23.2 *°* Danny

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─ Je te donne l'argent demain, insisté-je.

─ Ah oui ! Et tu vas le trouver où tout ce fric ?

─ Il va aller pleurer vers papa et maman ! rigole la girafe.

─ Mais ouais c'est vrai que tu es débarrassé de ton frangin, crache Frank. Tes parents doivent être aux petits oignons pour toi maintenant. Tu veux que je te dise, les fils uniques de bonne famille moi ça me fait gerber. T'as qu'à te foutre une balle dans le crâne pour retrouver ton connard de frère ça sera plus rapide. Mais avant n'oublie pas de me rendre mon fric tu seras gentil !

Même si je manque de m'écrouler à chaque seconde, les paroles qu'il vient de prononcer sont comme des coups de canifs sur ma peau et la douleur est à vif. Je ne peux pas rester à le laisser déblatérer ses infamies sur Liam. Jusque-là je suis parvenu à me contrôler, mais ma colère est plus forte que la voix dans ma tête qui me supplie de faire demi-tour.

Sans prévenir je lui rendre dedans de toutes mes forces, ne s'y attendant pas Frank bascule sous mon poids. A cheval sur lui, je m'empresse de lui fracasser le visage par une pluie de coup de poing. Du sang jaillit de sa bouche et de son nez. Je prends une seconde pour secouer mes mains pour atténuer l'élancement dans mes phalanges. J'ai une telle adrénaline que cela ne me suffit pas, je veux qu'il regrette ses mots, je veux qu'il me supplice d'arrêter. Soudain je me sens décollé dans l'étau des bras de Jeff et l'instant d'après il me balance quelques mètres plus loin. Ma tête heurte violemment les pavés enneigés. Ma vue se trouble et mes yeux sont embués de larmes à cause de la douleur assourdissante. Je retire mon bonnet et me frotte le haut du crâne une bosse poisseuse est apparu, je jette un coup d'œil à mes doigts parés de rouge. La bille me brûler l'œsophage.

Franck se relève seulement, il presse son nez dans ses mains, du sang s'écoule aussi entre ses doigts.

─ Il m'a pété le nez l'enfoiré ! hurle-t-il rageusement.

─ Mon pauvre Franky, dis-je en étendant les jambes tout en m'adossant à une poubelle. Tu dis que je te fais pitié, mais tu ne vaux pas mieux que moi. J'ai peut-être une vie pourrie, mais pour rien au monde je voudrais être comme toi !

─ Ecrase Parker !

─ Je ne te ferai pas ce plaisir.

─ Bon les gars, si on se calmait maintenant, se mêle Ethan.

Le blond me tend la main pour m'aider à me relever. J'attrape son bras encore un peu chancelant, il me presse l'épaule chaleureusement et me lance un regard inquiet. J'hoche la tête pour lui signaler que ça va aller. Ses yeux naviguent instantanément entre moi et l'espace à notre gauche, me faisant comprendre que c'est ma seule échappatoire.

─ Tu nous fais chier Ethan, aboie Jeff. Va plutôt faire joujou avec ta guitare !

Je profite que l'attention des deux molosses soit reportée sur mon ami pour me mettre à courir.

─ Reviens ici Parker, j'ai pas fini avec toi ! beugle le balafré.

Je ne prends pas la peine de me retourner, je sais aux pas qui craques dans la poudreuse qu'ils sont derrière moi. Affaiblit, les jambes en coton, je finis par être rattrapé dans une impasse sinistre. Jeff me plaque de nouveau au sol. A ce moment-là je sais déjà ce qui va advenir de moi. La seule chose que j'ignore, c'est si ma dernière heure a sonné. Les coups de pieds commencent à tomber, aussi bien en plein visage que dans l'abdomen. J'encaisse les dérouillées jusqu'à ne plus le supporter et des cris de torture jaillisses de ma gorge.

─ T'as voulu jouer au con avec moi, jubile Frank. Mais qui de nous deux est dans la merde maintenant !

