15.1 *°* Amy

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Daniel se lève de table. Il saisit la bouteille de vin sur la table, tout juste entamée. Puis il sort dans la pénombre du jardin.

J'hésite un instant, avant de m'excuser auprès de mes hôtes et de le suivre.

Je pousse à mon tour les portes vitrées pour me glisser dans la fraîcheur de la nuit. Le ciel est d'un noir immaculé parsemé d'étoiles plus lumineuses les unes des autres, l'hiver approchait.

Je savais déjà d'avance ce qu'il en retournerait. Daniel me dirait de lui foutre la paix ou encore qu'il n'avait pas besoin de moi. A force j'ai appris à connaître la musique avec lui, mais qu'importe !

Je fronce les yeux à la recherche du jeune homme dans cette nuit claire. Puis j'aperçois dans le fond du jardin une minuscule lueur, une cigarette se consumant. Je parcoure la distance. Daniel se trouve assit sur un banc au pied d'un saule pleureur, une cigarette aux lèvres.

─ Tu n'en as pas marre de me coller à longueur de temps ? marmonne-t-il.

─ Je dois avouer que j'excelle dans le fait de te traquer à mes heures perdues.

Je tente un brin d'humour histoire de détendre l'atmosphère, ce qui semble faire son effet. Le brun laisse échapper un rire pour la première fois depuis que nous nous sommes rencontrés.

─ Je peux m'assoir ? demandé-je.

─ Tu ne t'es pas gênée pour t'installer dans ma vie.

─ Daniel je ne suis pas ton ennemie, dis-je en m'asseyant. Arrête de me considérer comme telle. Tu ne vois pas que nous avons plus en commun que tu ne veux l'admettre.

─ Ce ne sont que de simples coïncidences.

Non, si tu savais à quel point ! Le fait que je puisse voir le fils décédé de mon infirmière préféré n'a surement rien d'une coïncidence.

─ Tu sais, commencé-je. Finalement j'ai l'impression de te connaître depuis des années. Daisy me parlait souvent de Liam et toi. Elle a toujours été très fière de ses garçons. Je me demande pourquoi je n'ai pas fait le rapprochement plutôt.

─ Tu ne pouvais pas savoir, ma mère a gardé son nom de jeune fille.

─ Hum, peut-être. Daniel, tout à l'heure tu as dit que j'ai tué Liam. C'est vraiment ce que tu ressens ?

Il se met à triturer le bracelet métallique de sa montre avec nervosité. J'ai déjà vu cette montre auparavant. Elle m'a marqué, car le cadrant était du même bleu que les yeux de Liam. Peut-être n'aurais-je pas du réaborder ce sujet, c'est aussi douloureux pour Daniel que pour moi. Mais il faut que je sache.

Après quelques bouffées de cigarettes, il me répond :

─ Je connais mon frère il aime venir en aide aux autres, c'est son truc. Je crois que c'est pour ça qu'il a toujours été aussi populaire que ce soit au lycée ou à la fac. Je sais pertinemment que ce n'est pas toi qui a appuyé sur la détente, ou éteint le respirateur. D'une certaine façon il t'a sauvé et c'est honorable. Mais quand je te vois, je revois le cercueil de Liam. Tu comprends ?

J'acquiesce en signe de réponse. Il est évident que quoi que je dise, quoi que je fasse, je lui rappellerais toujours ce drame.

─ Tu devrais parler avec un spécialiste.

─ Comme un psy ? rit-il.

─ Oui, ou à un groupe de paroles cela pourrait t'aider. Je sais que ce n'est pas facile, mais tu dois te reconstruire. La vie est trop courte pour la gaspiller, crois-moi je suis bien placée pour te dire ça. Liam ne voudrait pas te voir dans cet état, tu es en train de te bousiller la santé avec toutes les cochonneries que tu ingurgites.

Jusqu'à ce que la neige cesse de tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant