'aucun n'a pensé à en lancer un autre quand nous nous sommes séparés... Quelle brochette d'incapables. Quoi qu'il en soit, j'ai passé le double de ce temps, seule, à explorer chaque faille, chaque pièce, chaque foutu couloir. Toujours sur vos traces. Je commençais à croire que ce labyrinthe n'avait pas de fin, quand j'ai reconnu le bruit d'un combat. Quand je suis arrivée, vous étiez aux prises avec Mogdalof, enfin, Malfoy. Je me suis cachée, attendant une ouverture pour le prendre par derrière, mais quand j'ai voulu vous rejoindre, je me suis retrouvée face à un champ invisible qui m'interdisait le passage. J'en avais croisé d'autres durant mes déambulations, je savais qu'un passage devait se trouver non loin. Je crois que les failles qui relient les pièces cachées se déplacent à cause du choc que vous leur avez infligé, mais sans se soucier de la topographie. J'ai dû faire exploser le mur trois mètres plus loin, mais pas sans l'avoir insonorisé avant. Je voulais limiter les risques de me faire repérer. Malfoy ignorait ma présence, il pensait avoir gagné. Quand j'ai réussi à entrer, j'ai vu Malfoy, le vieux, se faire projeter en l'air par l'autre Malfoy. Le gamin était épuisé, il s'est évanoui après avoir saucissonné son homologue. Je n'ai eu qu'à finir le travail.