─ Prends ça dans ta sale tronche, rigole le rouquin.

Mes tympans bourdonnent et je sens uniquement la douleur qui meurtrit chaque parcelle de mon corps. Du sang chaud s'écoule de mon arcade ainsi que de mes lèvres, se mélangeant aux flocons de neige. Puis un craquement résonne dans mon flan gauche, le son une côte qui se brisant. J'hurle en toussant et crache du sang. Je n'en peux plus, je veux que tout ça s'arrête !

La voix d'Ethan a tonne exauçant ma prière :

─ C'est bon les gars il a compris. Maintenant on dégage avant que les flics se ramènent !

─ Ouais t'as raison, il ne nous manquerait plus que ce petit con nous les colle au cul ! Arrête Jeff on se casse !

─ Un dernier pour la route.

Le coup est asséné sur mon entrejambe, je roule dans la neige. Mais la seconde d'après je regrette tant mes côtes me brûles. Je relève légèrement la tête pour cracher le sang qui m'inonde la bouche, j'ai le temps de voir Frank et Jeff s'éloigner. Ethan s'accroupit à côté mes côtés et bredouille :

─ Je suis vraiment désolé Danny, je ne voulais pas que ça se passe ainsi.

Avec difficulté je parviens à articuler :

─ Pourquoi traines-tu encore avec ces types ?

─ Tu ne peux pas comprendre, je dois tout à Frank. Il est ma seule famille, s'il ne m'avait pas pris sous son aile je serais surement toujours à la rue. Pire encore mon cadavre croupirait dans le fleuve comme pas mal de portés disparus.

─ Peut-être mais tu vaux mieux que ça !

─ Et toi regarde où ça t'a mené la drogue ! Tu te fous en l'air alors que toi tu as la chance d'avoir des parents qui t'aiment. Peut-être que tu penses que ta vie est finie depuis que ton frère a disparu, mais détrompes-toi ! Tu infliges la même douleur à ceux qui tiennent à toi.

─ Putain Ethan qu'est-ce que tu fous ? hurle le balafré. Laisse-le !

─ J'arrive !

Le blond me fait face à nouveau et il ajoute :

─ Je n'ai pas le choix je dois les suivre, sinon ils sont capables de te mettre une balle dans la tête. Mais je vais revenir te chercher, je te le promets. Il faut que tu tiennes le coup jusque-là.

Je cligne des paupières à plusieurs reprises, incapable de bouger autre chose. Ethan retire son écharpe pour me la glisser sous la tête, là ou du sang continue de couler. Je le vois également enlever son manteau et m'encouvrir. Il passe la capuche de son sweat sur son bonnet et remonte safermeture Éclair jusqu'au-dessus.

─ Tu as jeté l'éponge Danny ! Réveille-toiavant qu'il ne soit trop tard ! Crois-en mon expérience, tu mérites bien mieuxque ce que tu t'infliges. Ton frère ne reviendra pas, fais ton deuil et avance.

 

Sûr ce, il se lève et s'éloigne en courant.

Le froid s'est associé à la douleur pour m'anéantir. De mon œil intact j'observe les flocons virevolter dans la nuit sombre, jusqu'à ce que je les sente venir caresser mes lèvres tuméfiées. Le temps passe et le froid me brûle la peau. J'ai beau lutter pour ne pas m'endormir, je finis par abandonner alors que la neige continue de tomber ...


*

En ce dimanche très froid voici la fin du chapitre. Oui, oui je sais je suis sadique de couper l'action en laissant Danny dans cette situation. Mais bon ce n'est pas comme si vous y étiez habitués depuis le temps.

En tout cas j'espère que cela vous aura plus. Pour le chapitre 24, c'est le grand retour de Liam, je sais qu'il se faisait attendre ...

Je vous souhaite une bonne fin de journée et on se retrouve le week-end prochain.

Des bisous, Sy.

Jusqu'à ce que la neige cesse de tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant