22.1 *°* Danny

23 8 2
                                    


Monsieur Lewis, le visage transpirant de regret, étreint affectueusement sa fille. Il lui demande ensuite une nouvelle fois de le pardonner. Amy acquiesce sans entrain, puis elle ferme la porte derrière son père. L'homme disparut, elle appuie son front contre la porte. Son corps est fébrile sous sa respiration.

Je comprends le choc qu'elle endure, ça a été de même pour moi en apprenant les secrets de ma mère. Il est clair que son père va devoir y mettre du sien, s'il compte retrouver le lien qu'il partageait avec sa fille. Amy n'a pas l'air d'être le genre de personne à pardonner facilement. Excepté moi. Je ne comprends pas pourquoi. Je ne le mérite pas.

─ Je n'aurais pas dû venir ici, confessé-je. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de me pointer ici.

Elle se tourne enfin, ferme les paupières et place deux doigts sur sa tempe droite pour la masser. Lorsqu'elle rouvre les yeux, ses iris bicolores son ternies par un voile de tristesse.

─ Je n'ai pas envie qu'on se prenne la tête, chuchote-elle à bout. On ne pourrait pas se conduire comme des gens normaux pour une fois ?

─ C'est plus facile de te détester, avoué-je lâchement.

─ Alors on va continuer à faire un pas l'un vers l'autre et la minute d'après, dix pas en arrière ? Moi je n'y parviens plus.

─ Que veux-tu que je te dise au juste ? Tu n'acceptes pas la personne que je suis. Je ne changerai pas Amy, je ne suis pas Liam. Il faut que tu le comprennes.

─ Je sais. Ce n'est pas ce que je voulais dire.

─ Où veux-tu en venir alors ?

Elle glisse dans ses grosses chaussettes jusqu'à moi et me tant les bras pour glisser ses mains dans les miennes. Or elle se ravise au dernier moment et cache son geste affectueux en tirant sur le bas de son grand t-shirt, je sens une troublante pointe de regret naitre en moi.

─ Réfléchis Daniel, tu aurais pu atterrir sur le palier de n'importe qui, cette ville est immense. Pourtant c'est sous mon perron que tu étais. Pourquoi ? Pourquoi si tu ne veux rien avoir à faire avec moi ?

Parce-que tu es la seule à comprendre ce que j'endure. Seulement j'arrive à peine à me l'avouer, alors ce n'est pas encore aujourd'hui que je pourrais le divulguer haut et fort.

─ Rôh tu m'énerves, tu le sais ça ? raillé-je pour dissiper ma crise intérieure.

─ Oh oui ce n'est pas difficile à déchiffrer par contre ! rie Amy. J'étouffe, il faut que je sorte d'ici, achève-t-elle en reprenant son sérieux.

─ On a qu'à aller manger un bout. J'ai besoin d'un grand café.

La brune m'observe les sourcils froncés, j'ai horreur quand elle fait ça. C'est comme si elle scannait mon esprit et que toutes mes émotions étaient à nues face à elle. Toujours aussi déroutant et perturbant.

Elle hoche la tête et réfrène un pal sourire du coin des lèvres :

─ Je dois vraiment te faire pitié pour que tu acceptes de passer du temps avec moi de ton plein grès.

─ Disons qu'avec nos menteurs de parents, on n'est pas mieux logé l'un comme l'autre. Et puis je te dois bien ça après la soirée que je t'ai fait endurer.

─ D'accord si tu veux. Il y a un kiosque dans le parc, leur café est délicieux et je ne te parle pas de leurs roulés à la cannelle.

Jusqu'à ce que la neige cesse de tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant