Revirement

Chapitre 14

Mon poing se serra instinctivement tandis que je lorgnais fâcheusement la scène qui se déroulait non loin de là.

Thomas marchait en compagnie d'une fille qui paraissait plus âgée. De taille moyenne, les cheveux auburn, soigneusement vêtue d'une jupe fourreau et d'escarpins de luxe, elle semblait pendue à ses lèvres alors qu'ils parcouraient ensemble le bout de chemin nous séparant encore.

Soudain, il releva la tête et m'adressa un sourire franc. Cela m'apaisa instantanément. Le rejoignant, je me permis de surprendre la fin de leur échange :

- .. m'a permis d'apprendre des tas de choses. En tout cas je te remercie, c'était un voyage très agréable. Il est rare de tomber sur des gens aussi sympathiques. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles et on en discutera.

- Pas de soucis ! Merci à toi, lui répondit-il avec entrain.

- Bon je file, j'ai une correspondance à prendre dans quelques minutes. Profite de ton séjour ! conclut-elle en m'ignorant prodigieusement.

Mon agacement était palpable :

- Charmante...

- Elle était assise à côté de moi dans le train. Cette nana bosse pour une grande chaîne télé. Ca va toi ? Tu es venue seule ?

- Ca avait l'air passionnant ...

- Ne commence pas.

Il déposa un baiser sur ma joue et passa son bras autour de ma taille. Mes lèvres formèrent un rictus déplaisant et je lui montrai mon père qui nous attendait en un signe de tête. Il leva les yeux au ciel.

Ils avaient beau être les deux principaux hommes de ma vie, c'était à peine s'ils faisaient semblant de se supporter et j'osais espérer que les prochaines heures ne seraient pas trop pénibles.

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- On sortira tous les deux ? lui proposais-je sur la route qui conduisait à la maison.

- Tu veux m'emmener où ? m'interrogea t-il avec curiosité.

- On mange un morceau en rentrant, tu déposes ta valise et on ira marcher dans le froid le long de la Seine, taquinai-je.

- Tout ce que tu voudras.

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Le lendemain, j'émergeai en douceur, blottie contre le corps brûlant de Thomas qui dormait paisiblement. J'avais entendu Papa sortir de l'appartement quelques minutes plus tôt, ce qui me laissait supposer qu'il ne tenait pas à se retrouver trop longtemps en compagnie de mon petit ami.

La soirée d'hier s'était pourtant bien déroulée. Comme annoncé, à peine la porte franchie mon père avait commencé à cuisiner pendant que je faisais visiter les lieux à Thomas.

Tout en étalant ses affaires, il avait commenté les photos de lui qui trônaient sur mes murs. Nous avions ensuite pris soin de manger tous les trois devant le journal télévisé, ce qui évitait à mon père de meubler la conversation, puis chaudement emmitouflés sous nos écharpes et manteaux, nous étions partis en tête à tête dans les rues parisiennes. Thomas avait insisté pour faire des photos sur les Champs Elysées, qu'il s'était empressé de poster sur les réseaux sociaux.

-  Ca fera taire les mauvaises langues, avait-il noté avant de m'expliquer que beaucoup avait remis notre relation en cause depuis le Nouvel An.

A la suite de cela, il m'avait offert des confiseries dans lesquelles j'avais pioché avec gourmandise sur le retour à l'appartement.

Cependant aujourd'hui, je n'avais pas spécialement envie de sortir. La soirée qui s'annonçait me donnait même envie de rester coucher à faire semblant d'être malade. Mais Thomas était présent et je voulais qu'il profite de son week-end.