Chapitre 23

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D'habitude, on ne remarque pas que le temps passe. Sauf en cours de math. Là ça passe, mais très, très lentement. C'était de nouveau une autre histoire quand on garde les yeux fixés sur l'horloge du lecteur DVD.

Il était 20h00.

Une ou deux éternités plus tard...

Il était 20h01.

C'était de la torture. J'avais l'impression que je n'avais jamais rien ressenti d'aussi éprouvant. Je n'arrêtais pas de me demander où était Kit, ce qu'elle faisait et si elle allait bien. Elle ne répondait pas à nos appels, ni à nos SMS. Oui, si je parle au pluriel c'est simplement parce qu'on était en mode réunion de crise avec Jeff, Caro et Mark.

J'avais fait ce que Jeff m'avait dit après qu'il se soit débrouillé pour faire sortir les trois pauvres connes : j'avais annulé le rendez-vous de Kit. J'avais prétexté une bonne grosse gastro bien contagieuse pour que son client ne se plaigne pas, insistant bien sur le fait que Kit le rappellerait quand elle irait mieux pour un autre rendez-vous. En réalité, je ne savais pas du tout ce qu'il allait se passer. Je ne savais même pas quand et si Kit allait rentrer, mais je ne voulais pas frustrer son client, c'est moi qui me serait pris sa mauvaise humeur en pleine poire, surtout qu'il était déjà en route puisque son rendez-vous aurait dû avoir lieu dix minutes plus tard. J'avais aussi dû lui promettre une réduction du coup... Il faudrait que je m'arrange avec Jeff moi... 

J'étais ensuite allé à l'appartement après avoir demandé à Caro de surveiller mon poste de travail. Elle m'avait demandé ce qu'il s'était passé, mais je n'avais pas pris le temps de lui répondre : j'étais parti en courant. Il ne faisait plus aussi chaud qu'au mois de janvier, on avait apparemment battu des records de chaleur, du coup je pus courir sans manquer de défaillir à l'arrivée.

J'avais ensuite escaladé les marches deux à deux pour me retrouver dans un appartement... Absolument vide. J'avais été déçu. Je savais qu'il y avait très, très peu de chance pour qu'elle soit là, mais je n'avais pas m'empêcher d'espérer. Il n'y avait que Bob qui était là. Saleté de Bob d'ailleurs. Bob était la gralline pie de Kit. C'était un gros oiseau noir et blanc qui avait maintenant une énorme cage dans le salon. Ce truc n'était pas affectueux du tout, sauf avec Kit, faisait un boucan d'enfer qui énervait tout le monde, sauf Kit, et tout le monde, sauf Kit, le trouvait particulièrement moche.

C'était son oiseau. Elle était partie faire des courses il y a de ça quelques semaines, elle était revenue quatre heures plus tard avec Bob, une cage et tout le matériel nécessaire pour s'occuper de cet horrible animal. La pauvre bête avait apparemment été touché par une voiture, Kit l'avait alors recueillie et emmené chez le vétérinaire qui lui avait appris qu'il ne pourrait certainement plus voler. Elle l'avait donc adopté, à notre plus grand déplaisir.

- C'est un mâle ! Nous avait-elle annoncé quelques jours plus tard, on les reconnait à leur cou noir ! Je vais l'appeler Bob ! Et les grallines ont une espérance de vie de dix ans ! 

- Je peux te dire que si ce maudit animal ne se tait pas tout de suite, son espérance de vie va vite chuter... M'avait dit Jeff.

Parce que Bob était du genre particulièrement bruyant. Même là, alors qu'on était tous silencieux, il ne pouvait pas s'empêcher de siffloter gaiement. Ou je ne sais pas comment ça s'appelle les bruits que font les grallines. Je n'aurais même jamais aimé avoir un de ces oiseaux dans mon salon mais bon...

J'étais finalement retourné à la boutique. Kit n'était pas à la maison, je n'avais aucune idée de l'endroit où elle aurait pu être, ça ne servait à rien que j'attende. J'avais encore du travail... Même si je n'avais pas réussi à avancer ensuite. En clair, j'avais joué les pots de fleurs. C'était aussi simple que ça. Je m'étais planté derrière mon comptoir, attendant d'être obligé de travailler. Du style : le téléphone qui sonne, un client qui se pointe, une facture à éditer... Je n'avais plus la force de me consacrer à ma compta à la noix.

Welcome To My Life // 5 Seconds of SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant