Chapitre 32

70 5 1
                                    

Gauthier.

Putain, bordel, qu'est-ce que j'ai mal au crâne! Qu'est-ce qui s'est passé? J'ai l'impression qu'un marteau piqueur vrille dans ma tête. Faut que ça s'arrête...

J'ai la nausée, mon estomac fait des bons vertigineux, je crois que je vais vomir...

J'arrive pas à ouvrir les yeux, la clarté m'aveugle. Quelle heure peut-il bien être? Putain, où je suis?

Je tourne et me retourne dans le lit, tout est silencieux autour de moi. Où est Mathilde? Elle est déjà levée? C'est pas son lit, notre lit... Où suis-je, mais où putain???

J'essaie de me concentrer difficilement. J'ai froid, je suis en boxer sous le drap. Où sont mon tee-shirt et mon caleçon? Quand est-ce que je les ai enlevés?

J'essaie de me redresser tant bien que mal dans mes oreillers. Je me décide enfin à ouvrir les yeux, les souvenirs afflueront peut être. J'ai un goût de vomi dans la bouche, c'est affreux.

Putain, je suis chez moi, dans mon appart, dans ma chambre, il y a deux chaises juste à côté de mon lit. Qu'est-ce que je fous là? Qu'est-ce qu'il s'est donc passé?

Je m'assois dans mon lit, déterminé à comprendre la situation dans laquelle je me trouve quand j'entends des pas dans la pièce à côté. J'écoute attentivement, ils quittent le salon et se rapprochent de moi.

Je me redresse et attend, quelque peu inquiet mais je suis totalement incapable de bouger, comme paralysé.

C'est avec un réel soulagement mêlé à une pointe d'inquiétude que j'aperçois Jean Pierre dans l'encadrement de la porte. Il me regarde bizarrement, un soupçon de colère et d'amertume teinte son regard.

Je me sens d'un coup encore plus mal et la nausée qui s'était estompée refait surface rapidement. Qu'est-ce qu'il fait chez moi, dans ma chambre à me regarder comme ça ?

Putain, Mathilde, il lui est arrivé quelque chose, c'est ça!
Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il m'assène brutalement:

- Ça y est? T'as enfin émergé? Il est dix huit heures trente! J'espère que t'as bien mal au crâne et que la nausée ne t'a pas quitté! T'aurais pu crever dans ta gerbe connard, si on n'était pas venu te chercher!

Les paroles de Jean Pierre agissent comme un électrochoc et me font desaoûler de suite. Il ne m'a jamais parlé sur ce ton et encore moins avec ces mots. La seule fois que l'on m'a causé ainsi, c'était pour mes dix sept ans quand j'ai "emprunté" la voiture de mon père, sans permis et sans permission!

Incapable de parler, je le laisse continuer:

- T'en a pas marre d'emmerder le monde et les gens qui tiennent à toi? Non mais t'as quel âge? Quinze ans?Depuis quand picoler à la limite du coma ethylique et tout péter dans ton appart aide à résoudre les problèmes? Tu te rends compte que Mathilde t'as cherché partout ce matin avant d'appeler les pompiers pour enfin ouvrir ta porte? Non mais regarde toi, tu me fais pitié, Gauthier, je ne suis pas sûr que tu la mérites cette fille, tu la rends dingue avec tes conneries. Tout ce que tu vas arriver à faire, c'est la faire fuir. Putain, elle est la meilleure chose qui te soit arrivée depuis Anna. T'es vraiment trop con!

Les souvenirs se mettent à se bousculer dans mon cerveau. L'alcool que j'ai ingurgité bouteille après bouteille, le vin blanc, le whisky, la vodka, les habits d'Anna renversés, épars dans le dressing, les meubles et cadres renversés et le trou noir au milieu de mon salon, là où j'ai sombré.

Quatre ans qu'ils sont partis...

Comment ai-je pu être aussi con? Il m'a parlé de Mathilde, mais où est-elle? Elle a dû se sauver en courant quand elle m'a vu dans cet état lamentable et elle a eu raison, j'suis qu'un pauvre petit con qui ne la mérite pas, elle est trop bien pour moi. Je crois que là, c'est fichu entre nous et j'ai rien à dire. Je suis un minable, un point c'est tout, il suffit de regarder la façon dont Jean Pierre m'observe, même mon père ne l'a jamais fait ainsi.

Je t'aime mais... [en Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant