Chapitre 17

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Est-ce que j'en avais envie ? Bordel de merde. Je me posais la question depuis presque deux semaines. J'hésitais. Mais j'hésitais vraiment... La conversation que j'avais eue avec Michael me taraudait encore. J'essayais de ne pas trop y penser. C'était facile quand Kit était avec moi, je ne pensais plus du tout à ma vie d'avant. Par contre, ça l'était beaucoup moins quand j'étais au travail et que je laissais mon esprit dériver pendant quelques secondes.

Ils n'avaient pas laissé tomber. Je n'avais parlé qu'à Michael, mais je me doutais bien que c'était la même chose pour Ashton et Calum. Ils me demandaient à chaque fois où j'étais. Je savais bien que les chances pour qu'ils me retrouvent étaient minimes. Surtout dans une ville comme Melbourne. En plus de ça, j'avais bien changé. J'étais plus grand, bien plus large d'épaule et j'avais changé de coupe de cheveux. Je ne ressemblais plus du tout au gamin qui avait quitté Sydney. J'essayais de me rassurer en me disant que, même s'ils me croisaient par hasard dans la rue, ils devraient y regarder à deux fois avant de me reconnaître.

Pourtant, ça ne me suffisait pas. Pour cette raison, pour commencer, mais aussi parce que j'avais vraiment envie de prouver que j'étais différent. J'avais grandi, autant physiquement que mentalement. Je savais ce que c'était que d'avoir des responsabilités, de devoir gérer son argent et de pouvoir mener sa propre vie. J'avais décidé de me le prouver. Physiquement. Mais j'hésitais.

J'avais envie de me faire un piercing au labret décalé avant même de travailler ici. Je n'avais jamais demandé à ma mère ou à mon père parce que je connaissais la réponse avant même d'avoir posé la question... Non. Un non ferme et définitif. S'en serait suivi une ou deux heures de débat pendant lesquelles ils m'auraient expliqués tous les points négatifs de mon idée, du côté esthétique à ma future recherche d'emploi en passant par l'aspect médical. Si je m'en étais fait un en douce – en admettant que j'aurais trouvé un salon qui me l'aurait fait puisque Art Body ne tatouait et ne perçait que des majeurs ou des mineurs ayant une autorisation parental – ma mère l'aurait arraché dans la seconde. Avec ses dents.

Voilà que j'avais le choix, que je pouvais me le faire, mais j'hésitais quand même. J'avais peur. Ouais, j'étais un grand gaillard qui frisait le mètre quatre vingt dix et je flippais. Je me décidais finalement. Mais merde à la fin ! J'avais envie de le faire, je savais même précisément quel anneau définitif je voudrais me mettre, je n'allais pas laisser dix secondes de douleur balayer ma décision ! Je n'étais pas comme une chochotte comme certains des mecs qui passaient ici !

Je me ragaillardis en regardant l'heure. La boutique fermait dans dix minutes. Il y avait peu de chance pour que quelqu'un vienne encore chez Caro à cette heure. J'allais à son atelier, marchant à grands pas comme si j'avais peur de changer d'avis en route. Sur les cinq mètres que j'avais à faire. Je n'étais quand même une petite nature... Si ?

Je toquais rapidement, entrant dès que Caro m'en eu donné l'autorisation. Elle était en train de nettoyer ses plateaux. Ils nettoyaient toujours tout ici. C'était carrément inimaginable que quelqu'un débarque un jour en disant qu'il avait attrapé une infection dans cette boutique. Un hôpital n'aurait pas été plus propre !

- Ne me dit pas qu'il y a encore quelqu'un pour moi maintenant ! Râla t-elle.

- Heu... Si.

Elle poussa un long soupir avant de reposer son plateau. Je me dandinais d'un pied sur l'autre, pas à l'aise du tout. Je la saoulais. Je le voyais bien. Caro était une des seules qui partaient toujours à l'heure. Sauf quand elle avait un client bien sûr, il lui arrivait de rester plus tard, mais ce n'était pas fréquent.

Welcome To My Life // 5 Seconds of SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant