Chapitre 2

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Un déménagement a eu lieu ce matin. Je regarde par la fenêtre mes nouveaux voisins : une madame blonde d’une trentaine d’année, son mari qui avait un visage sérieux observe son alentour en aillant sa main autour de l’épaule de sa femme et son fils d’à peu près mon âge, avait son cellulaire dans ses mains et ne cesse de tapoter dessus.

Je descends des escaliers espérant voir mon père ou France, la femme de ménage. Mais, malheureusement, mon chemin se croise avec celui de Catherine.

-Bon matin Sarah, dis ma belle-mère en ajoutant son sourire hypocrite. Elle voit que je continue à marcher, alors sans perdre une seconde elle poursuit, as-tu vu les nouveaux voisins?

-Oui. Dis-je d’un ton sec.

France a fait le déjeuner, délicieux comme toujours. À table, mon père et Catherine s’échangent des regards, des sourires et moi qui essaie de les ignorer.

-Papa, ça te dérange si je vais me promener dehors?

-Non chérie. Revient avant le dîner.

Le vent doux de l’été me flatte le visage et le chant des oiseaux me fait du bien aux oreilles. Au parc, je vois quelques écureuils grimper aux arbres et des gens qui promènent leurs chiens. Je me jette au gazon et regarde le ciel bleu remplis de nuages. Ce moment de calme et de paix était ce qu’il me manquait. Je tourne ma tête et j’aperçois mon voisin avec son cellulaire.

-Ça ne te fatigue pas de taper sur ça toute la journée? Ai-je lâché en prenant son mobile.

-Hé! Mais, tu fais quoi? Redonne-moi-le toute de suite.

Il me l’arrache des mains et fronce les sourcils en me fixant droit dans les yeux.

-Qui es-tu?

-Ta nouvelle voisine. En fait, bienvenue dans le quartier.

-Merci.

Et il recommença à taper sur son cellulaire.

-C’est toujours calme ici. Ai-je lancé en m’approchant de lui. C’est souvent ici que je me refuge quand je me sens seule, quand je n’ai personne à qui parler. Alors, je parle aux écureuils, au ciel...

-Ah... dit-il d’une voix désintéressé.

Je soupire. Ça ne sert à rien de parler avec un accro qui ne prend pas la peine de t’écouter. C’est confirmé, je n’ai personne. Personne avec qui rire, avec qui sourire, avec qui partager des moments inoubliables. Moi, je les partageais avec ma mère. Mais, maintenant qu’elle n’est plus là, je ne sais plus vers qui me tourner. Je veux tant prendre la main de ma mère, ne plus jamais la lâcher et m’envoler avec elle très loin, loin d’ici, loin de ma maison, loin de ce sourire hypocrite que je dois voir à tous les jours, loin de tout ce qu’il me blaise.

-T’es là? Tu m’écoute? Dit mon voisin en bougeant de droite à gauche sa main devant mon visage. Ça fait trente-milles fois que je te parle et tu ne me réponds pas.

-Oh, désolé. Dis-je en faisant un bon par derrière. Tu me disais quoi?

- Si il était tant de partir.

-Je crois que oui. Ai-je répondu en marchant.

-Ça va? Tu as l’air triste...

-Rien à voir.

Mon nouveau voisin s’appelle Joshua. Joshua Welter, treize ans vit avec ses parents, avec sa vraie mère et il adore tout ce qui concerne les jeux électroniques. Sans même le connaître, on pouvait le savoir. Il dit qu’il déteste son nom, qu’il déteste la vie qu’il a, qu’il aimerait vivre dans les campagnes entouré d’animaux. Je suis à table au milieu de ma belle-mère et de mon père qui mangent. Je pense à Joshua et j’ai vu à quel point ça me fait du bien de parler avec quelqu’un. 

Maudit destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant