Chapitre 1

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De délicats rayons de soleil transperçaient les rideaux de la salle, malgré cela, j'avais froid. J'étais paralysée par un sentiment que je n'avais jusqu'alors jamais connu et qui me glaçait les entrailles. Une sensation étrange qui me coupait toute envie de rabattre la couverture et de me lever.

Un coup d'œil sur le réveil : dix heures déjà.

Résignée, je me décidai à quitter les draps encore chauds, non sans balayer les alentours du regard. Je n'étais pas dans ma chambre mais dans celle de Camille : ma meilleure amie.

Une pièce épurée et soigneusement agencée, chargée de souvenirs mémorables. Me venait immédiatement à l'esprit ces nombreuses soirée passées devant des films et des sucreries, ces après-midi destinée à d'éventuelles révisions scolaires qui se terminaient en rires ou en pleurs. De petits rituels sur lesquels j'allais dorénavant tirer un trait.

Je me dirigeai vers la salle de bain afin de me préparer pour cette journée qui s'annonçait riche en émotions. Un coup d'œil dans le miroir suffisait à confirmer que je n'étais pas dans mon état normal. Les yeux cernés, le teint terne, pas une once de joie ne perçait dans mon regard. J'avais déjà du mal à tolérer mon apparence en temps normal, et cette mine déconfite n'arrangeait rien.

Quelques minutes plus tard, je dévalai les escaliers quatre à quatre, requinquée à l'idée de rejoindre Camille. En compagnie de sa mère, elle installait nourriture et vaisselle sur la petite table en bois. Sans les connaître, on n'aurait pas soupçonné qu'elles puissent avoir un quelconque lien de sang puisqu'elles n'avaient en commun que leurs yeux bruns.

Ma meilleure amie paraissait plutôt chétive. Des cheveux blonds foncés encadraient son visage en forme de cœur, tandis que Catherine, sa mère, était aussi grande que brune.

Cette dernière me salua justement avec un sourire :

- Bien dormi ?

- Pas beaucoup mais Camille prenait toute la place aussi, taquinai-je en m'installant sur une chaise.

- N'importe quoi ! répliqua la concernée.

Elle me décocha un coup de coude amical et m'incita à me servir. Je m'emparai du jus d'orange tout en sachant que j'aurais du mal à avaler quoi que ce soit. Mais j'allais me forcer par politesse envers elles, qui m'accueillaient comme si je faisais tout autant partie de la famille. Et quelque part, c'était le cas.

Je passais plus de temps chez Camille que dans ma propre maison. Et Catherine me traitait comme sa fille. Elle savait être rassurante et m'aidait en cas de besoin, tout comme elle savait me recadrer si je m'égarais du « droit chemin ».

- Tu te sens prête à rejoindre ton père ? demanda Camille soucieuse.

- Pas du tout, avouai-je penaude.

- Cela paraît difficile, mais tout ira bien. Tu passeras les vacances ici de toute manière, intervint Catherine en remuant le sucre dans son café. Et ce sera l'occasion de faire de nouvelles rencontres.

- Certes mais j'étais bien ici. J'y ai passé toute mon enfance, et m'intégrer dans une région que je ne connais pas alors que l'année scolaire a déjà commencé... J'ai un mauvais pressentiment.

Camille reprit la parole subitement :

- Je suis sûre que tu te fais du mouron pour rien. Et on garde contact, ça sert à ça la technologie ma vieille !

Bien sûr que l'on garderait contact. Toutes les semaines, peut-être même tous les jours selon nos disponibilités respectives et je reviendrai ici à la moindre occasion. Mais c'était un changement brutal et je ne me sentais pas prête à laisser échapper tout ce qui me tenais à cœur. Difficile pour elle de comprendre le mal-être qui m'animait.

RevirementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant