Chapitre 16

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Je lançai un vague regard en direction de Jules qui esquissa un sourire ravi.

- Avec plaisir alors. Si je peux vous aider...

- Tu aimes cuisiner ?

- Je n'irai pas jusqu'à dire que j'aime, mais je me débrouille, admis-je.

- Viens, je vais te montrer un petit truc que tu n'es pas prête d'oublier !

Je posai mon sac de cours dans un coin de la pièce alors que Jules accordait de nouveau son attention à Wendy et suivis sa mère dans la cuisine.

Sylvie me laissa me laver les mains en entreprenant sa recette, et rien qu'à voir les aliments utilisés, cela promettait d'être délicieux.

- C'est vraiment un domaine dans lequel j'aurais adoré travailler, m'avoua t-elle tout en me laissant découper des légumes.

- La restauration ?

- Oui, j'adore passer des heures derrières les fourneaux. C'est à peine si je laisse mon mari faire cuire des pâtes seul ! Je suppose que ta mère n'est pas du tout comme moi, remarqua t-elle.

- Je ne sais pas. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs d'elle. Elle m'a en quelque sorte abandonnée...

- A ta naissance ?

Elle semblait presque offusquée d'apprendre une telle chose.

- Quelques années après. Elle est partie du jour au lendemain. Mais j'ai quand même mon père.

- C'est très dur ce que vous avez dû vivre tous les deux. Tu n'as jamais cherché à reprendre contact pour comprendre son geste ?

- Je ne vois pas bien comment je pourrais. Papa a déjà fait des recherches sur Internet et via les annuaires, mais son nom n'est mentionné nulle part. Je le vis bien. Enfin, je ne ressens pas de manque.

- Comment connaître le manque quand on a si peu de souvenirs ? Si cela t'épargne un peu la douleur c'est sans doute mieux. Je sais que Jules a beaucoup souffert de notre séparation avec Christian. Je l'ai emmené chez un psy à plusieurs reprises, sans grand intérêt. Il opposait une telle résistance à la thérapie... J'ai fini par comprendre que le problème ne venait pas de lui mais de nous. C'est grâce à son attitude que nous nous sommes remis ensemble.

- Il m'en a un peu parlé...

- Ah bon ? C'est étonnant. Ca ne fait pas partie des choses qu'il raconte aisément. Gamin sensible, avec une grosse carapace. En général il ne dévoile rien... surtout aux filles.

Elle fit un petit sourire en coin.

- Et il y a eu beaucoup de filles ?

- Je suppose. La seule qu'il nous ait présenté c'est Morgane. Mais même à de simples copines, il ne dira pas grand chose.

- Elle vient souvent ?

Je continuai soigneusement à suivre les étapes listées sur le post-it devant mes yeux. Mes mains s'affairaient mais j'étais déconcentrée par ce que j'entendais. Les paroles de sa mère contre-balançaient complètement avec mon opinion de lui.

- Qui donc ?

- Morgane.

- Une à deux fois par mois, le week-end en général. Ce n'est pas toujours une partie de plaisir.

- J'imagine bien ! lâchai-je en riant à moitié.

- Tu la connais ?

- On a eu quelques différents. Je ne suis pas très patiente de base et elle a porté de fausses accusations à mon encontre. Depuis, si on peut s'éviter, on le fait. Nos personnalités sont trop différentes.

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