Chapitre 20

312 40 124
                                    

Quelqu'un décrocha, et je tombai de haut...

- Allô ? s'enquit une voix féminine.

Pour avoir fréquenté sa famille des heures durant, je pouvais assurer que ce n'était en aucun cas sa mère.

- Pourrais-je parler à Thomas ?

- Il est occupé. Vous souhaitez laisser un message ?

- Sans façon. Je peux savoir à qui je m'adresse ?

- Maureen Rousseau. Il vous rappellera. Bonne soirée.

- Je ne crois pas, je vais attendre que vous me le passiez. Je suis sa...

BIP. BIP. BIP.

Elle venait de me raccrocher au nez sans plus d'explications. J'aurais souhaité m'être trompée de numéro mais ce n'était pas le cas. J'étais complètement déboussolée. Avec empressement, je me connectai à mon compte Facebook depuis mon mobile et commençai à faire quelque chose qui ne me ressemblait guère : espionner les fréquentations de mon copain.

Je tapai le nom Rousseau dans ses amis et tombai sur le profil d'une jeune femme souriante. Son visage me paraissait familier mais je n'arrivais pas à l'identifier.

Elle était clairement plus âgée et il était actuellement vingt-deux heures. Thomas était en sa compagnie un mardi soir ?

Mon estomac se contracta et j'eus envie de vomir.

Il ne pouvait pas me faire ça ? Il ne pouvait pas me tromper quand même ? Je ne le croyais pas, je refusais même d'y songer. Il devait y avoir une explication raisonnée, un détail qui m'échappait. Camille m'avait jurée qu'il était fou de moi et que sa tête fourmillait de projets nous concernant. C'était purement irréaliste d'imaginer qu'il fréquentait quelqu'un d'autre dans mon dos.

Thomas n'était pas ce genre de mec, s'il ne voulait plus de moi, il me l'aurait fait savoir d'une manière ou d'une autre.

La soirée tournait au fiasco et je ne cessais de verrouiller et déverrouiller mon écran dans l'espoir d'y trouver une notification.

Il allait me joindre et me donner une explication. Il ne pouvait pas me laisser passer la nuit avec des angoisses qui me rongeaient le sang. Je devais à tout prix m'occuper l'esprit en attendant un signe de vie de sa part. J'allais finir par casser quelque chose dans le cas contraire. Je m'emparai de mes fiches d'exercices de maths afin de m'entraîner pour le contrôle. Comment joindre l'utile à... A rien de très agréable en vérité puisque je ne savais pas ce que j'allais finir par découvrir. L'heure tournait et de mon côté, je souffrais le martyre.

___________

« Soit la fonction g, définie par g(x) = f (ax +b ) sur un intervalle J tel que, pour tout x de J, ax + b est dans I. La fonction g est dérivable sur J et g'( x) = af'( ax + b)... »

Je suppliais sans bruit le ciel de me tirer de ce cauchemar.

Tout se mélangeait dans ma tête, propriétés, chiffres, lettres...

Je n'avais pas dormi de la nuit, trop désireuse de recevoir ne serait-ce qu'un tout petit message, un "bonne nuit", un cœur, un point même !

Mais rien. Zéro. Exactement comme la note que j'aurais si je continuais à regarder bêtement ma copie sans rien retranscrire. Je voulais juste rentrer chez moi, m'enfouir sous la couette et ne plus jamais quitter mon lit. 

Pire. Je voulais assassiner cet homme qui me faisait délibérément du mal en m'ignorant, en me laissant culpabiliser, priant pour qu'il ne soit pas avec cette autre fille, plus belle, plus mûre et plus intelligente.

RevirementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant