Chapitre 15

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Un bruit affreux me tire de mon sommeil. Je cache ma tête sous mon oreiller de fortune fait d'un vieux pull. Quelle heure est-il ? J'ai l'impression d'avoir à peine dormi quelques minutes.

La trompette retentit à nouveau et quelqu'un m'arrache ma couverture.

-Debout la marmotte ! Vous n'êtes pas ici pour dormir !

Ma tête me fait mal et je n'ai qu'une envie : coller une claque à celui qui ose me déranger. Je m'extirpe de mon lit maladroitement et passe une main sur mon visage pour m'éclaircir les idées. Qui est le salaud qui a osé me réveiller ?

L'un des gardes qui m'a permis de m'évader de la prison se tient dans l'alcôve et fait subir à chaque novice le même traitement. Je remarque que la fille qui m'a aidé hier le fusille du regard et lui fait un doigt d'honneur.
Le garde ne la voit même pas et vient se placer au bord de l'alcôve, face à nous.

-Voilà comment ça va se passer. Je ne suis pas quelqu'un de méchant tant qu'on ne me cherche pas et suis certain que vous ne commettrez pas cette erreur. Je suis votre moniteur, avec Nikita que vous avez rencontré hier. Mon nom Victor. Nous nous chargerons de vous apprendre tout ce dont vous avez besoin. La vie ici ne sera pas rose et n'espérez pas faire la grasse matinée. Vous devez vous mettre en tête qu'à présent, vous avez deux guerres à gagner.

Ce n'est pas la personne la plus charismatique que je connaisse mais il a le mérite de se faire comprendre.

-Si vous restez droit dans vos bottes, vous n'aurez aucun problème ici. Si pas, nous nous chargerons de vous éliminer. Suis-je clair ?

Les novices se regardent entre eux. Je remarque que plusieurs sont apeurés.

-Je déteste me répéter, souvenez-vous en. Suis-je clair ?

Il crie en prononçant les derniers mots et cela nous réveille automatiquement.

-Oui monsieur !

Il semble satisfait de notre réponse et sourit presque.

-Bien. Nous pouvons donc...

-Passer au petit déjeuner !

L'arrivée de Nikita l'interrompt mais ça ne semble pas le déranger outre mesure. Elle prend la parole en s'adressant à Victor.

-Ne me dis pas que tu terrorises ces pauvres enfants ! Ils n'ont pas besoin de ça, je suis sûre qu'ils seront sages comme des images.

Ses paroles sont douces mais son expression me parait presque machiavélique. Soit je deviens parano, soit cette fille n'est pas aussi gentille qu'elle le prétend.
Vu le regard que lui lance la novice qui m'a aidé, elle semble d'accord avec moi.

Le sourire de Nikita s'accentue quand elle nous annonce que nous n'avons qu'à la suivre.
La grâce avec laquelle elle descend jusqu'à la terre ferme m'impressionne. Il faudra vraiment que je m'entraine à l'escalade si je veux survivre ici.

Les premiers novices, les plus téméraires, se lancent rapidement et atteignent le sol sans trop de difficultés. Quand arrive mon tour, je prie avant tout pour ne pas me tuer mais aussi pour ne pas me ridiculiser devant tous les autres. Je sais que nous ne sommes pas en compétition mais j'ai l'impression que certains d'entre nous se comportent ouvertement de manière hostile.

Alors que je m'apprête à entamer la descente, la novice qui m'a aidé, et dont j'aimerais vraiment connaitre le nom, me passe devant. Je prends tout d'abord ça pour un affront, puis je me rends compte qu'elle ne fait que me tracer un chemin. Je me contente de poser mes pieds là où elle a posé les siens, et je me retrouve en bas en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle me tend la main et je frappe dedans avec joie. Sans elle, je ne pense pas que je serais arrivée en bas en un seul morceau. Et je l'apprécie encore plus de ne pas avoir ouvertement montré aux autres qu'elle m'aidait.

R. « Autre Monde »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant