Chapitre 18

97 11 6
                                    

La bouche toujours ouverte à s'en décrocher la mâchoire, Léa n'arrive pas à détacher son regard du séduisant médecin. Elle se frotte les yeux, se pince le dos de la main et s'exclame:

- Non mais je rêve éveillée, c'est pas possible! Bien sûr qu'on se tutoie... Qu'est-ce que tu fais ici, Gauthier, dans la cuisine de mon amie? Et dans quelle tenue, en plus, t'es à moitié nu! Bon, ce qui n'est pas forcément désagréable....

Elle ne peut quand même s'empêcher d'admirer sa plastique irréprochable et de le trouver super sexy. Musclé, mais juste ce qu'il faut, pas de tablettes de chocolat saillantes, pas de bras body buildés. Il arbore un tatouage sur son bras droit avec un dessin maori, ses cheveux sont en bataille et ses yeux verts pétillent.

Pendant ce temps, Mathilde remonte les escaliers en courant. Elle s'arrête net dans l'embrasure de la porte et contemple la scène sans rien dire. Elle est vraiment mal à l'aise et songe déjà à ce que va lui dire Léa. Elle risque de passer un sale quart d'heure!

- Il semblerait que je sois en train de boire un café, Léa! lui répond Gauthier sur un ton moqueur.

Il s'approche de Mathilde, attrape ses lèvres, y dépose un furtif baiser et caresse sa joue.

- Je vais y aller, mon amour, le café est prêt, je vous laisse entre filles, je t'appelle plus tard.

Il entre dans la chambre, enfile tranquillement ses chaussettes, ses chaussures et sa veste laissant à cette dernière le tee-shirt qu'elle porte sur elle et prend congé des deux filles. La jeune femme n'a pas bougé d'un poil, le maudissant intérieurement de la laisser seule avec son amie. Elle semble pétrifiée. Léa et elle se font face et le regard de cette dernière est lourd de reproche et d'incompréhension. La tension est palpable dans la cuisine.
Gauthier dévale les escaliers et la porte d'entrée se referme dans un bruit sourd.

- J'ai pas rêvé, Mathilde? C'est bien Gauthier qui sort de chez toi en t'embrassant et en t'appelant "mon amour"???? Mon amour.... Comment as-tu pu me faire ça? hurle Léa. Je croyais être ta meilleure amie, on était sensées n'avoir aucun secret l'une pour l'autre et je trouve notre futur chef de service à moitié nu dans ta cuisine, un café à la main? Et toi, en slip et tee-shirt pour m'ouvrir la porte? Je comprends mieux pourquoi tu m'avais oubliée ce matin! Mais tu te fiches de qui? Plusieurs fois je t'ai posé des questions à son sujet, tu les as toutes esquivées, trouvant toujours une nouvelle excuse! Non mais t'as pas honte de me trahir comme ça? Quand je pense que je venais te parler de Lucas, qu'est-ce que j'ai pu être conne! Cela sert à quoi les amies, tu peux me dire?

Léa ressemble à une vraie furie plantée au milieu de la cuisine de Mathilde.

- Léa, s'il te plaît, calme toi, je voulais t'en parler tu sais! intervient Mathilde, la voix tremblante. Assieds toi s'il te plaît!

Cette dernière ne s'exécute pas et commence à faire les cent pas dans la pièce.

Mathilde, toujours tremblante, s'avance vers le bar, sert un café à son amie et s'en prend un aussi.

- Me calmer? Mais comment pourrais-je? Tu as dépassé les bornes, Mathilde. Je suis furieuse! Tu comptais me le dire quand? Si tu comptais me le dire bien sûr! Évidemment, puisqu'il ne t'intéressait pas... rajoute Léa ironiquement.

- Assieds toi, s'il te plaît, je crois qu'il faut que l'on se parle vraiment, lui répond-t-elle calmement.

Léa soupire bruyamment et prend enfin une chaise et s'installe face à son amie. Ses doigts jouent nerveusement sur la table et son pied ne cesse de battre la mesure par terre. Mathilde respire longuement le parfum de Gauthier Cool water de Davidoff resté sur son tee-shirt, elle l'adore déjà. Son odeur lui donne du courage.

- Je suis sincèrement désolée Léa. Commence-t-elle, vite interrompue par son amie.

- Oh mais, tu peux l'être mais ça ne suffira pas comme excuse, tu sais?

- Je sais, reprend Mathilde en soupirant à son tour, tout est arrivé si vite et pour te dire, trop vite. J'aurais dû t'en parler la dernière fois au resto mais ce qui s'était passé entre Gauthier et moi était trop frais et m'avait anéantie. Je voulais essayer de comprendre mais surtout oublier...

- C'est bien lui, alors, qui a passé son temps à t'appeler ce jour là? demande Léa d'une voix déjà plus calme.

- En effet.

- Pourquoi ne m'as tu pas ouvert ton cœur à ce moment? Tu sais pourtant que ça fait du bien de parler!

Le ton de Léa s'est considérablement adouci.

- Tu as raison, j'en suis sincèrement désolée, je regrette vraiment. Je vais, si tu le veux bien, tout te raconter depuis le début.

- Même les détails les plus croustillants? rigole Léa qui s'est détendue.

- Oh! Tu ne changeras donc jamais! lui répond Mathilde en souriant franchement.

Mathilde avale une gorgée de café et se met à raconter toute l'histoire du médecin à son amie, ne négligeant aucun détail. Elle lui narre aussi le début de leur rencontre afin que Léa ait toutes les clés en main pour la guider si besoin.
A la fin, celle-ci s'exclame:

- Et ben ma belle, c'est plutôt moche comme histoire! Pauvre Gauthier! Mais en y pensant, ça le rend encore plus sexy ce côté sombre et orageux... Et l'épisode de la réserve aux urgences.... Ouah, Mathilde, j'adore!!!!!! Vous avez fait fort! Fallait oser! Tu caches bien ton jeu! dit la jeune femme d'un air espiègle.

- Ah Léa! Mais que vais-je faire de toi? Heureusement que je t'ai à mes côtés, je me serai ennuyée sans toi!

- Mais non, voyons! Bon, sérieusement, la tâche qui t'incombe est considérablement de taille. Il me semble que le chemin risque d'être plus que semé d'embûches. Je suis là Mathilde, ne l'oublies jamais. Quel que soit le moment, appelle moi car je crois que tu vas avoir besoin de soutien et de réconfort par moment. Cela dit, je pense que cet homme en vaut vraiment la peine, accroche toi, vous le valez vraiment bien !

- Je sais, je te remercie et je te promets que je le ferai. Plus de secrets entre nous ni de malentendus!

Léa se lève et prend son amie dans ses bras un long moment. Quand elle relâche son étreinte, Mathilde lui demande:

-Bon, assez parlé de moi! Tu me racontes ce qui ce passe avec ton charmant Lucas?

- Vas enfiler une tenue décente, on va courir, ça nous fera le plus grand bien et je te raconterai en chemin, c'est promis!

- Ok, ça me va, laisse moi cinq minutes, j'arrive!

Je t'aime mais... [en Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant