Chapitre 29

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- Bien dormi ?

Je frottai mes yeux encore à demi clos avec la paume de ma main tout en saisissant la brique de jus d'orange au réfrigérateur. Un furtif regard lancé sur l'horloge suspendue me permit de remarquer qu'il était onze heures. J'avais fait le tour du cadran cette nuit.

- Trop visiblement, maugréai-je pour toute réponse à Meredith.

- Espérons que ceci te mettra de meilleure humeur, renchérit mon père en agitant une enveloppe devant mon nez.

Je remarquai immédiatement qu'elle avait été ouverte, pourtant elle m'était adressée.

- Tu lis mon courrier maintenant ?

- Ouvre donc !

Après m'être assise sur le tabouret du bar, j'extirpai la lettre de son emballage et parcourus brièvement son contenu.

- Et nous avons le plaisir de vous annoncer que votre candidature a été retenue par notre établissement...

« Oh mon Dieu je suis prise ! »

- Mais c'est génial ! m'écriai-je. Oh punaise j'en reviens pas, vous auriez pu me le dire directement !

- Félicitations, me répondit Meredith.

Mon père me serra dans ses bras, son regard fier me toucha.

- Si tu sors du lycée avec ton bac, l'école t'ouvre ses portes ça se fête ! me dit-il. Un petit verre ce soir ça vous tente ?

- Avec grand plaisir, répondit Meredith.

J'opinai à mon tour à sa suggestion et sautai sur mon portable dans le but d'avertir Thomas, mais ma raison me rattrapa. Je ne lui avais pas dit que j'avais visité l'école. Il avait cherché à m'en dissuader. Je n'allais pas expier mon erreur tout de suite, alors que la journée semblait si paisible, d'autant que je n'étais pas sûre non plus de rester à Paris. Il me fallait cogiter tout cela à tête reposée.

Mais c'était sans compter sur l'intervention d'Adrianna qui s'était tût jusqu'à présent et dont j'avais à peine remarqué la présence :

- Et pourquoi vous ne sortiriez pas tous les deux en nous laissant l'appartement ? Lucie pourrait inviter quelques connaissances ça me ferait plaisir de nouer des liens avec ses proches. Après tout elle deviendra peut-être ma petite sœur...

Sur ces dernières paroles elle passa un bras autour de mon cou et son hypocrisie perla sur chaque centimètre carré de peau qu'elle effleurait.

- Heu .. Je ne sais pas trop, commença Meredith. Peut-être que ce serait plus sag..

- Excellente idée ! Ce sera l'occasion de vous rapprocher, trancha mon père devant mon regard courroucé. Ca te convient Lucie ?

« Comme si j'avais le choix.. »

__________

- Tu es contente de toi hein ? pestai-je contre Adrianna tout en enfournant des mini quiches au four.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.

- C'est ça élude la question ! Il a fallut que tu t'en mêles pour assouvir tes pulsions de vengeance.

Je préparai un plateau avec des gobelets et serviettes en papier pendant qu'elle grignotait sans rien faire des chips directement dans le paquet. La pensée qu'elle puisse glisser quelque chose de bien crade dedans pendant que mon attention était détournée me vint à l'esprit. Je le lui retirai brusquement :

- Si tu t'avises de faire quoi que ce soit à mes potes je peux te promettre que je t'arracherais les cheveux un par un dans ton sommeil.

Ma menace lancée, j'installai mes préparations sur la table basse du salon tout en soupirant. Meredith et mon père passerait la soirée chez des amis et ne reviendraient que le lendemain dans la matinée. J'avais sans enthousiasme demandé aux filles et à Jules, Benjamin et Karim de passer, en espérant qu'ils ne seraient pas disponibles. Manque de bol : ils avaient tous consenti à venir. Au moins Taïna pourrait discuter avec le mec qu'elle convoitait c'était ça de gagné.

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