Chapitre 20

31 4 4
                                    

Assise au bord du lit de Jace, j'attends qu'il prenne la parole. Je ne veux pas le brusquer, de peur qu'il se ferme à moi et refuse de m'en apprendre plus sur lui.

-Donc, tu sais pour la mort de ma mère.

J'acquiesce d'un signe de tête et il se pince l'arrête du nez, réfléchissant à ce qu'il peut, et veut, me dire.

-Tu as toujours le collier que je t'ai confié ?

Je sors la chaine en or et le camé de sous mon pull. Il a un mouvement de recul quand je veux les lui tendre.

-Garde-le. C'est mieux ainsi.

-Ce sont tes parents ?

J'ouvre le camé pour observer les personnes sur les photos. La femme est toujours aussi belle et l'homme regarde vers le bas, timide ou mal à l'aise.

-Oui. Mon père et ma mère.

-Ta maman était très belle. Je suis désolée.

Il me jette un regard suspicieux, comme s'il ne me croyait pas.

-Range ça, tu veux ?

Je remets le collier autour de mon cou et il semble se détendre.

-Tu dois te poser des milliers de questions sur moi, si quelqu'un ne t'a pas déjà dit la vérité et que tu n'es pas ici par curiosité malsaine. Je vais essayer de ne pas tourner autour du pot et toi, essaye de ne pas m'interrompre.

Je croise mes jambes sur son lit et le regarde, dans l'attente de la suite. Il se met à arpenter la pièce et commence son récit.

-Quand ma mère est arrivée ici, on l'a immédiatement mise en garde, comme chaque novice, contre les autres et leur monde étrange. Elle avait déjà eu Victor à l'époque mais son mari était mort à cause d'un cancer. Un beau matin, elle a été envoyée dans Miasterrae. La mission qu'on lui avait fixé a mal tournée, elle a été prise en otage.

Il me fixe dans les yeux :

-Personne n'a cherché à la récupérer. C'est ça, la politique de cet endroit. Elle a été considérée comme morte pendant des semaines. Jusqu'au jour où elle est revenue ici, pour son fils, pour Victor.

Il tremble mais continue son histoire.

-Elle était enceinte. De moi. Ils l'ont immédiatement emprisonnée, dans l'attente de son accouchement. Ils voulaient qu'elle accouche d'un monstre pour pouvoir l'étudier.

Il donne un coup de pied dans le mur, bouillonnant de rage.

-Ils voulaient que je sois un monstre ! Ma mère était traitée de « salope aux monstres ». On racontait des histoires horribles, dans lesquelles elle était violée par des dizaines de monstres, plus hideux les uns que les autres.

Ses yeux luisent de larmes qu'il essaye de retenir.

-Ils l'ont rendue folle. Elle s'arrachait les cheveux en hurlant qu'elle les voyait la torturer dans ses rêves, et l'instant d'après, elle me caressait la tête en me disant que tout ça n'était que mensonge, que mon père était quelqu'un de merveilleux.

Une larme glisse sur sa joue, qu'il essuie rageusement.

-Je n'ai jamais réussi à savoir la vérité. Ma mère l'emportera dans sa tombe et je serais toujours le « bâtard de la salope aux monstres ».

Il a un sourire triste.

-Le seul côté positif est que j'ai gâché tous leurs espoirs en naissant humain. Ils n'ont pas pu m'étudier.

R. « Autre Monde »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant