Chapitre 22

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- Ca fait longtemps !

- Pas toi...

Je n'allais pas pourvoir tenir assise des heures à côté de Jules. Quitte à faire semblant d'avoir envie de vomir pour me retrouver à l'avant auprès des profs, je comptais bien y échapper.

- Si tu préfères je peux partir.

- Je préfère oui, répondis-je.

- Dommage alors parce que je déconnais !

- Mon Dieu ce que tu me fais rire, je vais pas m'en remettre, ironisai-je sèchement.

Il me lâcha son habituel sourire en coin, cette mimique agaçante au possible et je décidai de l'ignorer, enfonçant mes écouteurs sur mes oreilles. Et s'il tentait de me parler, je monterais davantage le son où passerais des morceaux plus entraînants.

Mais il resta calme à mes côtés, envoyant régulièrement des messages à Morgane qui ne faisait pas partie des classes sélectionnées pour le voyage.

Mme Carpentier arpenta l'allée du véhicule, nous recomptant une fois de plus et distribua le programme de la semaine. Aucune visite ne m'emballait particulièrement au premier abord mais je tâcherai de profiter du séjour quand même. Tania s'était finalement assise dans l'allée de gauche au même niveau que nous, et me glissait fréquemment des petits signes de la main auxquels Jules répondait à ma place. En regardant l'autoroute par la fenêtre je pensais à ma relation amicale avec Camille. Elle me manquait terriblement, pourtant je ne me sentais plus du tout proche d'elle, un comble pour deux personnes auparavant si soudées. J'espérais pouvoir retrouver la fille que j'avais connue toutes ces années durant les vacances à venir même si j'avais de mauvais pressentiments. Et sans m'en rendre compte, le sommeil me rattrapa alors que mon front se pressait contre la vitre givrée.

_________

- Faut se réveiller Lulu...

Une main me caressa les cheveux et je vis Taïna penchée au dessus de moi.

- Hein ? émis-je désorientée en me frottant les yeux machinalement.

- On s'arrête pour déjeuner, t'as dormi pendant tout le trajet.

Elle attrapa mon sac avec le pique-nique pendant que j'enfilai mon manteau et je la suivis à l'extérieur du véhicule. Il n'était pas encore tout à fait midi, mais la prof estimait qu'avec la route déjà parcourue et le réveil matinal il était grand temps de se remplir la panse.

Il faisait bien plus froid qu'à Paris et j'aurais préféré manger à bord, mais le chauffeur ne voulait pas de nourriture dans son véhicule, alors nous trouvâmes un coin à l'abri du vent pour avaler rapidement quelque chose. S'en suivi l'attente pour aller aux toilettes et nous pûmes enfin remonter dans le bus.

Je frémissais encore en me réinstallant à ma place, me frottant vigoureusement les mains. Jules ne tarda pas à revenir à son tour, il avait fait l'imbécile avec ses copains pendant que l'on déjeunait, j'en avais presque oublié sa présence.

- T'es pas chiante comme passagère au moins, ria t-il.

- Pas comme toi !

- Je t'ai laissé dormir, je suis sympa. Mais fallait se coucher tôt hier soir Madame !

- J'avais des choses plus importantes à faire. Et si j'ai envie de rattraper ma nuit je ne vois pas en quoi ça te dérange, râlai-je gentiment.

- Mais je t'en prie, si tu dors ce sera plus facile d'abuser de t..

- Quoi ?

- Ta gentillesse ! se rattrapa t-il en étouffant un rire.

- Je préfère...

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