Je t'aime mais... [en Correction]

Prologue

Dix-neuf avril, trois heures vingt-sept, par une nuit de printemps sans lune. Le temps est à l'orage dehors et l'électricité est perceptible dans les airs. Devant une tasse de thé brûlante, Mathilde s'assoit enfin dans un canapé en salle de pause des urgences pédiatriques en compagnie de sa collègue et meilleure amie Léa. La pièce est toute petite avec des murs bleus pâles défraichis. La fenêtre ouverte, donnant sur un petit parc longeant l'entrée des urgences, ne laisse pas entrer le moindre souffle d'air frais rendant l'atmosphère lourde dans la pièce exiguë. Au loin, on entend les sirènes d'une ambulance mêlées à celles de la police qui se rapprochent rapidement de l'hôpital.

L'ambiance de la salle de repos du service est calquée sur l'humeur des filles qui ont un peu de mal à se détendre après leur longue nuit de travail sans répit.

- Quelle nuit! soupire Mathilde. Ils ont décidé de ne nous laisser aucun temps calme!

- Ne m'en parle pas, ça fait trois nuits que ça se passe ainsi ! Nos petits patients défilent à un rythme effréné en salle d'attente avec leurs parents et ça ne va jamais assez vite pour ces derniers. A croire que nous ne travaillons pas et passons notre temps en salle de pause ! Passe moi le sucre s'il te plaît Mathilde, dit Léa d'un ton las. Et la nuit n'est pas finie, j'en ai bien peur... Mais, j'y pense, j'ai oublié de te raconter un truc dont Marielle m'a parlé! Il paraît que...

A ce même moment, un appel arrive dans l'interphone : "l'ensemble du personnel soignant est demandé en salle de déchocage, merci."

-C'est pas vrai! se lamente Léa en remettant ses chaussures. Ils ne nous épargneront pas... Tu as entendu dehors? Toutes ses sirènes qui se rapprochaient? C'est pour nous, tu crois?

-Allez, courage, on avisera! rigole Mathilde. Plus que deux heures trente et nous rentrerons chez nous. Et tu n'oublieras pas de me raconter ton histoire plus tard....

Quittant à grand regret leur petite bulle de détente, les deux filles se lèvent et se dirigent vers l'avant du service des urgences pédiatriques qui commençait à se vider enfin.