Chapitre 5

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Je m'en saisis en une fraction de seconde et regardai l'écran. Mon interlocuteur ne faisait visiblement pas partie de mes contacts car seul son numéro s'affichait. Déçue, j'hésitais à répondre, il s'agissait probablement d'une erreur. Ou bien c'était quelqu'un qui me contactait via un autre téléphone portable : il pouvait donc s'agir de Thomas. Croisant les doigts pour capter le son de sa voix, je portai le combiné à mon oreille :

- Allô ? lâchai-je emprunte au doute.

- Lucie ? Excuse-moi de te déranger, c'est Jules.

Jules ? Il me fallut une seconde pour remettre le visage collant au prénom dans ma tête. J'étais déçue. Je voulais parler à Thomas, pas au premier abruti sur Terre.

Une question pertinente me traversa l'esprit :

- Je peux savoir comment tu t'es procuré mon numéro ?

- J'ai fait un bout de chemin avec Cécile tout à l'heure et je le lui ai demandé, tout bêtement.

Ses remarques étaient toujours lancées avec légèreté et se teintaient d'amusement comme s'il ne se passait jamais rien de grave dans le monde.

Sauf que je n'étais pas dans la même optique positive.

- Et elle te l'a donné sans me consulter avant ? C'est comme ça que ça se passe chez les Parisiens ? Aucun respect de la vie privée ? Tu ne veux pas une photocopie de ma carte d'identité non plus, histoire d'avoir mon adresse et ma signature ?

Un silence me répondit.
Je me rendis compte que mon agacement était plus que palpable, malheureusement pour Jules, je lâchais mes nerfs sur lui, ce qui était injuste. Mes proches avaient raison : j'étais réellement impulsive.

- Non je voulais juste ton numéro pour te parler, mais je crois que je vais te laisser. Les gens qui s'énervent pour rien je préfère les ignorer !

- Hmm... Désolée. Tu tombes juste mal. J'ai quelques tracas, ça influe sur mon humeur...

- Parce que tu sais être agréable parfois ? railla-t-il suite à ma remarque. Ou tu as tes règles en continu ?

Non mais pour qui se prenait-il ? Je lui en posais des questions ?

- Si on ne m'énerve pas, je suis tout ce qu'il y a de plus cordiale...

- Je te vois plutôt comme une coincée susceptible !

- Rrrh... Si tu me disais pourquoi tu m'appelles ça me rendrait peut-être plus aimable. Et je ne suis pas coincée oh !

J'avais une folle envie de lui raccrocher au nez.

- Bah je n'ai plus trop envie de t'en parler maintenant...

- Tu n'as pas demandé mon numéro pour mes beaux yeux alors accouche bordel !

- Et vulgaire en plus de ça ! renchérit-il avec un petit rire.

- Je ne vais pas perdre tout mon temps...

- Ok. J'organise une soirée pour mes dix-sept ans ce week-end. Comme tu es nouvelle, je me suis dit que ce ne serait pas une mauvaise idée de t'inviter. Ça te permettrait de t'intégrer un peu mieux. Les gens se dévoilent davantage en dehors du bahut.

- Tu invites souvent des inconnus chez toi ? fut la seule réponse que je lui offris en retour.

- Tu n'es plus à proprement parler « une inconnue », mais une fille de ma classe. Et puis tu es en droit de refuser, mais comme ta bande de copines sera là, c'est l'occasion de passer du bon temps. Et peut-être te réconcilier avec... Certaines personnes.

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