CHAPITRE 7 Première Partie

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Amy

─ Bon, par où je commence ? me demandai-je.

Contemplant ma chambre, je se dirigeai vers un mur pour décrocher les dizaines de photos, de poèmes, de souvenirs accumulés au cours des dernières années. Il était temps de tourner la page. Ma valise pour le lendemain était presque terminée et je recommençais déjà à tourner en rond.

J'aurais tellement voulu voir Daisy avant mon départ. La remercier de tout ce temps qu'elle avait passé à s'occuper de moi, même en dehors de ses heures de travail. Mais depuis mon réveil de ma greffe je n'avais pas revu l'infirmière. J'avais questionné la nouvelle qui s'occupait de moi, sur le fait que Daisy ne venait plus. L'infirmière m'avait expliqué que Daisy avait prolongés ses congés pour raisons personnelles. Je regrettais qu'elle ne soit pas venue elle-même me prévenir. De plus prendre des congés n'était pas son genre, encore moins sur une aussi longue période, j'espérais seulement qu'elle se portait bien. J'avais également demandé à avoir ses coordonnées auprès de la blonde siliconé de l'accueil, mais bien entendu elle avait refusé. Quelle bande de crétin dans cet hôpital ! Je me répétais mais vivement que je n'y sois plus ...

Ce soir-là, j'eu du mal à trouver le sommeil. Bien trop excitée à l'idée de la nouvelle journée qui s'offrirait à moi le lendemain. Une fois que le sommeil m'eut enfin gagné, les rêves s'invitèrent. Cette nuit ci je rêvai encore de Liam, comme chacune depuis la fusillade de l'épicerie. Toujours ce même cauchemar.

La pluie me fouettait le visage, tout en se mélangeant à mes larmes chaudes. Liam était inconscient dans mes bras. Des coups de feu ne cessaient de faire rage en tous sens, l'impression de se retrouver sur un champ de bataille. Je me balançai d'avant en arrière en étreignant davantage le brun et en lui murmurant à l'oreille que tout allait bien se passer. Plus pour m'en convaincre moi-même et repousser ces bruits assourdissant de détonation.

Les déflagrations cessèrent soudainement, à cet instant même Liam et la mare de sang dans laquelle il baignait, s'évaporèrent en un nuage de fumée. Tout comme la ruelle. Je regardai mes mains. Elles n'étaient plus tachées de rouge. Je levai la tête et observai autour d'elle. Un ciel bleu était apparu, je sentis l'herbe fraîche me chatouiller les jambes. Le lieu n'avait plus rien à voir avec la macabre rue, je me trouvai à présent dans une vaste prairie verdoyante adossée à un gros chêne. Des blocs de pierres ornés de fleurs étaient dispersés ici et là. Cet endroit ne m'était pas inconnu, j'y étais déjà venue par le passé. Pas dans un de ces songes, non physiquement. Le cimetière de Black River. Silencieux et une façon déconcertante, apaisant.

La dernière fois que j'y avais mis les pieds, c'était-il avait moins d'un an pour l'enterrement de Jason. Je n'y étais pas retournée depuis. Pas parce-que je n'avais pas le droit de quitter ma chambre d'hôpital, si j'avais insisté auprès de mon père, il aurait fait son possible pour que sa fille puisse se recueillir sur la tombe de son défunt petit ami. Pas non plus parce-que cela m'aurait été trop difficile à supporter. Pour moi il ne me servait simplement à rien de me souvenir de Jason dans ses derniers jours, puisque j'avais toujours eu la conviction que je le retrouverais.

Assise seule loin de tout, je me sentais bien, un sentiment de plénitude m'avait envahie. Pour rien au monde je n'aurais souhaité bouger. Jusqu'à ce qu'il me saisisse la main de la sienne ensanglantée et la dépose sur son t-shirt blanc, sur son biceps gauche. Je fixai nos mains poisseuses, puis relevai les yeux pour décrypter le regard bleuté de Liam. Il finit par rompre le silence :

Ne m'abandonne pas Amy, j'ai besoin de toi. Aide-moi !

Je me réveillai en sursaut, la sueur dégoulinant dans mon dos. Les paroles de Liam résonnant en écho dans ma tête. Inconsciemment je pressai ma poitrine, reprenant avec difficulté mon souffle.

Le jour commençait à se lever, de frêles rayons de soleil venaient éclairer la chambre. Je finis par repousser mes draps et descendis du lit. Je me dirigeai encore tremblante, vers la minuscule salle de douche. Je réglai la température de l'eau au maximum sur le froid, fis glisser les bretelles de ma chemise de nuit la laissant retomber au sol, tout comme mes sous-vêtements, puis montais dans la cabine de douche. L'eau glacée s'écoula sur mon visage, puis le long de ma peau. Le froid m'anesthésiait petit à petit le corps et le cerveau. Je me laissai glisser le long de la paroi de douche, encerclant mes jambes de mes bras et appuyant mon front sur mes genoux. Puis j'ai laissé aller mes larmes pour la énième fois.

Quand étais-je devenue cette fille faible et ébranlée, qui ne parvenait pas à contenir ses émotions ? Il était simple de duper mon entourage sur la tornade de tourments qui se jouait en moi. Mais une fois seule, mes démons refaisaient surface brutalement et je ne parvenais plus à me mentir.

Je voulais rester ici.

Ne plus voir Liam et les marres de sangs.

Ne plus ressentir la culpabilité d'être en vie.

Oublier Liam et sa gentillesse.

Oublier Jason et ses lèvres.

Etre égoïste.

Ne penser plus qu'à moi.

Ne penser plus qu'à ma nouvelle vie qui débutait aujourd'hui.

Pourquoi cela n'était-il pas aussi simple ? C'était sur ces doutes et ces questions sans réponses, que je finissais de boucler mes valises.

Jusqu'à ce que la neige cesse de tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant