Chapitre 6

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Chapitre 6

«You led me on with a cloak and a dagger

And I didn't know you had made other plans »

Dalia.


Et dire que c'était il y a si longtemps, songeai-je en soupirant.

Plusieurs siècles s'étaient écoulés depuis cette première rencontre. Nous nous étions croisées de nombreuses fois après celle-ci. Une fois par an environ, presque toujours à la même période de l'année. Et ce peu importe où nous nous trouvions en Europe...

A croire que quelqu'un (hum !) essayait de nous dire quelque chose. Les signes n'étaient pas si subtiles que cela, je veux dire, quelles étaient les probabilités pour que nous retombions toujours l'une sur l'autre, peu importe à quelle distance de notre lieu d'habitation nous nous trouvions hein ?

Laissez-moi répondre à cette question : nulles ! Les chances étaient quasiment nulles.

Une ou deux fois, d'accord, je veux bien, le hasard existe après tout.

Mais chaque année durant plusieurs décennies ? Quelqu'un se fout de notre gueule ou je ne m'y connais pas.

Je me souviens d'une fois où je l'ai croisée en Russie. En Russie ! Soit à plusieurs milliers de kilomètres de l'endroit où nous étions rencontrées la première fois. Et faire le trajet France/Russie à une époque où les seuls moyens de locomotions étaient le cheval ou à pieds ? Cela met sans doute plusieurs mois !

Bien sûr, je m'étais contentée de m'y téléporter, pour des raisons pratiques, mais elle ? Comment était-elle arrivée là ? Elle n'avait pas l'air très dégourdie dans ce domaine particulier (après tout, elle avait bien atterrit au somment d'une montagne en cherchant une forêt ou je ne sais quoi).

Encore un mystère de plus je suppose.

Pourtant, malgré tous les « messages subtils » cela ne nous a pas empêché de nous ignorer royalement durant très, très longtemps : nous ne nous parlions jamais, nous contentant d'un vague signe de tête.

Il restait une certaine tension entre nous (j'avais presque brûlé son chat et blablabla !) et je ne pouvais pas me forcer à être plus polie que ça avec quelqu'un d'autre. Ce n'était pas dans mes habitudes.

Après soixante-douze ans de ce manège, je me rendis compte qu'elle était ce que j'avais de plus proche en termes d'ami. Et nous ne faisions que nous saluer. Et de loin.

C'est à cet instant que je compris à quel point j'étais seule et combien je repoussais tout contact avec mon espèce. Quelle asociale, je vous jure !

Il était plus que temps de reprendre les choses en main. Cela ne pouvait plus durer. En plus, j'étais persuadée qu'elle ferait une très bonne associée.

Nous allions terroriser le monde de la sorcellerie et des humains confondus ! L'univers tout entier craindra notre nom et nous serons des figures de légende pour des siècles et des siècles ! Jamais personne en nous oubliera et nous provoquerons effroi et jalousie partout sur notre passage ! Mwahaha ! A deux nous augmenterons notre pouvoir et notre champ d'action. Rien ne résisterait à notre volonté. Tous se prosterneront devant nous !

Hum... J'étais peut-être trop habituée à la solitude si je commençais à faire des discours mégalomanes comme celui-ci. Cette dernière avait été ma seule compagne (mis-à-part Doll, bien sûr) durant de longs siècles, alors pourquoi me pesait-elle autant ses derniers temps?

Par Amour de la VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant