Chapitre 33

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Gauthier.

Dix jours interminables sont passés depuis que Mathilde a violemment claqué la porte de mon appartement. Dix longs jours sans un appel, un sms, un signe de vie...

J'ai appelé Léa, elle ne veut pas me dire où elle se trouve, il paraît qu'elle ne veut ni me voir ni entendre parler de moi pour le moment, elle veut faire le point, essayer de voir plus clair dans sa tête. D'ailleurs, je me suis pris une engueulade monumentale de la jeune femme, je crois que j'ai bien compris les conséquences de mes actes, elle n'a même pas voulu écouter ma version des faits. Je n'ai pas insisté pour Mathilde, je commence à plutôt bien la connaître, elle est du genre borné, elle m'enverra balader tout simplement. J'ai pensé aussi à appeler ses parents ou aller chez eux pour voir si elle y est, mais ils ne m'ont encore jamais vu, ils risqueraient de me prendre pour un cinglé. A juste titre... Je suis passé chez elle, ce qui était notre "chez nous", récupérer quelques affaires, je me suis couché dans son lit, notre lit, respiré son odeur, notre odeur dans les draps froissés, elle me manque affreusement...

J'ai vu Jean Pierre pour notre rendez vous de travail l'autre jour, il a été cordial avec moi mais sans plus. Je me suis à nouveau excusé, il a fait la sourde oreille. Sa froideur me fait mal, même si je peux le comprendre sans problème. Il s'est donné sans compter pour moi, il a été comme un père toutes ses années, il m'avait pris sous son aile et en cinq heures, une putain de matinée, je fous tout en l'air, je trahis la confiance des deux personnes qui comptent le plus pour moi.

Je suis M I N A B L E.

Si je ne les récupère pas, je vais devenir cinglé. Surtout Mathilde, elle est mon oxygène, ma vie, elle me maintient la tête au dessus de l'eau, elle m'est indispensable. Même si au fond de moi je le savais, je viens de réaliser que je ne peux absolument plus vivre sans elle, j'espère qu'elle voudra encore de moi. J'en peux plus de son absence, partout où je vais, j'ai l'impression de la voir, de la sentir, elle me manque tellement. Je suis retourné vivre dans mon appart, mon lit est vide, sa chaleur, sa peau contre la mienne me manquent.

Aux urgences, j'en peux plus des regards concupiscents de mes collègues, de leurs messes basses sur mon passage quand ils ne m'évitent pas tout simplement. Ma tête va éclater si ça continue, j'ai l'impression de devenir fou.

J'ai remis mon appart en ordre, j'ai effectué un grand tri. J'ai ramené des cartons vides de l'hôpital, j'y ai rangé tous les vêtements d'Anna, sans aucune exception et je les ai ramené à une association qui les collecte pour les personnes démunies. Ça m'a beaucoup coûté, j'ai eu du mal, ça m'a à nouveau brisé le coeur, j'ai eu l'impression qu'elle mourrait une seconde fois.

J'ai fait de même avec le petit berceau d'Alex et toutes ses petites affaires qui l'attendaient bien sagement pliées dans l'armoire. J'ai cru ne jamais y arriver.

J'ai décroché tous les cadres et je les ai rangés, bien emballés au fond d'une boîte. Quel déchirement. Mais en le faisant, je ne pensais qu'à Mathilde, à ses yeux, son sourire qui me consume quand elle me l'adresse et j'en ai tiré ma force. C'est elle qui me permet d'avancer et je ne peux plus vivre sans elle. Il faut que je lui dise et surtout que je le lui prouve. Ça va être difficile, je crois que j'ai grillé toutes mes cartouches. Elle a passé son temps à essayer de me comprendre, de me pardonner et je ne lui ai pas beaucoup donné en retour. Je ne suis qu'un sale con et je viens seulement de m'en rendre compte. Il faut que je la vois, j'en peux plus de son absence, j'en crève à petit feu.

