Chapitre 26

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- Je ne veux pas vous déranger, commença t-il, mais si ça ne vous ennuie pas...

- Mais non fais comme chez toi, acheva mon père ce qui me laissa perplexe.

Je le fixai avec des yeux ébahis auxquels il ne prêta aucune attention.

- Soirée raclette ça vous dit les jeunes ? suggéra Meredith. Adrianna ne passera pas finalement.

« Oh joie ! Je vais bien finir mes vacances.» soufflai-je mentalement.


Mon père était d'humeur joviale pendant le repas, il parla longtemps de son travail où ses responsabilités semblaient lui plaire de plus en plus. Meredith me confia que j'avais fait très bonne impression auprès de ses parents et qu'ils seraient ravis de m'accueillir à nouveau. Je persistais à taire la soirée dramatique passée avec sa fille afin de ne pas relancer de quelconques hostilités. Quant à Jules ? Il se sentait comme un poisson dans l'eau et entretenait de longues conversations avec mon père au sujet de ses propres projets d'avenir.

- Y'a plus qu'à avoir le bac maintenant, acheva t-il. Je m'en sors pas mal sauf en philo mais ça devrait aller.

- Si tu travailles tu n'as aucune raison de le rater. C'est ce que je dis souvent à Lucie.

Ce n'était pas tout à fait vrai, mais s'il désirait croire à cette version je n'allais pas lui gâcher son plaisir. Il était devenu courant de voir mon père souriant, enjoué et je ne devais ce revirement de situation qu'à Meredith, raison pour laquelle je m'autorisais enfin à m'attacher à cette femme. Elle amenait un peu de lumière dans sa vie et cela ne rendait la mienne que meilleure.

Quand nous eûmes débarrassé la table, j'invitai Jules à visiter le reste de l'appartement. Depuis la fenêtre de ma chambre, il regarda la pluie qui redoublait d'intensité.

- Faudrait que j'envoie un message à ma mère, t'as une prise pour mon chargeur ?

- Derrière le lit à gauche, répondis-je.

Je l'observai se pencher pour brancher l'appareil tout en songeant qu'il n'avait vraiment pas l'air d'aller bien. Ses cheveux toujours bien coiffés semblaient encore humides et son regard me paraissait éteint. Il fixait son écran de téléphone en faisant grise mine, et je perdis à mon tour l'envie de sourire.

- Je vais te montrer la salle de bain, annonçai-je pour couper court à ses reflexions.

Je passai dans la chambre de mon père pour saisir un banal t-shirt et un pantalon de survêtement qu'il n'utilisait jamais. Puis Jules m'emboîta le pas jusqu'à la salle d'eau.

- Il y a des serviettes juste dans ce tiroir, lui expliquai-je après avoir déposé les habits sur le bord de l'évier. Et attention l'eau est vraiment froide au début. Oh et toujours utile, on a une réserve de brosses à dents neuves dans le placard au dessus de l'évier. Ca te fera un souvenir à emporter.

- Ou je la laisserai jusqu'à ma prochaine nuit ici, s'amusa t-il.

Je secouai la tête négativement et il me sourit enfin. Je le laissai refermer la porte derrière moi et retournai dans ma chambre vider ma valise. Je profitais de son absence pour trier mes affaires. Son téléphone posé sur ma table de nuit se mit alors à sonner. Je me dirigeai vers lui curieuse.

Ø Appel entrant : Morgane.

Une boule se forma dans ma gorge en voyant cela, et même si je ne sus pas bien ce qui me poussait à agir de la sorte, je refusai l'appel en espérant que Jules ne verrait rien. Elle pourrait très bien le contacter plus tard de toute manière.

RevirementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant