Chapitre 4

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- Les quoi ? répéta Morgane offusquée.

Ses yeux lançaient des éclairs dans ma direction. Avant que je ne laisse échapper un quelconque mot de travers, Jules reprit la parole :

- Les jolies filles ? répéta t-il odieusement.

Il affichait un sourire taquin et l'invita à s'asseoir avec nous. Elle repoussa sa main d'un geste brusque qui envoya valser le verre de Cécile. Cette dernière pesta si faiblement que je ne compris pas ses dires.

- Tu la trouves plus belle que moi ? s'indigna presque Morgane.

« Punaise... Faut pas rigoler avec elle. » pensai-je avec un sourire amusé.

- Je peux savoir ce qu'il y a de si drôle ? enchaîna t-elle en surprenant mon expression.

- Je n'ai rien demandé c'est clair ? Garde ta colère pour ton mec et fiche moi la paix. Si tu as un problème avec lui, tu n'es pas obligée de le régler publiquement. Cette table était tranquille avant ton arrivée.

C'était la première fois que je montrais cette facette de ma personnalité aux filles et leurs visages surpris ne m'étonnèrent guère. Je ne contrôlais jamais ce type de réactions.

- Je règle mes problèmes où j'en ai envie ! Tu n'es pas contente ? Eh bien personne ne te retient. Si tu es avec nous, c'est uniquement parce que Taïna avait pitié...

Sa réplique me toucha singulièrement. Une boule se forma dans mon estomac et je lui jetai un regard noir avant de me lever, repoussant mon plateau.

- Justement j'allais partir. Peut-être qu'il y a des gens dotés d'un cerveau dans ce lycée, avec qui il est possible de déjeuner sans craindre une crise de jalousie.

- Moi ? Jalouse ? Ca ne risque pas ! rétorqua t-elle piquée au vif.

- Taper un scandale parce qu'on ose complimenter une autre personne, ça s'appelle de la jalousie ma grande. Sur ce, bonne journée...

Je tournai les talons en direction de la sortie. Je me passerais bien d'un repas après une telle embrouille. J'étais à peine arrivée dans cet établissement que je rencontrais déjà des tensions. Mais où était donc passée ma petite vie paisible ?

Et puis cet idiot devrait réfléchir ! Pourquoi la faire sortir de ses gonds si elle était possessive ?

Quant à la pitié de Taïna, je ne trouvais rien à redire. Cela me semblait même plausible, j'étais nouvelle, seule... comment ne pas attirer la pitié ou le mépris ? Déprimée, je rejoignis la cour en composant le numéro de Camille.

- Allô ?

- Camille s'il te plait, sors moi de là...

- Que se passe t-il ? Tu as un problème ? Ton père va bien ?

Elle me harcela de question et je lui expliquai brièvement ce qui n'allait pas, combien le village me manquait et comme j'aimerai être avec elle, pouvoir rire comme avant.

- Oh moi aussi... Thomas déprime tout le temps, impossible de le dérider. Et puis tu me manques, j'ai beau me dire qu'on se retrouve bientôt, ça me fait bizarre. Je ne peux pas t'embêter, ni te serrer dans mes bras quand tu es dans cet état.

- Pourtant quand je l'appelle ça a l'air de rouler, expliquai-je à mon tour. Il plaisante, rit... Je pensais même qu'il le vivait très bien.

- Il essaie peut-être de ne pas influer sur ton moral, supposa t-elle. Ce que je ne fais pas, bien au contraire. Je suis désolée Lulu. Je voudrais tellement faire quelque chose pour toi, et coller mon poing dans la face de cette autruche de Mégane...

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