Chapitre 28

173 36 46
                                    

Cette fois j'en étais sûre ...

Jules me plaisait. Et cela m'écorcherait la gorge de l'avouer à quiconque. Je devais continuer à ne rien laisser transparaître, même si je ne tromperais pas les gens éternellement.

- Je veux que tu rentres chez toi. On a fini.

- Pour aujourd'hui...

- Non, pour toujours ! Mais merde alors il faut te l'expliquer en quelle langue Jules ? J'ai quelqu'un, tu as quelqu'un, c'est mal d'agir comme ça.

- Parce qu'on se cherche un peu c'est mal ? me coupa t-il. Tu te prends trop la tête tu sais. Profite ! Dans quelques années tu pourras penser à des choses sérieuses mais à dix-huit ans franchement ?

- Dix-sept...

- Pour l'instant...

- Mon anniversaire tombe en avril. Et si tu te tiens tranquille jusque là, je t'inviterai. Comme ça tu pourras rencontrer Thomas, et juger par toi-même la situation.

- Oh super, j'attends ça avec impatience, ironisa t-il en fourrant ses affaires dans son sac à dos.

_________

Bouleversée.

Etait-ce le mot que je souhaitais utiliser pour qualifier mon état émotionnel ? C'était fort possible. Après tout c'était une expression qui correspondait à toute situation, on pouvait être bouleversé par quelque chose d'heureux, comme quelque chose de tragique. Et j'étais entrain de voguer entre ces deux courants.

Après une longue journée de cours  j'avais espéré me reposer tranquillement à la maison en regardant des émissions stupides sans y consacrer d'intérêts mais c'était sans compter sur l'annonce que mon père s'était apprêté à me faire.

- Il y a eu un problème de dégât des eaux chez Meredith. Ses meubles ont pris un sacré coup, le parquet aussi, elle vient s'installer quelques temps à la maison avec Adrianna jusqu'à ce que tout soit remis en ordre.

Ce qui traduit couramment signifiait « tu vas devoir coexister avec la fille qui te déteste le plus au monde. » Génial.

- Il est hors de question que je partage ma chambre avec elle.

- Sois raisonnable...

- Papa on ne s'aime pas. Et j'ai besoin de mon intimité. Elles n'ont qu'à dormir à l'hôtel si ça ne plait pas.

- Lucie ! s'exclama t-il en fronçant les sourcils. Que tu le veuilles ou non, elles font maintenant partie de la famille.

Je riais sous cape.

- Oh pardon j'ignorais que vous étiez mariés avec Meredith ! rétorquai-je dans l'espoir de lui clouer le bec.

- Pas encore. Mais c'est envisagé...

Ce n'était pas une douche froide non, c'était carrément un torrent glacial qui se déversait sur moi et rendait tout raisonnement impossible. Je n'étais pas prête à encaisser une telle nouvelle, tant et si bien que je m'affalai sur la première chaise que je trouvais.

- Pourquoi ? Je veux dire... Ce n'est pas une nécessité, ça engage à tellement de choses et vous vous connaissez si peu.

- Mais enfin depuis des années tu me répètes de reconstruire ma vie et là tu t'y opposes ? Je ne comprends pas. Tu voulais que je trouve quelqu'un, que je remplace ta mère dans mon cœur .. et à présent...

- Je voulais que tu remplaces maman, mais pas moi !

Je marquai une pause le temps de respirer un bon coup :

RevirementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant