Soir de recrutement.

821 70 7
                                    

Adèle.

-Tu as vu, Adèle? Ces souliers sont hyper-beaux et hyper-confortables...

Claire tenait une paire de talons dans ses mains, les observant sous tous les angles. Au Congrès, toutes les hôtesses avaient droit à un chèque-cadeau qu'elles pouvaient dépenser lors des expositions.

J'avais déjà acheté une nouvelle petite valise, au nom de la compagnie, ainsi qu'un organisateur de produits de toilettes. Claire, elle, avait acheté un genre de fer plat pour les cheveux, tellement minuscule qu'il rentrait dans un étui à crayon. Son genre de truc, quoi.

-Achète-les, il te reste encore de l'argent, marmonnais-je en regardant, tout prêt, des collants qui ne faisait pas de mailles.

J'en pris quelques paires, pendant que Claire achetait les souliers.

-Alors, hier, tu as fait des choses, avec ce Matt? demanda-t'elle en prenant une bouteille d'eau sur la table.

-Arrête, dis-je en me retournant vers elle. Tu sais que je n'ai rien fait, cela fait quinze fois que je te le répète.

Sincèrement, je détestais parler de cet aspect de ma vie. Même si Claire était ma meilleure amie. Je ne pouvais simplement pas me résoudre à en parler si ouvertement. J'avais même de la difficulté à m'avouer que la sexualité était tout-à-fait normale.

-Oh, ne fait pas ta rabat-joie, Adèle, marmonna Claire en marchant tout près de moi.

-Tu sais que je déteste parler de ça. N'en rajoute pas, c'est tout.

Elle soupira avant de sourire à Bethany, une hôtesse qui me dégoûtait de par son adoration des hommes mariées et des pères de famille.

-Mais quand même, Adèle. Tu as vingt-quatre ans. Tu en auras vingt-cinq en décembre. Et tu crois que c'est normal d'être aussi coincé avec ce sujet?

-Claire, arrête. S'il te plaît, dis-je en étant prête à m'en aller de sa compagnie, au moins pour la journée.

De toute façon, je devais bientôt me rendre à ma chambre pour me préparer.

Ce soir, c'était la soirée de recrutement. Je devais être prête. Polie, belle, calme et sûre de moi.

Il fallait absolument que je me trouve un poste comme Personelle.

Le salaire en jeu était trop tentant.

-D'accord, j'arrête, je te le promet...

-Merci, murmurais-je en regardant les nouveaux uniformes.

-Tout de même...

Je lançai un regard à Claire pour lui montrer que maintenant, c'était trop. Claire était superbement douce et gentille, mais c'était aussi une fille très, très insistante.

-Bon, moi, j'y vais. Je dois aller me préparer. La soirée commence dans deux heures et je veux être absolument prête à l'heure. À plus, dis-je en lui faisant un petit signe de la main.

Je soupirai en me dirigeant vers l'ascenseur. En arrivant dans ma chambre, j'allais prendre un long bain.

Les portes s'ouvrirent et j'y rentrai. Quelques secondes s'écoulèrent, lorsqu'une main arrêta les portes qui étaient en train de se refermer.

L'homme d'hier, celui de la voiture, venait tout juste de rentrer. Il portait un polo blanc et une paire de pantalon gris de golf. Ses cheveux, cette fois-ci, étaient attachés.

Décidément, il semblait aller au même étage que le mien, puisqu'il n'appuya sur aucun autre chiffre. Il se tenait complètement à l'autre bout et regardait son cellulaire, probablement le meilleur sur le marché.

Exorable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant