Jusqu'à ce que la neige cesse de tomber

28.2 *°* Amy

La colère qui bouillonnait en moi s'essouffle lorsque le regard de Danny croise le mien. Son teint est de nouveau pale et des perles de sueur lui barrent le front. De son bras droit il tient ses cotes douloureuses et d'un sourire maladroit il avoue :

─ Merci, je ne pensais pas que tu ouvrirais.

─ Moi non plus.

Un silence lourd prend place dans l'entrée, Daniel n'ose plus croiser mon regard et je lui en suis reconnaissante. Je suis toujours en colère contre lui, je ne dois pas oublier qu'il y a quelques minutes j'étais encore entrain de pleurer sur le canapé.

─ Je vais faire les courses, intervient Dustin, je m'absente une heure. J'espère qu'à mon retour je n'aurais pas besoin de te foutre dehors, dit-il au brun d'un air menaçant.

Daniel hoche simplement la tête. La porte se ferme sur mon ami et mon pouls s'accélère. Je suis seule avec la raison de mes tourments et je doute être capable d'encaisser une autre altercation. Ce n'est pas moi qui parlerait la première, j'en ai marre de toujours tenter d'améliorer cette relation. Elle est sans espoir.

Je retrouve ma place sur le canapé et mon chaton vient se réfugier sur mes cuisses en recherches de caresses. La petite boule rousse se met à ronronner instantanément. J'entends Daniel gémir dans l'entrée lorsqu'il enlève son manteau et ses chaussures. Je me fais violence pour rester à ma place et le laisser se débrouiller tout seul.

Il prend finalement place sur le fauteuil et une nouvelle grimace entache son visage le poing serrant ses côtes.

Les secondes passent et j'ai l'impression que ce silence dure des heures. Jusqu'à ce que le brun ouvre la bouche pour demander :

─ Elle est nouvelle cette boule de poils ?

Je me concentre sur le chaton en expliquant vaguement à Daniel :

─ Dustin l'a trouvé abandonné dans la rue l'autre jour, du coup je lui ai offert un toit.

─ Et il a un nom ?

─ Timon.

─ Comme Timon et Pumba ?

─ C'est Dustin qui l'a baptisé ainsi. C'est un fan de Disney, mais il ne l'assume pas.

─ Il tient vraiment à toi.

─ Qui ça ? Le chaton ?

─ Non ton ami, marmonne le brun. C'est un mec bien, j'ignore ce qui m'a pris ce matin. Je ne voulais pas dire toutes ces choses, j'ai complètement déraillé.

Ma main reste soudain figée, le chaton ne sentant plus les caresses s'étire et saute du canapé pour s'éloigner.

C'est le moment. Le moment d'être franche. Je respire profondément pour me donner du courage et plante mon regard dans les iris grises du jeune homme.

─ Oui tu as raison je ne méritais pas tes mots Daniel. Je suis désolée de ne pas avoir été disponible ce soir-là. Je m'en veux terriblement et j'ai fait tout mon possible pour que tu te rétablisses. Mais toi tu t'obstines à ramener toujours tout à ta personne. Je ne sais plus quoi faire ou dire pour que tu comprennes que je suis de ton côté.

Puis dans un souffle je confesse :

─ Tu avais raison depuis le début, je ne suis pas la bonne personne pour t'aider à traverser ce néant.