Douleur. Lumière. Douleur. Je ne ressens plus rien à part une chose : cette foutue douleur. Je pensais qu'en mourant je ne ressentirais plus que de la joie, que du bonheur ou à la limite rien du tout. Mais je ne pensais pas à la douleur. Ou peut être ne suis-je pas morte ?J'ouvre mes yeux pour les refermer aussitôt. La lumière m'aveugle et me donne mal au crâne. Je recommence à sentir les différentes parties de mon corps. Mes jambes, mes bras, mes mains... Mais je n'arrive pas à les bouger, mon corps ne réagit plus. Je refais un essai, j'ouvre les yeux, plus doucement cette fois-ci. Mes yeux finissent par s'habituer à cette luminosité trop forte et je me rends compte que je fixe un néon. J'essaye de détourner la tête pour voir autre chose que cette lumière. Où suis-je? J'essaye de fouiller dans ma mémoire mais non, je ne reconnais pas cet endroit. Je suis allongée sur une banquette collée contre un mur de béton. Il n'y a pas de draps, juste un oreiller que je sens sous ma nuque. Il y a du béton partout. Les murs, le sol et même le plafond sont en béton. Il y a des barreaux...
Ca y est, je sais où je suis. En prison. Je suis chez l'ennemi. Et je me souviens de ce qui s'est passé. Les coups de feu, la jeune fille, moi qui m'écroule... Mais ce n'est pas elle qui a tiré. Si c'était elle je serais morte à coup sur. Elle était trop proche pour me rater et son arme était dirigée vers le sol, j'en suis sûre. Mais alors, que s'est-il passé? J'essaye de me redresser et au prix d'un effort surhumain, j'y arrive. Au premier coup d'œil j'ai l'air entière, je n'ai pas de blessure grave. J'ai mal à mon épaule gauche et à ma tête mais le reste à l'air d'aller bien.
-Enfin réveillée la marmotte.Je ne suis pas seule dans ma cellule. Il y a une fille avec moi, une noire. Je ne suis pas raciste mais c'est la première chose que je remarque chez elle. Elle a un demi-sourire, comme si elle ne savait pas s'il faut pleurer ou rire. Elle est assise dans un coin de la cellule, les genoux repliés contre elle. Elle est habillée d'une tunique affreuse, d'une couleur grise tellement triste...déprimante. Je me rends compte que j'ai la même tenue qu'elle. Je ne peux pas m'en empêcher, je me demande qui me l'a enfilée. Quelqu'un a du me déshabiller et je n'aime pas cette idée. Et cette couleur si terne... J'aurai préféré cet orange vif qu'on voit dans les films, ce n'est pas beaucoup plus beau mais au moins ça met un peu de couleur. Avec tout ce gris, je sens que je vais vite m'ennuyer.
-Tu parles où ils t'ont coupé les cordes vocales?
Au moins elle est délicate celle là !
-Bien sur que je parle ! Tu...J'ai dormi longtemps ?Je me demande combien de temps s'est écoulé. Depuis combien d'heures, de jours peut-être, suis-je enfermée ici ?
-Ca doit faire quelque chose comme une nuit et une journée. C'est pas comme s'ils m'avaient laissé garder ma montre ou si les gardes étaient très bavards ! Mais si je me réfère au nombre de repas que j'ai ingurgité, tu es arrivée un soir, après le souper, tu as dormi toute la nuit et une grosse partie de la journée. On n'a pas encore eu la petite pause, il ne doit pas encore être quatre heures.
Je me répète les informations qu'elle vient de me donner...à peine douze heures. C'est peu, ou du moins pas assez pour que mes parents se soient inquiétés. Ils ne sont sans doute même pas au courant que la mission a échouée. Ils pensent que je vais rentrer bientôt, en bonne santé. C'est comme ça à chaque fin de mission. Je rentre à la « maison », ou plutôt à la base, et je retrouve mes parents. Je les sers dans mes bras, leur raconte ce que j'ai vécu en retirant les détails les plus...choquants. Je leur dis que je vais bien. Je m'assure qu'ils vont bien aussi avant d'aller pleurer, seule, dans mon lit. Je pleure autant que je veux, toutes les larmes que j'ai dû cacher pendant la mission, pour ne pas avoir l'air faible. Je pleure pour les gens de mon équipe qui se sont fait tuer, pour ceux qui sont morts et pour tout ceux qu'ils ont tués.
