Jusqu'à ce que la neige cesse de tomber

4.2 *°* Amy

Trois jours se sont écoulés depuis la catastrophe de l'épicerie. Trois jours que mon corps se fond avec mon matelas, comme si nous ne faisons plus qu'un. Je suis passé par une phase de léthargie à me réveiller, pour ensuite appuyer frénétiquement sur le bouton de morphine et me rendormir promptement. Je ne veux pas voir mes parents, ni Dustin. Je veux simplement dormir d'un sommeil profond sans songes.

Ne plus penser, ne plus rien ressentir, oublier.

Oublier que j'ai détruit la vie de Liam.

Oublier que j'ai brisé une famille.

Oublier ma misérable existence.

Mais cet idiot d'interne a jugé bon de cesser les doses de morphines, sous prétexte qu'une certaine dépense était en train de naitre en moi. Que peut-il donc savoir sur ce qu'il se déroule en moi ? Il n'est pas moi, personne ne l'est. Qui voudrait avoir ma vie ? Mon existence n'est qu'une désillusion. Je n'ai apparemment pas le droit d'être heureuse, même alors que je suis plus proche de la mort que jamais. Après tout c'est ce que je mérite, Liam s'est envolé et moi je suis dans mon lit à maudire le ciel pour ne pas avoir eu une adolescence normale. Je suis un être égoïste, venimeux et perfide, je hais la personne que je suis devenue. Ce n'est pas de ce genre de fille dont Jason est tombé amoureux. Je suis contente qu'il ne soit plus là, au moins il ne voit pas le déchet que je suis sans lui à mes côtés.

Il faut que je m'extirpe de ces quatre murs, avant de finir par laisser la folie me corrompre. J'ai l'impression que les ténèbres se lovent dans cette chambre, pénétrant chaque jour un peu plus mon être et noircissant mon âme. Je suis sur le point de craquer de nouveau, de laisser ce cri hystérique qui couve en moi rugir de nouveau. Mon état mental en dépend.

Je me redresse et saisis mon iPhone sur la table chevet. Je fais défiler mes minces contacts jusqu'à Dustin et de mes doigts fébriles je tape ces quelques mots :

Moi : J'ai besoin de toi.

Instantanément sa réponse apparait sous mes yeux.

Dustin : J'arrive !

Dustin comme d'habitude n'a pas menti, une demi-heure plus tard il est allongé à mes côtés me serrant dans ses bras. Son pouce faisant des petits cercles tendres sur le dos de ma main et comme à chaque fois mes angoisses s'apaisent. Sans mon ami il y a longtemps que j'aurai sombré. Malgré cette incroyable amitié qui nous lie, nous n'abordons que rarement nos sentiments l'un envers l'autre. Peut-être parce-que nous nous connaissons si bien depuis tant de temps, que les mots sont souvent superflus. Mais je me rends compte que je prends Dustin pour acquis et que ces dernières semaines nous avaient éloigné l'un de l'autre. J'ignore comment se déroule sa vie universitaire, ses examens de fin d'année, s'il s'est fait des nouveaux amis ou encore, si une fille est enfin parvenue à conquérir son cœur.

Je relève alors la tête pour attirer son regard, il m'adresse un de ses charmants sourires dont il a le secret.

─ Ça fait un moment que tu ne me parles plus de fille, dis-je. Tu ne me cacherais quand même pas une petite blonde ?

─ Il n'y a rien à cacher, je n'ai pas le temps ni l'envie pour ça.

Je ne peux m'empêcher de culpabiliser de nouveau. Les histoires de Dustin n'ont jamais duré bien longtemps, il ne me l'avouait pas mais je sais que j'en suis la cause. Il laissait toujours tout en plan dès que je l'appelais, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Une fois une certaine Olivia est venue me rendre visite ici. C'était une petite blonde aux grands yeux marrons, vraiment mignonne. Elle s'était soudainement mise à pleurer, en insinuant qu'elle avait posé un ultimatum à Dustin. Elle lui avait demandé de choisir entre elle ou moi. Dustin lui avait alors dis que si elle ne pouvait pas accepter notre relation, ils n'avaient plus rien à faire ensemble. Elle m'avait craché au visage des paroles qui me blaisaient encore aujourd'hui en y repensant. « Votre histoire est malsaine. Tu es un poison pour lui et Dustin ne sera jamais heureux tant que tu seras là. » Je n'ai jamais parlé à mon ami de cette entrevue et je n'en voulais pas à cette fille, elle avait raison. Je ne l'ai compris que plus tard, lorsque Jason m'avait fait remarquer que notre amitié pouvait être déroutante et envahissante. Avant cela je ne l'avais jamais réalisé, après tout il n'y avait toujours eu que Dustin et Amy.

─ Tu devrais aller voir Liam, s'exclame Dustin me faisant sortir de mes pensées.

─ Non je ne peux pas, dis-je fermement.

─ Et pourquoi ? Je sais que cette histoire te ronge. Je te connais Amy, tu te culpabilises alors qu'il n'y a pas lieu. Vous vous trouviez au mauvais endroit au mauvais moment. Il faut que tu te pardonnes, que tu aies la chance de lui dire au revoir.

─ Je ne peux pas rencontrer sa famille, je n'ai pas le droit de leur demander leur pardon.

─ Et si je te promets que tu ne les rencontreras pas ?

─ Pas aujourd'hui, je ne suis pas prête.

─ Demain ce sera peut-être trop tard, dit-il le visage livide.

─ Que veux-tu dire ? m'exclamé-je soucieuse.

Il se dégage de notre étreinte pour se mettre debout, puis il se dirige vers la fenêtre une main dans la poche de son jean l'autre se frottant la nuque. Je cesse de respirer trop anxieuse, jusqu'à ce qu'il me lâche enfin :

─ Sa famille a décidé de le débrancher. Ça devrait se produire dans les jours qui viennent.

*

Partie chapitre un peu courte et peut-être un peu barbante. Mais je voulais vraiment que l'on comprenne les sentiments par lesquels passe Amy et le côté Ange/Démon (si l'on peut dire) qui réside en elle. Elle n'est pas parfaite et elle le sait. De plus je voulais bien montrer la relation Amy/Dustin qui les empêchent parfois d'avancer.

J'espère que mon histoire vous plait, car par la suite je vous réserve beaucoup de surprise. N'hésitez pas à commenter pour me dire ce qui vous plait où vous déplaît. Cela m'aiderait dans l'écriture.

Merci. Sandy P.