Chapitre 2

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J'étais d'un naturel méfiant envers les gens que je ne connaissais pas, mais la perspective de rester seule ne m'enchantant guère, j'acceptais son invitation.

- Je ne sais pas trop en fait... Je suis un peu paumée, avouais-je.

- T'inquiète je sais ce que tu ressens, j'étais nouvelle aussi. Au fait, je m'appelle Taïna !

- Enchantée, Lu...

- Lucie ! Oui on est au courant maintenant, me coupa t-elle vivement.

En vérité, elle s'exprimait tellement rapidement que j'avais du mal à la suivre.

- Tu étais dans quel lycée ? Je connais pas mal d'établissements sur Paris, on a peut-être des amis communs.

- Je n'étais pas à Paris.

Une nouvelle fois, ma gorge se serra. Je ne me sentais pas à l'aise dans ces couloirs immenses. Je n'étais pas adepte de ce type d'endroit où les gens se jaugeaient sans cesse à la recherche du moindre détail à critiquer.

Sans être asociale, je ne me jetais pas non plus dans la fosse aux lions pour engager la conversation. Ce qui semblait être tout l'inverse de Taïna, qui je devais l'admettre, était au premier abord sympathique. Au moins elle avait pris la peine de m'accoster.

- Je viens d'emménager, complétai-je sans entrer dans les détails.

- Tu habitais loin ?

- Vers Montpellier...

- Oh bah ça va ! Je viens de Polynésie en vérité. Je vis en métropole avec ma tante depuis que je suis petite.

- Ca ne te manque pas ? demandais-je surprise.

- Du tout, lâcha t-elle sèchement. Et puis on y retourne chaque année, pendant les vacances de Noël. C'est mieux comme ça...

- Pas sûre d'apprécier le changement de décor perso !

Elle esquissa un sourire rassurant et m'indiqua un rebord sur lequel m'appuyer. Elle trouvait qu'il faisait trop froid pour aller dans la cour et je n'allais pas la contredire.

J'observai les élèves qui faisaient des allers-retours autour de nous, et la plupart des filles étaient calquées sur le même modèle : vêtements de marques, chaussures à talons, cheveux bien coiffés, petit sac en cuir sans fioriture. Côté garçon c'était plutôt décontracté mais là encore ,on affichait clairement ses moyens financiers...

Le règlement stipulait bien qu'une tenue correcte était exigée m'enfin, où étaient passés gothiques, jeans trop larges et survêtements ?

- J'ai laissé tomber mes amies pour faire connaissance avec toi, je pourrais te les présenter ce midi. Il reste une place à notre table habituelle, si tu veux nous rejoindre...

L'interruption de Taïna me sortit de mes songes. Sans être spécialement emballée par la perspective de m'incruster au sein de sa bande, j'acceptais.

Finalement, ce premier jour ne se passerait peut-être pas aussi mal que je le pensais. A condition que je fasse abstraction des jugements qu'on portait à mon égard.

Et puis qu'en avais-je à faire après tout ? Je n'aurais que quelques mois à tenir avant de passer mon baccalauréat ; si je ne m'intégrais pas tant pis.

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- Pour une fois ça n'a pas l'air trop mauvais !

Taïna avait lâché cette phrase après un coup d'œil sur le contenu de son plateau repas. Et voilà que quelques minutes plus tard, c'était devenu le sujet de plaisanterie général.

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