Chapitre 16

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Au bout de dix petites minutes, je suis déjà épuisée. Je n'ai jamais été très sportive, et même à l'armée il devait me forcer à courir chaque matin.

Je vois Murder faire plusieurs tours de salle pendant que je peine à avancer de quelques pas. Heureusement, je me sens mieux quand j'aperçois un garçon dans la même situation que moi. Il est plutôt enrobé et il est clair que, lui aussi, déteste le sport. Je me cale à son allure et essaye de l'encourager par quelques mots.

-Courage ! Ça ne devrait plus durer très longtemps.

Sa réponse ne se fait pas attendre :

-Va te faire foutre !

Un peu perturbée par cette réponse brutale, je m'empresse d'accélérer pour pouvoir le dépasser.

Victor nous fait signe de le rejoindre. Nikita est partie quand l'entrainement a commencé et c'est lui qui nous apprendra à nous battre. Je suis soulagée à cette idée car Nikita ne m'inspire pas confiance.

Nous nous réunissons tous autour de notre moniteur, certains plus fatigués que d'autres. Il nous regarde chacun à notre tour avant de prendre la parole. Murder se met à côté de moi. Elle parait à peine essoufflée.

-Que ceux qui sont fatigués par cet échauffement comprennent une chose : vous ne survivrez pas deux minutes chez les autres. Vous devez savoir que la plupart d'entre eux sont plus rapides que les meilleurs coureurs de notre planète. Alors si vous voulez vivre, arrangez-vous pour apprendre à courir, vite.

La sueur qui dégouline le long de mon dos me parait soudain glacée. À quoi peuvent bien ressembler ces « autres » contre qui on ne cesse de nous mettre en garde ? Victor enchaine sur un autre sujet, sans remarquer notre trouble à tous. Seul Murder ne semble pas effrayée.

-Commençons par choisir une arme pour chacun de vous !

Il se dirige vers une armoire remplie d'armes en tous genres. Il passe sa main dans ses cheveux et après réflexion, s'empare d'un arc à flèche presque aussi grand que lui.

Chacun à notre tour, nous essayons de tirer dans une cible située à une vingtaine de mètres de nous. Personne ne semble vraiment se démarquer, seuls quelques garçons parviennent à tirer correctement.
Quand arrive mon tour, mes mains sont moites et tremblantes. Comme je m'y attendais, je n'arrive pas à toucher la cible, même après plusieurs essais.

Murder passe après moi et se saisit de l'arc comme si elle avait fait ça toute sa vie. Elle se place en position de tir, les jambes légèrement écartées, le dos droit et la flèche à la hauteur des yeux.

On a tous été témoin de sa performance avec un fusil tout à l'heure, on s'attend tous à voir la flèche traverser le centre de la cible. Mais à notre grand étonnement, elle ne tire pas et rend l'arc à Victor, la flèche encore encochée.

-Il est trop grand pour moi. Je n'arriverai à rien avec une arme pareille. Il me faut quelque chose de petit et précis.

-Les revolvers n'existent pas dans l'autre monde, Murder.

Le coin des lèvres de cette dernière se relèvent en un rictus menaçant.

-Je ne demande pas ça. Je veux un arc plus petit, je suis sûre que vous avez ce genre de chose.

Victor la fixe quelques instants avant de lui tourner le dos et de se diriger vers l'armoire. Il revient avec un arc d'une taille plus raisonnable, allant de sa taille à son menton. Murder le remercie froidement et s'empare de l'arme avec dextérité.

Elle se tourne vers la cible et tire la première flèche presque immédiatement.

Sans surprise, la flèche atteint le centre de la cible du premier coup. Elle enchaine les flèches de plus en plus rapidement jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus une seule. Ses mouvements sont fluides et elle donne l'impression d'avoir fait ça toute sa vie.
Quand le carquois est vide, elle rend l'arc à Victor, un grand sourire aux lèvres. Elle n'est pas jolie, et on voit qu'elle ne cherche pas à l'être. Elle est incroyable.
Victor aussi sourit. Quand il fait ça, je ne peux pas m'empêcher de lui trouver une certaine ressemblance avec Jace. Mais je divague sans doute.

-Je vois que tu as trouvé ton arme ! Je te propose de t'entrainer pendant que les autres cherchent la leur.

-Bien.

Elle s'éloigne pour aller chercher ses flèches dans la cible.

Le garçon enrobé de toute à l'heure, qui jusqu'à maintenant était passé plutôt inaperçu, arrache l'arc des mains de Victor. Il sort une flèche de derrière son dos et tire en direction de Murder.

-Non !

Je ne me rend pas compte que c'est moi qui ai crié et me jette sur la flèche, cherchant à l'arrêter. Ce n'est qu'après que l'adrénaline soit partie, que la douleur se propage dans mon corps. Mon épaule brûle et je ne peux empêcher mes yeux de pleurer. Quand j'aperçois le sang sur mon haut, je sens mes dernières forces me quitter et je m'effondre sur le sol.

La dernière chose que j'aperçois, c'est Murder entrain de frapper ce garçon dont je ne connais même pas le nom, et Victor qui se précipite sur moi.

***

Je reviens rapidement à moi et vois que je suis toujours dans la salle d'entrainement. J'ai quelque chose de plutôt mou sous la nuque et cette position pourrait presque être confortable, si ces affreux néons ne me brûlaient pas les yeux.

-Elle revient à elle.

Je reconnais la voix de Murder et me rend compte que j'ai en fait la tête posée sur ses cuisses. Je rougis à l'idée d'être si proche d'elle. Pourquoi me met-elle si mal à l'aise ?

-Ça risque de piquer.

Jace ? Que fait-il ici ?
La douleur me fait gémir quand on retire la flèche et qu'on désinfecte ma plaie.

-Chut. C'est bientôt fini.

Murder me caresse les cheveux et je me concentre sur cette sensation pour oublier ma douleur.

Elle me fait un pansement et m'aide à me relever. Après avoir réussi à maitriser mes nausées, je tourne la tête en quête de Jace. Pourtant il n'y a que Victor dans la pièce. J'ai sans doute dû divaguer.
Murder me tient par mon bras valide pour être sûre que je ne m'écroule pas à nouveau.

-La prochaine fois que tu me sauves la vie, mauviette, je te tue.

Je sourie à ses menaces.

-Un simple « merci » aurait été amplement suffisant. De rien.

Elle secoue la tête et m'accompagne vers les dortoirs. Victor me propose de dormir dans une chambre en bas, en attendant que mon bras soit remis. Il m'accompagne jusqu'à une petite alcôve plutôt sombre, située dans un coin du bâtiment, comme le dortoir des novices.

-Repose-toi bien. Demain, l'entraînement continue.

Il doit voir l'incrédulité sur mon visage car il ajoute :

-On n'a pas le temps d'attendre que tu guérisses. Le temps nous est compté. Tu n'auras qu'à te servir de tes jambes.

J'acquiesce et il s'éloigne en me souhaitant bonne nuit.

Je rentre dans l'alcôve et me dirige vers le seul lit que j'aperçois. À peine ma tête a-t-elle touchée l'oreiller que je m'endors profondément.

J'espère que ce chapitre vous plaira ! N'hésitez pas à commenter et à mettre une petite étoile !

R. « Autre Monde »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant