Libre.

490 39 2
                                    

Adèle.

Nous venions tout juste d'arriver à la maison.

J'étais couchée dans mon lit. Dans ma chambre. En Italie.

J'étais épuisée et j'avais les yeux cernés, mais je ne pouvais m'empêcher de regarder la télévision. On y diffusait la grande opération policière qu'il y avait eu, à Londres.

Pendant que la présentatrice parlait des événements, des images étaient diffusées. On y voyait la brigade des stupéfiants, marchant lentement vers la bâtisse de chambres.

Je sentais un un drôle de sentiments, dans mon estomac. Un jour, ça aurait pu m'arriver. J'aurais pu être en train de baiser un homme, pour ensuite avoir les menottes aux mains, quelques minutes plus tard.

Je tenais la télécommande fermement, les genoux remontés contre ma poitrine. J'étais bouche-bée en voyant l'immense patrouille qui s'apprêtaient à perquisitionner l'endroit et à faire sortir tout le monde.

-Sur les images, vous pouvez voir le chaos que l'opération à créer. Des dizaines de filles ont été trouvées, dans cet immeuble. Une centaine d'armes à feu. De la cocaïne, du speed et de l'amphétamine en quantité inimaginable. Décidément, cet endroit était un géant dans le monde du crime organisé. Sergent Ross, pouvez-vous nous parler un peu de ce qui s'est passé, aujourd'hui?

Je souris en le voyant. En mortaise, on voyait toujours les policiers qui sortaient maintenant avec toutes les personnes de la bâtisse.

Sergent Ross parlait du déroulement et du dénouement de l'affaire.

-Tony Gonzalez, Scott Turner et Jonathan ''Joe'' Hopkins sont les principaux membres du clan. Nous pensons que les filles n'étaient que des victimes. Elles auront une thérapie couverte par l'État et une réinsertion dans la vraie vie, grâce à une maison de repos, expliqua le Sergent.

-C'est fait? demanda Harry en entrant dans ma chambre.

Ses cheveux étaient humides et il portait un pantalon de jogging, gris foncé. Il était torse nu.

J'hochai lentement la tête, avant de soupirer en fermant l'écran de télévision. Je n'avais plus envie d'en entendre parler, maintenant que l'opération était commencée. J'étais finalement sortie de ce monde et c'était la seule chose qui m'importait.

Harry se coucha près de moi, se glissant sous les couvertures. Il sentait bon.

-Juliette dort? demandais-je en regardant ses yeux verts.

Il hocha la tête, murmurant qu'elle était sur le canapé de l'étage. Je lui souris, avant de soupirer.

-Est-ce que tu as des questions, Harry? Est-ce que tu es à l'aise avec tout ça? Tu peux m'en parler, si tu veux. Je te dirai tout ce que tu veux savoir, murmurais-je.

Disons que c'était un choc, aussi, pour Harry. Ce n'était pas une simple découverte.

Il fit une petite moue, regardant le vide.

-Pourquoi est-ce que tu y es retournée? demanda-t'il lentement.

Je soupirai, avant de lever les yeux pour le regarder.

-Parce que j'avais peur de tout. J'avais peur que tu me trouves ignoble, si Tony te disait mon passé. J'avais peur de tâcher ta réputation, de te faire honte. Et j'avais peur de devoir tout t'expliquer. De devoir t'avouer que je me suis... prostitué pendant un an et demi, répondis-je en le regardant. Et il y avait aussi l'histoire de mon père, dans tout ça. Il est malade. Très malade. Et je n'avais pas envie que Tony gâche la fin de sa vie en lui disant qui j'étais. J'étais perdue, je crois, dans ma tête.

Harry hocha la tête, me fixant toujours.

-Tu l'as vu, finalement?

-Je... Oui. Et je lui ai un peu menti. Enfin, je lui disais que j'avais quelqu'un dans ma vie. Quelqu'un de bien. Quelqu'un qui a réussi, dans la vie. Et.. plus je parlais de cette supposée personne, plus je me suis rendue compte que je te décrivais. Je lui ai même montré la photo du Portugal.

-Mais tu n'as pas menti, Adèle, sourit Harry.

Je fronçai les sourcils, le regardant.

-Je veux dire, tu n'as pas menti à ton père en lui disant que j'étais dans ta vie. Tu n'as pas menti à ton père en lui montrant la photo, murmura Harry en me regardant, des yeux pleins de sous-entendus. Tu n'as pas menti parce que je veux vraiment faire partie de ta vie, Adèle. Parce que je t'aime.

Je souris en voyant son regard. C'était étrange de penser qu'en effet, je n'avais pas dit des bobards à mon père. Qu'Harry était vraiment dans ma vie.

Il prit ma main dans la sienne, croisant ses doigts aux miens, avant de me dire de continuer.

-Et je lui ai dit que je ne pouvais pas avoir d'enfant. Je lui ai dit que j'étais hôtesse. Il m'a parlé de mes frères. Ils ont bien réussi, dans la vie, murmurais-je en regardant Harry.

C'était une des premières fois où je l'admirais vraiment. Où j'observais la façon dont sa mâchoire se contractait, la façon dont il souriait.

La forme de ses lèvres, les petits poils sur son menton. Ses yeux verts éclatants. Sa peau bronzée. Son torse musclé, mais pas trop. La forme de ses doigts. La grandeur de ses mains.

Je lui fis un petit sourire, avant de poser ma main contre son torse. Sa peau était chaude et il regarda l'endroit où ma main était posée, avant de replonger son regard dans mes yeux.

-Tu vois quoi, à partir de maintenant, Adèle? demanda Harry d'une voix rauque.

-Je veux me reposer, avouais-je en hochant la tête. Je sais que techniquement, je serais censée travailler, mais...

Harry me coupa, un sourire aux lèvres.

-Adèle... Tu sais que maintenant, tu n'es pas seulement mon employée? Je veux dire... J'ai assez pour nous faire vivre, tous les deux, sans que tu ne travailles. C'est certain que j'aimerais que tu continues à m'accompagner sur les vols, puisque je pense que c'est bon, pour toi. Ça te donne de la valeur, ça t'aider à réaliser que tu réussis dans la vie. Mais ne pense plus à ce contrat de merde ou au fait que je suis ton patron... On s'en contre-fou, maintenant. Si tu veux te reposer, tu te reposes.

Je le regardais, un petit sourire aux lèvres.

-D'accord, Harry, murmurais-je en me couchant, ma tête contre son torse.

***

Harry dormait encore. Le soleil était fort, dans ma chambre.

Je me levai de mon lit, remontant la couverture contre le torse nu d'Harry, avant de me rendre à mon bureau.

L'épais document était encore dessus. Je soupirai, avant de le prendre dans mes mains. Jetant un dernier coup d'oeil à toutes les photos, je me rendis dans le bureau d'Harry, pour prendre une grande enveloppe. Je glissai toutes les preuves dedans, avant de cacheter le tout. J'écrivis l'adresse du poste de police de Londres et pris une grande inspiration en regardant le paquet qui ne serait plus dans ma chambre.

Ce paquet pleins de secrets honteux, pleins de preuves perverses.

Enfin, tout ça était terminé. Je n'avais plus rien à faire dans ce milieu.

J'étais libre. Libre d'être moi, libre d'aimer, libre de ressentir.

Je n'avais plus à me cacher, plus à m'empêcher de ressentir des émotions.

Et maintenant, ma vie en Italie pouvait commencer.

***

Petit chapitre.

:)

L.xx

Exorable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant