21.2 *°* Danny

28 9 1
                                    


─ Ecoutez, plaidé-je résolu. N'en voulez pas à Amy pour avoir été perturbée ces derniers temps, je pense avoir une grosse responsabilité dans toute cette histoire. Mais soyez rassuré, je n'interférerai plus dans sa vie à présent.

─ Quoi ! s'égosille Amy.

Elle se rapproche pour planter ses yeux révulsés dans les miens. La colère anime son visage et je ne peux m'empêcher de la trouver attendrissante avec ses grands airs.

─ Non, surement pas ! poursuit-elle. Ne crois pas que tu vas te débarrasser de moi aussi facilement.

─ C'est le mieux pour nous deux, accentué-je mes propos d'un signe de va-et-vient de la main. Tu sais que je ne parviens pas à faire abstraction de Liam lorsque je te vois.

─ Ah oui, minaude-t-elle en mettant ses mains sur ses hanches. Parce qu'on a bien vu que tu t'en sors mieux quand je ne suis pas dans les parages.

Touché ! Encore une fois, elle utilise minutieusement les mots pour tenter d'éventrer ma carapace et à chaque fois ça fait son effet, faisant transpirer ma vulnérabilité.

Abattu je secoue la tête et conteste :

─ C'est injuste Amy.

─ Peut-être mais tu sais que j'ai raison. Laisse-moi t'aider, on ne sera même pas obligé d'être ami si tu ne le souhaites pas. Juste des connaissances qui s'entraide dans le deuil.

─ Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, intervient Mr Lewis résigné.

─ Je ne te demande pas ton avis, s'impatiente sa fille. Maman et toi n'avez pas été fichu de vous renseigner sur la famille de Liam. Tu es avocat, comment as-tu pu ignorer que mon infirmière avait perdu son fils ? Je reçois une balle, il y a eu un meurtre et tu ne cherches même pas à fourrer ton nez dans l'enquête en cours.

─ Ne retourne pas ces horreurs contre nous, dit-il d'un doigt menaçant. On était en train de voir notre fille se laisser mourir sur un lit d'hôpital. Tu n'as aucune idée de ce que c'est d'être un parent démuni. Incapable de venir en aide à son propre enfant.

─ D'accord, mais pourquoi refuses-tu de comprendre que j'en ai besoin pour ne plus passer mes nuits à cauchemarder, pour ne plus avoir à me coller contre les murs à chaque pétarade de voiture. Maman et toi semblez croire que parce que j'ai enfin eu la transplantation ma vie est belle. Et bien non. J'ai besoin de plus qu'un appartement et des cours à l'université. J'ai beau essayer de me convaincre que je suis une fille comme les autres, c'est faux je l'ai compris aujourd'hui. Rien n'a jamais été normal dans mon existence et je dois apprendre à vivre avec mon passé.

Des larmes perles sur les cils de Mr Lewis, il frotte rapidement ses paupières pour ne rien laisser paraitre. Dès lors il me parait plus vieux que son âge et j'ai l'impression de voir mon propre père en lui. C'est un homme brisé. Je sais qu'Amy en a bavé. Néanmoins je n'ai jamais voulu la comprendre, voir la mort de mon frère de son point de vue. Pour moi ce n'est pas en passant un après-midi avec une personne que l'on crée des liens. Alors pourquoi ne s'en sort elle pas mieux que moi ?

─ Je suis l'enquête, confesse finalement l'homme la tête baissée.

─ Comment ça ? questionne Amy les sourcils froncés.

─ Le Capitaine Burkad est un ami, il m'informe sur son avancé.

─ Je n'y crois pas tu savais. Tout ce temps tu savais pour Daisy ! Comment as-tu pu me cacher toute cette histoire ?

─ Avec Daisy, nous sommes tombés d'accord sur le fait que ce que tu ignorais ne pouvait pas te faire plus de mal.

─ Plus de mal ! Papa tu débarques furieux parce-que j'ai raté quelques cours et que la folle de Ripper te téléphone pour un peu de vomi dans l'escalier. Mais toi tu réalises que tu m'as privé de la vérité ? Tu m'as vu pleurer Liam et tu n'as rien dit ! Rien dit Papa !

─ Justement, c'est parce-que je t'ai vu tellement pleurer pour ce garçon que je n'ai rien dit. Tu as commencé faire des crises d'hystérises. C'était effrayant, j'ai encore le son de tes cris dans la tête, dit-il les doigts compressant ses tempes. Et puis les médecins ont commencé à te droguer et à t'attacher les poignets et les chevilles pour que tu ne te blesses pas davantage. Après ça tu n'étais plus toi, tu ne nous reconnaissais même plus. C'était comme si tu étais déjà morte Amy-Line ! achève l'homme à bout.

J'ai soudain l'impression qu'il fait plus froid dans cette pièce que dehors. Les images du film Le Jour d'Après se rejouent dans ma tête. Lorsqu'en quelques secondes tout se pare de glace, c'est la même sensation. Et puis il y a Amy, tremblante et désemparée, elle tient à peine sur ses jambes. J'ai du mal à l'imaginer tel que son père la décrite. Si je ne parviens toujours pas à cerner cette fille, c'est qu'elle a de nombreuses facettes derrières lesquelles se préserver.

─ Je ne me souviens pas, souffle la brune.

─ Je sais, c'est pour ça que j'ai fait promettre à ta mère et à Dustin de ne pas revenir sur cet épisode. Nous ne voulions pas que tu retombes dans cette phase de léthargie.

─ Maman et Dustin sont également au courant pour l'enquête ?

─ Non juste Daisy et moi. Nous pensions faire ce qui étaient le mieux pour nos familles. Jamais nous n'aurions pu penser que vous puissiez tomber l'un sur l'autre tous les deux.

─ Alors vous et ma mère vous êtes de mèche depuis le début ? intervins-je enfin.

─ C'est plus compliqué que cela en a l'air, se défend l'homme.

─ Je comprends que vous ayez voulu protéger votre fille après ce qu'elle a traversé. Mais pourquoi ne pas lui avoir raconté la vérité une fois qu'elle allait mieux ?

─ Je n'aurais pas pu supporter de la voir tomber dans la dépression une nouvelle fois. Jason était mort, Liam aussi. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi la mort de Liam t'as autant affecté, plus qu'un garçon qui a fait partie de ta vie durant plus de trois ans.

─ Je n'ai pas envie de parler de ça maintenant, signale-t-elle en secouant la main. Je ne veux plus parler avec toi du tout !

─ Ne me repousse pas encore Amy-Line, c'est ce que tu fais toujours pour te refermer sur toi-même. Je t'en supplie ne laisse pas mes mensonges briser notre lien.

─ Ton père n'a pas tort, souligné-je.

─ Je t'en prie Daniel, tu n'es pas un modèle de relation parentale seine.

─ Justement ne te lance pas sur la même voie que la mienne, ça ne mène nul part.

Amy contourne Mr Lewis et ouvre la porte d'entrée, indiquant ainsi à son père qu'il était tant pour lui de s'éclipser. Les yeux rougis, elle supplie l'homme :

─ J'ai besoin que tu me laisses un peu de temps Papa.

─ Je te demande pardon, bafouille-t-il en ajustant son écharpe et ses gants. J'ai été débordé ses dernières semaines et je ne me suis pas rendu compte de ce que tu traversais. J'ai bêtement pensé que toute cette histoire était derrière toi, alors que je sais pertinemment que rien n'est aussi simple. Promets-moi de plus nous cacher ce qui se passe dans ta vie, d'accord ? Si ça ne va pas fais le savoir à Cathy ou moi.

─ Je vais y réfléchir, conclue-t-elle d'un ton sec.

─ Bon je vais y aller et je dirais à ta mère que le repas de ce soir est annulé pour cette semaine. Daniel, je te prie de bien vouloir m'excuser. Ma fille est la seule chose que j'ai vraiment réussi dans ma vie. Je suis seulement un père surprotecteur. Quant à ton frère, je ne pourrais jamais lui être assez reconnaissant pour avoir protégé Amy-Line, c'est un héros.

─ Ouais c'est ce qu'il parait, grogné-je usé tendre les mêmes mots encore et encre.

Mr Lewis esquisse en sourire triste en coin, compréhensif je devine qu'il ne m'en tient pas rigueur.


*

Ohohoh, j'espère que vous avez passé un bon Noël !

Voici la fin du chapitre 21, en souhaitant qu'elle vous a plu car c'est le dernier de 2016, pour la suite on se retrouve en 2017.

Des bisous. Sandy.

Jusqu'à ce que la neige cesse de tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant