Mémoire.

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Adèle.

Nous étions finalement revenu à Venise, hier. Harry avait rapidement trouvé un pilote, pour le vol. Il ne savait pas encore si Sebastian, un homme français, serait le pilote officiel, mais je devais avouer qu'il était très professionnel.

J'avais passé la soirée à caresser Juliette et à la cajoler, lui donnant des morceaux de thon pour que mon absence d'une semaine passe mieux.

Avec du poisson, Juliette pouvait pardonner à n'importe qui.

Aujourd'hui, Harry était allé travailler à l'atelier. Il devait regarder les nouveaux choix publicitaires, pour les revues.

Pendant ce temps, j'avais aidé Tina à faire les récoltes, dans le jardin. J'étais allé voir Pétunia, j'avais lu un livre et j'étais sortie avec Juliette, la laissant marcher dans l'herbe.

Le mois d'octobre était déjà entamé de quelques jours, mais la température n'avait pas encore dégringolé. 

Je soupirai en m'éloignant de la fenêtre, avant de sourire à Tina, qui était en train de tricoter des petits chaussons pour Sofia. Il devait être vingt heures, mais Harry n'était toujours pas rentré. Je serrai ma veste contre moi, avant de m'asseoir sur la chaise, près du feu. Juliette grimpa sur mes genoux, se lovant contre mes cuisses. Elle émit un petit ronronnement, avant de s'endormir, tranquillement.

-J'aime le mois d'octobre. Les feux de foyer sont toujours plus beaux. Le temps est doux et les feuilles deviennent colorées, murmura Tina en souriant, apportant son café à sa bouche.

-C'est vrai que c'est un joli temps, avouais-je en souriant. Mais je préfère le mois de décembre. Et le printemps.

Tina sourit et hocha la tête.

-Harry adore le mois de décembre. Il ne le dit pas ouvertement, mais je le vois, dans ses yeux. Il est plus joyeux, plus... enfantin. Il faut absolument faire un arbre de Noël, faire un grand repas, être en famille. Il y tient. Ce sont ses petites traditions.

Je rigolai, essayant d'imaginer Harry dans ces conditions. C'est vrai qu'à première vue, il n'avait pas l'air d'un garçon qui adorait décorer les arbres de Noël. Mais plus je le connaissais, plus je découvrais une grande sensibilité, cachée en lui. Il aimait aider et écouter.

-Et c'est ma fête, en plus, en décembre. Le dix. Mon dieu, je viens de réaliser que j'aurai 25 ans, murmurais-je en faisant de grands yeux. 

J'aurai vingt-cinq ans.

Et je serais encore coincée dans cet ancien enfer. Est-ce que ce n'était pas un peu... pitoyable? D'avoir vingt-cinq ans, d'être célibataire, d'être effrayée de la vie?

Oui, ce l'était. Et peut-être qu'Harry avait raison. Il fallait que je change.

-On organisera un joli repas, pour toi. Je te concocterai ton goûter favori et je te ferai le meilleur des gâteaux, m'assura Tina.

Je me levai en souriant, lui annonçant que j'allais me reposer, dans ma chambre. Je laissai Juliette près de la chaleur du feu, avant de rentrer dans ma chambre à l'étage.

Je pinçai les lèvres en voyant mon lit, avant d'aller m'y coucher, sous les couvertures. Mon rideau n'était pas fermé et il laissait entrer la lueur de la lune. Je soupirai en regardant la fenêtre, avant de fermer les yeux.

Harry et Claire avaient raison. Je ne pouvais pas rester encore comme ça. Il fallait que je me bouge, que je prenne ma vie en main.

Je me sentais trembler, à l'idée de ce que j'allais faire. Ça non plus, je n'avais pas fait ça depuis l'épisode prostitution.

Exorable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant