J'appuyai sur le bouton pour décrocher et lançai un timide « Oui ? » anxieuse à l'idée de recevoir quelqu'un.
– C'est Jules.
- Jules ? répétai-je.
- Oui, Aubin. T'en connais beaucoup d'autres ?
J'étais un peu surprise de l'entendre me parler via mon interphone mais le ton ironique de sa voix ne me plaisait guère.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? rétorquai-je peu désireuse de le faire monter.
- C'est toi qui a mon pull et j'ai oublié ma carte d'identité dans la poche, enfin si tu ne l'as pas perdue...
- Comment t'as eu mon adresse ?
- Tu peux me faire monter ? Non parce que j'ai l'air d'un con là dans le hall à parler tout seul !
Je baissai brièvement les yeux sur ma tenue.
J'étais toujours en pyjama, pas maquillée, un chignon fait à la va-vite... Un sex-appeal de malade mental en somme.
- Hmm... Deuxième étage, sur ta droite quand tu sors de l'ascenseur.
J'enclenchai l'ouverture de la porte, et me précipitai dans ma chambre pour retirer son sweat et enfiler un gilet gris à la place. Effectivement sa carte d'identité se trouvait à l'avant et je ne pus m'empêcher de sourire en voyant la tête qu'il faisait sur la photo.
- Salut, dis-je après lui avoir ouvert.
- Je préférais samedi, grimaça t-il en me jaugeant du coin de l'œil.
- Je te propose pas de rentrer, je suppose que ça ne t'intéresse pas ?
- Si tu étais polie tu le ferais, histoire que je puisse me réchauffer. Tu n'es peut-être pas au courant mais il fait genre deux degrés dehors.
Je me décalai et il s'engagea dans l'appartement. Son regard balaya le couloir furtivement. Je lui indiquais le salon d'un geste du bras en allant vers la cuisine :
- Je te sers quelque chose ?
- T'as du café ?
- Je peux en faire.
- Si ton appart est aussi glacial que toi ça vaut mieux...
Je ne me retournais même pas pour lui répondre, me contentant de mettre une dosette dans la machine.
- Je vais chercher ton pull, annonçai-je aussitôt.
- Merci !
Sa voix résonnait depuis le salon, je l'imaginais affalé sur mon canapé jugeant la vaisselle que j'avais abandonnée ainsi que le bouquin aux pages cornés. Il n'était certainement pas du genre à lire et ne se gênerait pas pour m'en faire la remarque.
Je repassai ensuite par la cuisine, glissai sa tasse et du sucre sur une petite assiette et m'emparai d'un paquet de biscuit au passage au cas où ce bougre aurait faim. Si j'étais une hôte pitoyable, il me ferait faire des allers-retours et je n'en avais pas la force.
- Tiens !
Je lui jetai son vêtement avec nonchalance et m'installai sur le fauteuil voisin. J'avais vu juste, il s'était assis sur le canapé, mon livre entre les mains.
- Eragon ? Je les ai lus aussi, ça déchire.
- Sérieux ? Tu parais plus du genre à aller au cinéma, voir les adaptations...
- Y'a des tas de choses que tu ignores à mon sujet. Bon tu peux le garder, je venais juste récupérer ça, j'ai des dossiers à remplir pour l'année prochaine et j'ai besoin de faire des photocopies.
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Revirement
Teen FictionSuite à la mutation de son père en région parisienne, Lucie est contrainte de quitter tout ce qu'elle a toujours connu dans le sud de la France notamment Camille sa meilleure amie et Thomas qu'elle aime pourtant éperdument. Déprimée, elle tente de...