No-oNE - Tome 1 : Au Nom Du Fils ✒ TERMINE ✒

27 - Tu ne me connais pas

Massive Attack - Teardrop.

En média.. Damian Aguirre.

Haziel

Tu ne me connais pas

Écouteur sur les oreilles, cigarette à la main, je regarde la seine. Je ne fume jamais ces merdes, mais là j'en ai besoin, ça m'aide à me calmer, à évacuer. La drogue, je connais. J'ai grandi avec et quelques taffes, il n'y a rien de mieux pour te vider l'esprit. Mais malgré ça, c'est match nul.

Assis sur le muret, je ne cesse de penser où ce boulot m'a mené. Ma rencontre avec Anna il y a deux ans, son retour dans ma vie, les risques que j'ai pris pour elle et tout ce qu'elle représente pour moi. Je me suis posé maintes fois la question, pourquoi elle ? Notre première rencontre m'avait déjà bouleversé. Ce n'était pas une sorte de béguin d'ados pré-pubère, c'était déjà plus fort que ça. Mais de la revoir, de lui parler, de la sentir si éloignée et blessée par Lui, cela ne m'a donné qu'une seule envie, la protéger, être avec elle, la voir sourire, la voir heureuse. Tout le discours débile d'un mec amoureux et même quand je lui ai avoué mes sentiments, je ne me suis pas trouvé con, mais juste bien.

Merde ! Je ne me souviens même pas du dernier "je t'aime" que j'ai prononcé dans ma putain d'existence... Sûrement jamais. Notre pauvre mère est morte en me mettant au monde. Vraiment ?! Il n'y a pas mieux pour commencer sa merdique de vie. Je savais déjà à l'époque que j'étais damné, que je n'avais pas droit au bonheur. Alors, pourquoi je m'acharne ? Pourquoi je veux l'interdit ? Au fond de moi, je sais. Je ne peux pas la laisser entre les mains de ce connard de psychopathe, même si je ne suis pas sûr de valoir mieux que lui. D'une certaine façon, on peut dire que je suis loin d'avoir les mains blanches, j'ai baigné comme lui très tôt dans la violence. On ne peut être que frappé quand on a vu à l'age de cinq pleuvoir des coups, des passages à tabacs, du sang. Dès quatorze ans, Blaze a commencé à me donner des missions. Le genre de choses qui normalement dépasse un ados d'une dizaine d'années, et même s'il a essayé de me ménager, parce qu'il a sûrement du faire des choses bien pire, on est loin d'être des anges tout les deux et je suis loin de mériter une fille comme Anna. Malgré tout ça, je ne peux pas la laisser partir. Je sais qu'elle est la clé de mon bonheur, de ce rêve que j'ai fait le jour de Noël. Je veux vivre ce putain de fantasme et faire comme tout le monde, vivre une vie normale. Un rêve utopique mais je suis assez égoïste pour essayer.

Je jette ma cigarette et enlève mes écouteurs pour m'imprégner du bruits ambiants de Paris. Il pleut, temps de merde ! Je relève ma capuche, décide de continuer à pied et de laisser ma moto. Marcher me fera du bien. J'ai encore quelques trucs à voir avec Blaze, on va enfin pouvoir le choper ce salopard de Latino. Peut-être qu'une fois cette histoire terminée, Blaze se sentira mieux, qu'il pourrait lui aussi vivre sa vie. C'est tout ce que je peux espérer pour lui. Mais avec Doll, il ne pourra jamais se relever. Ils sont aussi ravagés l'un que l'autre. Je ne vois pas comment l'un pourrait sauver l'autre, il y a trop de fantômes derrière eux.

J'arrive au Q.G, là où tout à commencé. Toute notre équipe s'est mis en branle pour ce qui doit être notre dernière mission. Tout le monde est concentré, chacun sait ce qu'il doit faire et connait son rôle. Je pose ma veste et me tourne vers Blaze, aucun signe d'anxiété ou d'incertitude de sa part. C'est sûrement pour cela qu'il a été choisi, maîtrise, détachement, sang-froid sont d'autant de mots qui peuvent le qualifier.

Il sent ma présence car sans même me regarder il me dit.

- C'est pour demain. Soit prêt.

La communication n'a jamais été notre fort et avec ce qui c'est passé, elle s'est réduite au stricte minimum. On n'échange plus que quelques mots tout au plus, et rarement des phrases complètes. Je pense avoir déjà perdu mon frère. Il y a quelques années, il a été brisé et sans que je m'en rende compte, il a changé, il est devenu une machine. Je suis conscient qu'il a fait un effort pour moi, pour notre semblant de famille, notre duo : lui et moi.