-Et toi, tu es là depuis longtemps?
J'ai posé la question pour dire quelque chose, pour meubler la conversation. Sous ses airs un peu brutes, elle ne m'a pas l'air méchante. Et maintenant que je suis là, je vais sûrement y rester un moment alors autant créer des liens.
-Je suis une habituée des lieux.
Je sens l'ironie dans sa voix, être là lui fait autant plaisir qu'à moi.
-Ca fait sans doute un mois, peut-être deux. J'ai arrêté de compter au bout d'un moment. On finit tous par arrêter de compter...
Ce qu'elle me dit ne me rassure pas vraiment...Je ne me suis pas encore faite à l'idée de rester enfermée dans une cellule à longueur de journée. Je vais devenir folle !
-Tu m'as dit que tu te repérais dans le temps grâce aux repas c'est ça? Et tu as aussi parlé d'une pause ?
Il faut que j'en apprenne un peu sur cet endroit, je commence à me poser de plus en plus de questions et je n'ai qu'elle pour y répondre.
-On mange trois fois par jour, matin, midi et soir. Tu trouves peut-être que c'est normal, mais à ce que j'ai entendu, certaines prisons ne bénéficient pas d'autant de luxe ! On a également des pauses, pour se dégourdir les jambes, pour faire pipi et pour se débarbouiller. On a mangé le repas de midi il y a un moment, la pause ne devrait pas tarder à arrivée. On aura accès à une cour extérieure ou à un réfectoire. Et on pourra se laver un peu.
Toutes ces informations font beaucoup pour mon cerveau encore engourdi par le sommeil. J'essaye de réfléchir aux choses les plus importantes pour le moment : j'ai faim et j'ai une folle envie d'aller aux toilettes !
-Et pour aller aux toilettes, je demande, il faut d'office attendre la pause ?
Elle a un sourire en coin et je sens que ce qui suit ne va pas me plaire.
-Non, pas forcément. Si ça presse il y a un moyen d'y aller...
Je la regarde en attendant qu'elle continue ses explications, j'insiste :
-Comment ?
Elle me désigne de la main un seau dans un coin de la pièce. Il est gris, comme tout ce qui se trouve ici j'ai l'impression.
-Oh...
C'est tout ce que je trouve à dire. Je refuse de faire pipi dans un seau ! Surtout devant une fille dont je viens de faire la connaissance. Elle se met à rire bruyamment, avec éclat. On m'a souvent dit que j'avais un rire qui ne passait pas inaperçu, on m'a même dit que ma façon de rire était parfois plus drôle que la blague elle-même. Et je vois que cette fille est dans le même cas que moi. Je ne sais pas si elle se moque de moi mais je ne peux pas empêcher d'avoir un sourire en coin. Depuis combien de temps n'ai-je plus ri ? Avant, je ne passais pas une seule journée sans rire, sans sourire.
-Ca va, j'ai compris. J'attendrai.
Elle se met à rire de plus belle.
-Sage décision.
Je ne peux m'empêcher de rire avec elle. Je suis en prison et je ris avec une inconnue !
La vie est parfois très étrange.Voilà le chapitre 2 ! N'hésitez pas à commenter et à me donner votre avis. Et à aimer aussi !
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R. « Autre Monde »
Science FictionLe monde ne sera plus jamais ce qu'il a été. Les guerres l'ont détruit, remodelé, pour finalement le briser. L'amour, l'amitié, le bonheur, plus rien de tout cela n'a de réelle importance. Tout est survie. Si vous survivez, vous verrez. Plongez-vo...