Funérailles.

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Adèle.

L'ambiance était noire. Lourde.

Trop lourde.

Je passais mes journées dans mon lit, le regard fixé contre le mur ou le plafond. Harry travaillait le jour et lorsqu'il arrivait à la maison, le soir, il venait se coucher près de moi.

Simon m'avait rappelé, parce qu'il voulait savoir si je voulais participer dans les préparatifs des funérailles. Ma réponse avait été non. Je n'avais aucune envie d'aller à Londres plus longtemps que le temps des funérailles, ni de rencontrer le reste de ma famille.

Je ne voulais voir personne, mais je voulais voir mon père. Et je savais que la journée de demain serait des plus éprouvantes. Mes frères, mes tantes, mes cousins... On ne savait pas encore si ma mère serait là, mais j'espérais qu'elle ne le soit pas.

Tout ce qu'Harry avait fait n'avait pas apaiser mon mal de vivre. Je dis bien mon mal de vivre, car ce n'était pas qu'une simple tristesse, qu'un simple deuil.

C'était tout, à la fois.

C'était l'épuisement, les soirées mondaines et la honte.

C'était la perte de mon père, la solitude et les larmes.

J'étais faible, j'avais pensé à la bouteille de whisky, qui trônait dans le salon, mais je n'avais même pas eu la force de descendre.

Tina venait parfois me voir. Elle me servait de la soupe ou un café. Des biscuits, des gâteaux.

Harry s'efforçait de passer le plus de temps près de moi. Mais je savais que c'était compliqué, pour lui: les Oscars arrivaient à grand pas et le défilé aussi. Il était débordé.

J'avais annulé mon rendez-vous avec le psychologue, parce que je n'avais pas envie de parler. Et Harry n'avait rien dit, pour mon plus grand bonheur.

Il était en train de faire notre petit bagage, pour le séjour à Londres. Et je le regardais, assise dans le lit, les yeux remplis de larmes.

Je n'avais même plus la force de me cacher. Je pleurais silencieusement en le regardant déposer mon pyjama dans la valise noir. Il ne parlait pas, se contentant de choisir soigneusement nos vêtements et les produits dont nous avions besoin.

-Tu sais Adèle, je suis avec toi, d'accord? Et je sais que c'est difficile pour toi, en ce moment, mais...

Je ne l'écoutais pas vraiment. Et je me détestais de ne pas l'écouter, de juste... regarder le vide et de me fermer aux autres. Mais je n'arrivais pas à faire autrement.

***

Nous étions dans la voiture, devant le salon funéraire. Harry avait fermé le contact et attendait probablement un signe de ma part, pour pouvoir sortir de la voiture.

J'étais assise, toujours avec le regard plongé dans le vide.

Avec l'aide d'Harry, j'avais réussi à trouver un ensemble qui n'était pas trop criard, qui n'attirait pas l'attention. Une simple robe noir, des collants opaques, des bottillons de cuir et un manteau noir, qui m'arrivait au genou.

J'avais attaché mes cheveux en un chignon serré, comme avant. La seule touche de fantaisie que j'avais, c'était le bracelet qu'Harry m'avait offert. Et une paire de lunettes fumées, pour éviter les regards indiscrets.

-On peut y aller, murmurais-je en tremblant.

Harry sortit donc de la voiture, avant de venir me rejoindre, près de moi. Il noua nos bras ensembles et je me mis à marcher en fixant la porte d'entrée dorée.

Exorable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant