Chapitre 31

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Le froissement du papier résonna à mes oreilles tandis que je refermai lentement l'enveloppe avant de griffonner l'adresse et d'y coller un timbre. Je la glisserai dans une boîte aux lettres en allant au lycée tout en croisant les doigts pour que mon père n'ouvre pas mon courrier si j'obtenais une réponse rapidement. Je ne lui avais encore rien avoué de mes intentions. Ma décision était prise : quitte à décevoir l'un des deux hommes de ma vie, autant que ce soit mon père, et non pas celui qui me soutenait depuis des années.

Il faudrait aussi que je me renseigne pour prendre un studio dans le sud et que je trouve un job d'été afin d'avoir quelques économies pour démarrer cette nouvelle aventure.

Les vacances de printemps approchaient, le bac également et je n'étais plus du tout angoissée à l'idée de le rater.

Durant tout le trajet je réfléchissais à la manière dont j'allais annoncer à Papa que je prendrais mon indépendance dès la prochaine rentrée. Plus je retournais les phrases dans ma tête, moins elles avaient de sens.

J'étais stupide de vouloir prendre autant de précautions. Il voudrait mon bonheur de toute manière et dans le pire des cas, il me ferait la tête quelques jours.

Je progressai vers ma salle de classe en saluant quelques connaissances sur le chemin. Alors que j'attendais paisiblement que la prof débarque pour ouvrir la porte, Jules se planta devant moi :

- Pourquoi t'as pas de jupe ?

Mes sourcils se froncèrent et je le regardai incrédule :

- Pourquoi t'es allé au ciné avec Adrianna ?

- Jalouse ? opina le jeune homme.

- Déçue. On n'est pas vraiment en bons termes toutes les deux.

- Seras-tu jamais amie avec une fille que je fréquente en même temps ? lâcha t-il.

- Ce n'est pas à moi qu'elles doivent plaire alors qu'importe.

Le cliquetis de clés dans une serrure coupa court à la discussion. Mme Carpentier était arrivée et elle nous fit signe d'entrer.

Je m'installai rapidement à ma place fixant le tableau noir avec lassitude.

A peine quelques minutes plus tard, alors que nous faisions un exercice, Taïna qui se tenait à ma droite, me tendit un morceau de papier.

- Ca vient du fond, me chuchota t-elle avant de se replonger dans ses notes.

Je le dépliai discrètement :

« Pourquoi tu ne veux pas que je vois Adrianna ?
PS : Tu me fais chier, à cause de toi je suis collé et tu n'as même pas voulu me faire plaisir ! Je te déteste ! <3 »

Je levai les yeux au ciel avant de rédiger une réponse :

« Parce qu'elle n'a pas à toucher à mes affaires. Pour la jupe faudra attendre mon anniversaire.
PS : Moi aussi je t'aime.»

- T'es sérieuse Lucie ?

Le murmure de mon amie assise à mes côté me ramena à l'instant présent.

- C'est purement platonique détends toi. Je ne suis pas amoureuse de Jules.

- Tu sais comment il est...

Je fis passer le message jusqu'au concerné qui esquissa un sourire triomphant. C'était mal de jouer ainsi. De le chercher, de le séduire. Mais ça me faisait un bien fou, n'en déplaise à certains.

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A la fin de la journée, alors que les filles se dirigeaient vers la sortie et Jules vers la salle de permanence pour ses retenues, je décidais de l'y escorter.

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