Chapitre 19

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Allongée sur son lit, je fixe le plafond à la recherche de réponses. Où peut-il bien être ? Serait-il sorti ? Reviendra-t-il bientôt ?

Personne n'a voulu répondre à mes multiples questions. Ça fait des jours que Jace n'est plus venu dormir ici, n'a plus donné signe de vie. Le départ des novices a été reculé, en attente du retour d'une patrouille qui était censée nous accompagner. J'ai même été jusqu'à questionner Tony pour savoir ce qu'il en était. Sa réponse n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais.

-Tu cherches Jace ? Tu ne serais pas en train de tomber amoureuse de ce crétin quand même ? 

Je ne peux pas m'empêcher de sourire.

-Non pas du tout. Je m'inquiète juste pour lui. Vous n'avez aucune idée d'où il peut être ?

Il se racle la gorge grossièrement avant de me répondre.

-S'il pouvait être mort, ça m'arrangerait...
Mais ne t'inquiète pas petite, il sera de retour mardi.

Je l'interroge :

-Mardi ? Pourquoi mardi ? On est déjà dimanche.

Il s'interrompt dans le nettoyage de son matériel.

-Alors comme ça, tu n'es pas au courant ? La mère de ce tocard est morte, il n'y a pas longtemps. Il reviendra pour l'enterrement.

Le choc m'empêche de répondre. J'étais tellement obnubilée par mon entraînement et ma découverte de l'autre monde, que j'avais complètement oublié la remarque de Nikita à notre arrivée.
« -Je suis sincèrement désolée. Mes condoléances. »
Comment ai-je pu oublier cela ?

Allongée sur le lit de Jace, je me rends compte que j'ai oublié un tas de choses depuis mon arrivée. Où sont passés Eloïse et Karl, son mentor ? Je n'ai plus revu ma compagne de cellule depuis si longtemps... A-t-elle seulement cherché à me retrouver ? Et Stan ? Stan, ce grand blond, extraverti, qui n'arrêtait pas de donner des surnoms à tout le monde. Où sont-ils tous passé ?

Un grand bruit dans le hangar me sort de ma torpeur. Je me rends compte que ce sont les exclamations de plusieurs dizaines de personnes. Je m'arrache à ma couche pour aller jeter un oeil. Et soudain, ils sont tous là. Devant moi, en chair et en os. Stan, Jace, Eloïse, Karl, ils sont accompagnés de plusieurs personnes que je n'ai jamais aperçues ici, en tenue grise.

Et là, je comprends. Ce sont les nouveaux novices. Ils ont infiltré une prison et libéré de nouvelles personnes pour nous remplacer, nous, les novices qui allons bientôt partir.

Étrangement, je ressens un pincement au coeur à l'idée de n'avoir été «qu'une de plus ». Étaient-ils vraiment mes amis ou se contentaient-ils de faire leur job ? Ces pensées me tourmentent lorsque Murder me rejoint.

-Je n'ai jamais compris pourquoi tu étais arrivée après nous, mauviette.

Je lui lance un coup d'oeil. Elle aussi observe l'arrivée des nouveaux.

-Je les ai menacé de leur crever les yeux s'ils ne me libéraient pas.

Murder est prise d'un fou rire et me lance :

-Je suis sûre qu'ils ont dû être terrifié. Mais tu sais ce que je pense vraiment ?

Je me retiens de rire moi aussi.

-Tu vas sans doute me le dire.

-Je pense que tu as fait ta mauviette et que tu as supplié Jace de te prendre avec lui en bavant sur ses abdos.

C'est à mon tour d'éclater de rire. Un rire libérateur et désinhibiteur.

-Ce n'est pas vraiment mon style.

R. « Autre Monde »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant