Chapitre 24

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Je rêve de créatures étranges, plus ridicules les unes que les autres. Puis je repense à la photo que Jace m'a donnée, cette photo qui cogne à chaque pas contre ma poitrine. C'est elle qui me donne le courage d'avancer quand je pense que je n'en ai plus la force. Je veux découvrir ce monde, le comprendre, lui et ses mystères.

Lorsque le soleil commence à descendre sur l'horizon, se rapprochant du bout de la terre, Nikita donne le signal pour monter le camp. Dans la forêt, il nous est presque impossible d'ouvrir nos tentes. Nous nous mettons donc à la recherche d'une clairière qui ferait l'affaire. Au bout d'une heure, à bout de force, un premier novice s'emporte, assurant qu'il est ridicule de chercher quelque chose qui n'existe sûrement pas. Nikita lui répond, du venin dans la voix.

-Si tu n'es pas capable de nous dégoter un endroit où dormir, je propose de te tuer tout de suite. Ça t'évitera des souffrances inutiles.

Le novice baisse la tête, comprenant qu'il ne sert à rien de chercher les ennuis avec elle.
Les recherches reprennent, et alors que le soleil est sur le point de se coucher, nous dégottons enfin une petite prairie en friche au milieu de tous ces arbres. Le montage des tentes ne met que quelques dizaines de minutes et les novices, après avoir mangé, partent se coucher avec gratitude.

Alors que je me dirige vers la tente que je partage avec deux autres filles, Victor m'interpelle.

-Où crois-tu aller comme ça ?

-Dormir, dis-je hésitante.

Il a un sourire de dépit, mi-triste mi-cruel.

-Hors de question, ta journée n'est pas finie, on a encore du boulot.

Résignée, je m'approche de lui, les épaules voutées.

-Par quoi on commence ?

Il se redresse.

-Trouve un bâton.
Je prends d'abord ça pour une plaisanterie.

-Tu veux que je trouve un bâton...dans une forêt ?

Il acquiesce.
Je m'éloigne, les yeux baissés, à la recherche d'une branche acceptable.
Après quelques minutes de recherche, je reviens au camp avec mon semblant de bâton dans les mains. J'ai à peine osé m'éloigner, de peur de me perdre dans cet endroit inconnu.

-Tu rigoles ? C'est à peine une brindille.

Il croise les bras et, expirant bruyamment, je reprends mes recherches.
Je m'avance un peu plus en avant dans la forêt cette fois-ci. Les ténèbres sont effrayantes et en même temps, d'un certain côté, je les trouve rassurantes. Je ne vois personne, mais personne ne me voit.

Un bruit de feuilles écrasées attire mon attention. Aux aguets, j'attends quelques secondes et prie silencieusement pour que ça ne soit qu'un petit animal que j'ai effrayé. Mon coeur bat fort dans ma poitrine, je le sens qui frappe contre mes côtes. Je reprends mes recherches, gardant mes sens à l'affût.

Au bout de plusieurs minutes, j'en viens à conclure que ce n'était que le fruit de mon imagination, ou un écureuil que j'aurais effrayé.

Je me penche pour ramasser un bâton plus épais que le précédant, lorsque je reçois un violent coup dans le bas du dos. Mon premier réflexe, après m'être écroulée au sol, est de me retourner pour tenter d'apercevoir mon agresseur.
Grossière erreur.
Je reçois un coup de pied dans la mâchoire, si fort que je manque de tourner de l'oeil. Je sens du sang couler de mes lèvres qui sont maintenant ouvertes. Je tente de ramper loin de l'homme qui m'attaque. Je m'apprête à hurler lorsque sa main se pose sur ma bouche, provoquant une vive douleur dans ma mâchoire endolorie.

R. « Autre Monde »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant