Revirement

Chapitre 8

« Ca pourrait être super non ? Toi qui cherches à t'occuper l'esprit ! »

Cette phrase résonnait sournoisement dans ma tête...

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis que Cécile et moi avions décidé d'assister à cette réunion d'informations. Si au premier abord, je m'étais montrée emballée à la perspective de suivre quelque chose d'autre que des cours rébarbatifs au lycée, j'avais totalement déchanté le jour des inscriptions...

• Flash Back •

- Un peu de silence s'il vous plait ! Plus vite on aura commencé, plus vite vous serez libérés !

- La voix de Benrached m'insupporte, me murmura Cécile qui se tenait assise à côté de moi.

J'appuyai sa remarque d'un mouvement de tête pendant que la fameuse conseillère d'orientation s'asseyait sur le bord d'une table en face de nous. Je n'étais jusqu'alors jamais entrée dans la salle informatique du lycée qui était pourtant fort chaleureuse. Le matériel était neuf et propre, et la peinture refaite récemment.

Avant notre arrivée, M. Mancini avait installé les chaises au milieu de la pièce pour que nous puissions y prendre place. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il y ait autant de monde, mais visiblement cette activité avait démarché une bonne partie des élèves de Terminale.

- Tout d'abord, je tenais à vous remercier d'être venus si nombreux, continua Mme Benrached. Si nous sommes réunis c'est pour discuter du projet que nous avons eu l'idée de lancer avec M. Mancini...

J'écoutais plus ou moins attentivement les grandes phrases de la quadragénaire tandis que Cécile, à mes côtés, se rongeait les ongles. Les autres lycéens regardaient ailleurs, ou envoyaient discrètement des messages sur leurs téléphones.

Visiblement cette femme endormait tout le monde par sa manière de présenter les choses. Je m'amusais personnellement de son apparence : c'était une toute petite dame au teint mat, maladroitement maquillée. Ses lèvres étaient continuellement pincées ce qui ne la rendait pas aimable et la jupe de son tailleur remontait de plus en plus sur ses cuisses sans qu'elle semble s'en apercevoir. Quant à sa voix et ses manières... c'était effectivement insupportable.

Derrière elle, M. Mancini avait l'air d'un type sympa. Grand et élancé, il ne devait pas être loin de la retraite à en juger par son crâne dégarni. Pendant que sa collègue parlait des raisons qui les avaient menées à créer cet atelier, il avait annoté quelques points clés sur le tableau.

- Je laisse donc la parole à M. Mancini qui va vous expliquer l'organisation de tout cela.

- Je vous remercie. Nous allons travailler ensemble jusqu'au mois de mai, et élaborer plusieurs missions qui, je l'espère du moins, vous plairont. Tout d'abord on se retrouvera ici-même une fois par semaine, le vendredi après midi...

Au fur et à mesure, il nous expliquait plus amplement ce à quoi nous serions confrontés.

En gros, cette heure supplémentaire servirait à nous familiariser au septième art. Nous assisterions ainsi à des projections de films français comme étrangers pour enrichir notre culture, puis dans un second temps il serait prévu d'étudier les étapes pour tourner un court métrage nous même et manipuler le matériel et les logiciels mis à disposition.

- Si nous vous poussons à faire cela, c'est parce qu'à la fin de notre cession, vous allez devoir nous rendre votre propre projet.

- En gros on va devoir réaliser un film ? demanda une fille au premier rang.

- Exactement. On ne vous demande pas une production d'une heure, mais au moins dix, quinze minutes. Ce pourquoi nous œuvrerons ensemble à l'élaboration de ces travaux.