Je n'ai pas pu m'empêcher de lui laisser des messages sur son répondeur, de lui envoyer chaque jour des sms pour lui dire que j'avais fait le ménage dans mon appart et dans ma vie et ô combien elle me manquait et ô combien je l'aimais. Le livreur de fleurs m'a dit que tous les bouquets de roses restaient posés contre sa porte. Elle n'est pas de retour chez elle, elle ne m'a donné aucun signe de vie, ça m'angoisse. Je vis avec une boule au ventre, je n'en dors plus, je suis à l'agonie.

******

Cinq heures du matin, après quelques heures de sommeil agité, je me réveille en sursaut. La Bourgogne, c'est là qu'elle doit être. On s'était dit que ce serait notre endroit où l'on irait pour se retrouver, se resourcer si tout allait mal entre nous! Retrouver les racines de notre amour, de notre couple.

Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Je suis vraiment minable, c'est moi qui avait décrété que ce serait là qu'on se retrouverait si tout allait mal, quel con, c'est pas possible!

Je me lève rapidement, me dirige d'un pas décidé vers mon dressing et jette dans un sac à dos quelques affaires. Je file dans la salle de bain, prend une rapide douche, me brosse les dents et ne prend même pas le temps de me raser. J'avale ensuite un café bien serré et attrape les clés de ma moto, ce sera bien plus rapide qu'en voiture.

Je descends au garage, l'ouvre, enfile mon casque et enfourche ma bécane. Je démarre en trombe en prenant soin de fermer la porte à l'aide de la télécommande.

Cinq heures quarante cinq. Dans trois heures j'y serai.
Les kilomètres et les heures défilent sans que je m'en rende compte. Je ne m'arrête que pour mettre de l'essence. Un seul truc m'obsède pour l'instant, retrouver Mathilde coûte que coûte.

Neuf heures cinq, arrivé à l'hôtel, je gare ma moto sur le parking réservé à cet effet. La voiture de Mathilde n'est pas là, mon anxiété monte d'un cran. Je me dirige d'un pas rapide vers l'entrée. Tout est encore calme lorsque je pousse la porte et j'aperçois, à la réception, Vanessa, la jeune femme qui s'était occupé de nous la dernière fois.

Je plaque mon plus beau sourire sur mes lèvres et lui demande d'un air charmeur:

- La chambre de madame Rossi, s'il vous plaît ?

Vanessa me regarde quelque peu étonnée, mais me répond:

- Madame Rossi vous attend ? Elle ne m'a pas prévenue...

Ouf! Elle est bel et bien là ! L'espace d'un instant, j'ai eu peur. Je me sens soulagé. Je continue, droit dans mes baskets :

- Bien entendu, je l'ai eu au téléphone hier soir et nous avons convenu de prendre le petit déjeuner ensemble ce matin! J'aimerais lui faire une surprise et la réveiller tendrement.

Je fais un clin d'oeil à Vanessa qui rougit légèrement.

- Chambre 4, la même suite que vous avez occupé la dernière fois. Si je peux me permettre, prenez soin d'elle, elle n'a pas l'air vraiment en forme !

- Merci de votre conseil, Vanessa, lui dis-je, je le sais, c'est pour ça que je suis là !

Je quitte la jeune femme et monte les escaliers en quatrième vitesse. Je m'arrête devant la porte et hésite un petit instant avant de frapper. Ai-je fait le bon choix ?

Je n'ai pas le temps de tergiverser longtemps, alors que mon poing est en l'air, prêt à se poser sur la porte, cette dernière s'ouvre lentement.

La stupeur se lit sur le visage de Mathilde qui me regarde comme si elle avait vu un fantôme.

- Qu'est-ce que tu fous là Gauthier? dit-elle froidement.

Je ravale difficilement ma salive et me lance:

- Je suis venu te chercher et te ramener chez nous mon amour, te dire que je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne. Je ne suis rien sans toi, je crève de ne plus t'avoir à mes cotés.

Pour la bague, on verra plus tard, c'était pas prémédité, je me laisse glisser un genou au sol, plante mon regard dans le sien et lui demande, les larmes aux yeux :

- Mathilde, je veux passer le reste de ma vie à faire de toi la femme la plus heureuse du monde, veux-tu passer le reste de ta vie auprès de moi et m'épouser?

Je t'aime mais... [en Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant