L'attente, toujours l'attente. J'attends quoi d'ailleurs ? Parfois ça me plait de m'imaginer que, d'un coup, je vais entendre une énorme explosion. Que mon père va arriver devant ma cellule, les clés à la main, me disant qu'il est venu me sortir de là. Mais je sais que ça n'arrivera pas. Pour des raisons logiques tout d'abord. Mes parents doivent avoir été mis au courant de l'échec de notre expédition. Peut-être qu'ils me pensent morte. S'ils me pensent morte, leur vie continue. S'ils savent que je suis en vie, entre ces quatre murs, ils savent aussi qu'ils ne peuvent rien faire pour moi, à part espérer. Et puis il y a l'autre raison, celle qui dit que quand tu penses très fort à quelque chose, que tu imagines tout les détails d'un moment, celui-ci se passera obligatoirement différemment. Ou alors vous êtes devin et vous devriez faire payer vos services.
Je m'ennuie dans cette cellule trop petite et trop grande à la fois. Je voudrais qu'elle soit plus grande... Enfaite non, je voudrais être libre. Mais j'aimerais qu'elle soit plus petite aussi. Quand je regarde autour de moi, je ne vois que du vide. Toujours du vide.
-Et si on se parlait ?
C'est la black qui vient de me demander ça. On ne s'est pas vraiment beaucoup parlé pour le moment, à part à mon réveil et quand elle m'a expliqué où se trouvait les toilettes à la pause.
-Pourquoi pas ? Commençons par le commencement. C'est quoi ton nom?
Elle se redresse un peu sur la banquette. Vu qu'il n'y a qu'une seule banquette dans la cellule, on se la partage. Je suis assise contre le mur et j'ai mal au dos et aux fesses à trop rester dans cette position.
-Eloïse, et toi ?
Eloïse... Ca lui va plutôt bien. J'avais une amie qui s'appelait Eloïse avant... Mais bon c'était avant.
-Joli nom. Moi c'est Judith mais on m'appelle Jude.
-Jude ?
Elle me regarde, étonnée.
-Jude... C'est spécial.
Je vois à sa tête que mon surnom ne lui plaît pas. Personnellement je l'aime bien, personne ne m'appelle Judith. Ca fait vieux et mes amis ont toujours eu l'habitude de m'appeler Jude.
-Merci de t'être retenue de dire que c'est moche.
Elle me regarde, inquiète de m'avoir vexée, mais voit mon sourire. Je me fiche de ce qu'elle pense de mon nom, je ne vais pas me prendre la tête avec une fille que je vois 24 heures sur 24.
-Désolée, mais tu as un joli prénom.
Je ne sais plus quoi dire et elle non plus ,vu qu'elle se tait. Elle sait mon nom, je sais le sien. Poser plus de questions ça serait s'aventurer en terrain inconnu, montrer qu'on s'intéresse à l'autre ou même risquer de s'attacher l'une à l'autre. Quand les gens que vous aimez risquent la mort chaque jour, vous réfléchissez à deux fois avant de vous attacher à quelqu'un. Et pourtant... Je suis en prison, je vais sûrement finir par mourir d'ennui ici. Alors pourquoi pas ?
-Comment tu as atterri ici ?
Voilà, j'ai posé la question. Libre à elle de répondre ou de décider que notre « prise de contact » s'arrête la.
Pourtant elle me répond, je crois même qu'elle est soulagée que je lui ai posé la question.-J'ai raté l'avion.
Dire que sa réponse me surprend est un euphémisme ! Elle a raté l'avion ? C'est une blague ? Pourtant elle n'a pas l'air de plaisanter.
-J'adore ta tête, je suppose que tu veux que je t'explique.
Elle rigole et je m'autorise à lui sourire en acquiesçant, j'ai besoin d'une explication.
-Bon, si tu veux comprendre je vais commencer par te raconter un bout de ma vie d'avant.
Je me fige, dans l'attente de ce qui va suivre. Je n'aime pas parler de la vie d'avant, vivre dans le passé ne fait avancer personne.
-Tout d'abord il faut que tu saches que mon père était un fervent adepte de l'avion. Il ne pilotait pas de grands avions mais il aimait les ballades dans le ciel, il a toujours adoré ça. Donc moi, toute jeune fille que j'étais, mon papa a tenu à m'apprendre à piloter. Je ne serais jamais aussi douée que lui mais on va dire que je me débrouille. Alors quand la guerre a commencée, j'ai été recrutée. Oh je ne pilotais pas les avions, mais je savais vérifier le niveau de carburant. Un jour, la base a été attaquée... On a tous voulu fuir mais il n'y avait ni assez de voiture, ni assez d'avion pour tout le monde. J'ai eu beaucoup de chance de ne pas être tuée.
Je vois ses yeux briller quand elle prononce cette dernière phrase et je me dis qu'il devait sans doute y avoir beaucoup de gens qu'elle connaissait lors de cette attaque. Peut-être que son père était présent et qu'il est mort. Décidément, faire connaissance devient de plus en plus périlleux.
-Il y a eu beaucoup de morts...Des gens que je connaissais parfois à peine, et des gens que j'aimais.
Je vois à ses yeux qu'elle voudrait pleurer, sans doute qu'elle le ferait si je n'étais pas là. Mais voilà, je suis là, et elle ne me fait pas confiance. Nous sommes encore des étrangères l'une pour l'autre. Pleurer devant moi serait montrer qu'elle est faible. Je la comprends.
-Je te dirais bien que je suis désolée, mais ça ne ferait aucune différence et ce n'est pas ce que tu veux entendre.
Elle me sourit. D'un sourire triste, faible, lourd d'histoire qu'elle ne m'a pas racontée. Elle tapote la place à côté d'elle sûr la banquette.
-Viens donc là et raconte-moi ta vie.
Je ris en m'asseyant prés d'elle. J'hésite encore, devrais-je lui faire confiance ? Elle m'a confié un bout de son histoire...
-En gros, j'ai refusé de tuer, j'ai failli mourir et j'ai fini en prison.
Elle ricane, je n'ai pourtant rien dit de drôle.
-Tu sais que tu pourrais être un peu plus précise sans en perdre une main pour autant.
Je recommence mon histoire, depuis le début de la mission en essayant d'être le plus précise possible. Je ne lui parle pas de mes parents, pas encore. Elle se met à bailler bruyamment.
-Bon moi je vais profiter du fait que c'est mon tour de banquette pour faire un petit somme.
Je me lève et retourne m'assoir à ma place. Elle s'allonge et très vite j'entends sa respiration qui se ralentit. Je suis impressionné par cette rapidité à s'endormir, surtout avec quelqu'un dans son dos. Je retourne en boucle son histoire dans ma tête et fini par m'assoupir aussi.
Voilà, j'espère que ce troisième chapitre vous aura plu. L'action se met en place, vous inquiétez pas ça va devenir cool ;) N'hésitez pas à me dire s'il reste des fautes et à me donner vos avis !
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R. « Autre Monde »
Science FictionLe monde ne sera plus jamais ce qu'il a été. Les guerres l'ont détruit, remodelé, pour finalement le briser. L'amour, l'amitié, le bonheur, plus rien de tout cela n'a de réelle importance. Tout est survie. Si vous survivez, vous verrez. Plongez-vo...