17.1 *°* Amy

67 11 5
                                    

            Je me tiens dans la chambre de Liam, revêtue d'un des vieux t-shirts de Daniel. Je suis seule dans cette pièce, mais je n'ose pas faire un pas. Tout est resté tel quel. Les murs sont placardés de posters de son équipe de football préférée et de ses groupes de musiques favoris. Sur une étagère sont entreposés plusieurs coupes et médailles, ainsi que des baguettes de batterie. Je n'ai pas de mal à imaginer mon ami tambouriner sur son instrument le sourire aux lèvres et la sueur perlant sur son front.

Liam a disparu depuis une semaine et son absence c'est transformé en manque. C'est la nuit le plus difficile. Je rêve constamment de lui, de la façon dont il m'a abandonné au cimetière en plein orage. Ensuite je revis la fusillade pour revoir sons corps inerte à l'hôpital, pour finalement me réveiller en sueur. Je finis à chaque fois dans la salle de bain pour me laver les mains. J'ai gardé cette sensation poisseuse du sang de Liam sur ma peau, alors je frotte frénétiquement et longuement mes doigts à l'aide d'une petite brosse. Je me stoppe que lorsque ma peau prend réellement une teinte rougeâtre et que je sens mon épiderme brûler.

Les nuits sont devenues longues, trop longues. J'ai de nouveau peur de m'endormir, car je sais que mes songes seront hantés par Liam. Alors me retrouver chez lui, dans sa chambre d'adolescent, de pénétrer dans son intimité, c'est rouvrir un peu plus la plaie.

J'effleure les baguettes du bout des doigts. Mon cœur s'accélère soudain lorsque je vois une main se poser sur la mienne. C'est une sensation familière, une douce légèreté, une caresse, seulement cela n'a rien d'une caresse humaine. Elle est fantomatique. Je sens une brise fraiche caresser ma nuque. J'ignore si je prends mes désirs pour la réalité. Néanmoins, les paroles qui s'en suivent me réchauffe le cœur :

─ Tu m'as manqué Amy.

Je me retourne doucement pour faire face à mon revenant. Liam est là, toujours vêtu de son fameux chino beige et de son t-shirt blanc à croire que rien n'avait changé. Pourtant bien au contraire, il y a une semaine, sous le grand chêne du cimetière mon cœur s'était brisé une nouvelle fois. Combien de fois allège être capable de recoller les morceaux ? Seulement quelques mois que j'avais ce nouvel organe et je le malmenais déjà.

Ma peau frémis sous la colère qui surgit en moi. Pourquoi me torturait-il de la sorte ? Pensait-il vraiment qu'il pouvait me faire ses Adieux et resurgir comme si de rien n'était quelques jours plus tard ?

─ Tu m'as abandonné ! tempêté-je.

─ Je sais. Je suis désolé.

─ Tu es désolé, et c'est tout ! m'estomaqué-je.

─ Moins fort Amy, s'impatiente Liam. Tu veux que ma famille débarque ici.

Je ferme les yeux et me pince l'arête du nez. Il a raison je dois me calmer, je ne peux pas me permettre de faire une scène de plus dans la maison de Daisy. J'ai cependant toujours envie de lui hurler dessus. Qu'il comprenne ce que j'ai pu ressentir le jour ou il m'a lamentablement fait ses Adieux.

Radoucie, je finis par lâcher prise et vais m'assoir sur le lit. Liam en fait tout autant mais contrairement à moi, le matelas ne s'affaisse pas. Mes yeux sont humides, un étrange mélange de colère et de joie. Je n'ose néanmoins pas croiser ses iris océan et préfère me focaliser sur le bas du t-shirt de Daniel. J'entortille mon index dans le tissu gris.

C'est Liam qui prend la décision de rompre ce lourd silence :

─ Si je t'ai laissé après le cimetière, c'est parce-que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour toi. Tu as le droit de vivre ta vie et je ne peux pas te forcer à m'aider si tu ne souhaites pas.

Jusqu'à ce que la neige cesse de tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant