On dit de deux âmes sœurs qu'elles sont la moitié de l'autre et qu'un fil rouge les relie, les destinant à se rencontrer. Si, par malheur, elles ont été séparées, chacune aspire à retrouver la part manquante dont elle a gardé la marque dans sa chair...
Pour l'heure, il est temps d'ouvrir les cadeaux et de souffler les bougies. Nous nous installons tous les trois autour de la table et les réjouissances commencent. Voilà ce qui me redonne le sourire, mon petit bonhomme qui saute de joie en éteignant ses bougies d'une seule traite.
— Maman, un m'sieu, un m'sieu, un m'sieu ! Se met-il soudain à hurler en me montrant la fenêtre.
En me retournant, j'aperçois juste une ombre s'éclipser dans le coin de la fenêtre.
— Restez là tous les deux, je chuchote
Je m'approche lentement de la porte pour éviter de faire craquer le parquet et j'attrape la première chose qui me tombe sous la main en passant devant la console d'entrée.
— Tu es sérieuse là ! Il était à la fenêtre il y a trente secondes ! Il sait qu'on est là alors pas la peine de jouer la discrétion et fonce ! Et puis tu comptes faire quoi avec le doudou de Cam ? Lui assommer un cheveu ?
— Ah désolé ! À part le facteur et toi, jamais personne ne vient jusqu'à ma porte, du coup ça me fait un peu flipper !
— Aller, occupe toi de ton fils, j'y vais !
Rapidement, nous échangeons nos places et Chrissy se penche sur le juda pour voir de quoi il retourne.
— Il y a un mec assis sur les marches du perron mais je ne vois que son dos, il a la tête baissée entre les genoux ! Je vais regarder par la fenêtre comme ça je le verrai légèrement de profil !
En entendant sa description, je comprends immédiatement que le moment que je redoute le plus est arrivé plus tôt que prévu.
— Brun, petit chignon, peau mate et tu dis qu'il y a un pickup noir dans l'allée ? Je demande, les yeux dans le vague, sentant la panique refaire surface. Merde ! C'est Pharell
— G'os mot, maman !
— Pardon, mon cœur ! Chrissy, tu veux bien l'emmener dans le jardin pour lui faire essayer sa draisienne ?
— Pas de soucis, prends ton temps !
Je prends une longue inspiration pour me donner du courage et me dirige tout droit sur la porte. Avant de lui expliquer pourquoi je dissimule une partie de ma vie, je compte bien lui en faire baver et lui montrer à quel point ce qu'il m'a dit la veille m'a ébranlé. J'ouvre le battant sans ménagement et me plante juste derrière lui, les bras croisés, scrutant l'horizon pour montrer mon agacement.
— Je t'avais interdit de venir jusqu'à ma porte ! Je pensais avoir été clair !
— On n'a pas la même vision de la clarté tous les deux, je crois !
— Le roi du coup bas fait son grand retour ! Si tu es venu jusqu'ici pour retenter ta chance et me mettre dans ton lit, tu peux profondément aller te faire foutre ! C'est assez clair pour toi, ça ? Ou il faut que j'accompagne mes paroles de gestes explicites ?
— Et comment tu feras pour aller bosser maintenant que ta caisse t'a lâché ?
— De mieux en mieux ! Tu sais comment on appelle les filles comme moi qui accordent des faveurs en échange d'un service ? Des putes. Je n'ai pas besoin de toi, je me suis très bien débrouillée sans toi jusqu'à présent !
Soudain, il se lève pour me faire face et commence à avancer vers moi, les poings serrés. Comme sa réaction me fait peur, je décide d'aller m'accouder à la rambarde du perron au moment où il arrive à ma hauteur.
— Tu es en boucle là, putain ! Je ne cherche pas un plan cul avec toi ! Tu as tout compris de travers !
— Tu as sous-entendu qu'en passant mon temps à soi-disant t'allumer, je t'ai fait croire à une invitation, et tu m'as fait comprendre que tu aurais pu me sauter dessus beaucoup plus tôt si tu ne t'étais pas retenu. Si ça ce n'est pas limpide !
— Déjà, je ne t'ai pas sauté dessus, j'ai juste essayé de t'embrasser, nuance ! Et si je l'ai fait, c'est parce que justement tu te comportes comme ça seulement avec moi alors j'ai cru qu'il y avait quelque chose, que j'étais spécial
— Mais tu es spécial, tu es mon ami !
— Je suis désolé de t'avoir dit tout ça, je m'y suis mal pris. Ça ne se reproduira plus mais ne m'exclu pas de ta vie, si je suis ton ami alors fais moi confiance comme tu le fais avec les autres !
— Les autres ? Tu fais surtout référence à Gab je suppose, parce que si tu es là, c'est pour vérifier ce qu'il t'a dit, non ? Tu es allé le voir, je me trompe ? C'est ce que tu fais à chaque fois qu'on s'engueule tous les deux
— Oui, je suis allé le voir mais il ne m'a rien dit. Enfin du moins rien concernant ton chien d'apparence humaine ! Je me suis souvent posé des questions. Comment un chien aussi turbulent arrive à ne faire aucun bruit ni de dégâts dans le jardin ?
Le fait qu'il m'en parle sur le ton de la dérision me rassure et je me dis qu'après tout, je me suis surement mis la pression pour rien.
— Maman, 'egade vais vite moi ! Me crie Cameron en déboulant comme un bolide de l'arrière de la maison
— C'est bien mon cœur, continue !
Je me retourne vers Pharell et comprends immédiatement que je peux avoir confiance. La façon qu'il a de le dévisager, le sourire aux lèvres et le regard plein de tendresse me prouve que j'avais tort. Il n'a aucun préjugé sur ma situation et ne s'apprête pas à s'enfuir en courant.
— Mon petit roquet plein d'énergie s'appelle Cameron. Il a deux ans aujourd'hui et il est ma force mais aussi ma plus grande faiblesse. Tu veux venir à l'intérieur ? Je vais tout te raconter devant une part de gâteau et un bon café, ça te dit ?
— Je te suis !
Et pour la première fois depuis longtemps, je prends le risque de laisser entrer quelqu'un à la fois chez moi et dans ma vie.
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Salut à vous les wattpadeurs
J'ai mis un peu de temps pour publier ce chapitre mais j'ai été pas mal occupée cette semaine et surtout le dernier chapitre que j'ai écrit sur mon ordi m'a donné du fil à retordre. Conclusion : ça fuse beaucoup trop dans ma tête et trop d'idées tue l'idée ! Il faut vraiment que je note au fur et à mesure sinon j'en perds la moitié au passage. Enfin bref, je ne m'attarde pas plus.
