CHAPITRE 18 ~ Bons Moments ( Alana ) 1/2

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— Al, s'il te plait, laisse-moi entrer

Je pensais qu'il avait compris que j'étais trop mal à l'aise pour lui parler maintenant. Cela fait dix minutes qu'il me supplie derrière la porte de ma chambre et je n'ai pas osé bouger de peur qu'il entende le léger bruissement des draps qui se froissent.

— Bon, j'en ai marre. Soit tu viens me parler tout de suite, soit j'ouvre la porte, quitte à la défoncer s'il le faut. Mais tu peux être certaine que je ne partirai pas tant que je ne t'aurai pas vu

Merde, merde, merde ! Heureusement qu'il n'a pas essayé de loqueter parce que je n'ai pas tourné le verrou. Le plus doucement possible, je m'extirpe de mon cocon de jersey mais j'accroche ma lampe de table avec ma couette. Elle ne tombe pas, toutefois elle vacille de droite à gauche en faisant claquer son socle de métal contre le bois du chevet.

— Je t'entends, je sais que tu ne dors pas ! Je vais compter jusqu'à dix, après j'entre. Un ... Deux ...

Sans plus attendre, je cours vers la porte et actionne le verrou. Je n'ai plus rien à risquer en faisant du bruit.

— Trois ... Quatre ...

Je ne peux pas lui faire face, c'est au dessus de mes forces. J'ai eu tellement honte tout à l'heure que j'ai senti le feu me monter aux joues. J'aurais presque pu y faire cuire une omelette. Il m'a surprise en train de reluquer sans vergogne son corps nu dans les moindres détails, m'attardant plus particulièrement sur une partie bien précise de son anatomie.

— Cinq ... Six ...

Mes pensées commencent à s'aventurer un peu trop dans le souvenir du corps de Pharell. Je m'étais déjà fait une idée de ce que je pouvais trouver en dessous de ces vêtements. Maintenant que c'est devenu concret, j'ai du mal à dériver sur autre chose. Il a l'air d'être sportif sans trop en faire non plus. Ses pectoraux sont bien dessinés sans être excessivement proéminents, je n'aime pas les bodybuilders de toute façon. Et puis, il y a les pleins et les déliés de ses abdominaux, une appétissante tablette de chocolat composée de huit carrés bien délimités. J'ai pris le temps de les compter en suivant des yeux les gouttes d'eau qui serpentaient entre eux.

— Sept ... Huit ...

Ah, ces gouttelettes ! Je me suis imaginée suivant leurs traces du bout des doigts jusqu'à ce qu'elles atteignent cet incroyable v qui prend naissance au niveau de ses hanches et va s'échouer dans la zone interdite. V qui semble me dire " Viens Voir Vilaine Vicieuse ! ".

— Neuf ...

Je reprends peu à peu mes esprits et découvre ma main sur la porte, caressant sensuellement les aspérités comme mon subconscient aspirait à le faire sur l'abdomen de Pharell. Je brule et ma respiration s'accélère, aussi bien à cause de la convoitise que de la peur de l'inconnu. S'il entre, je suis foutue. Il pourra lire sur tout mon corps à quel point il me trouble et c'est justement ce que je ne veux pas. Je n'ai fait que lui reprocher son passé sulfureux, pourtant, je lui donne une occasion en or de continuer en m'affichant dans cet état. Comment ne pas avoir honte de lui montrer l'étendue de mon désir alors que nous ne nous sommes embrassés réellement qu'une fois ?

Je le sens et j'entends sa respiration à travers la porte qui nous sépare. Comme moi, il doit être en train d'essayer de capter le moindre de mes mouvements. Lentement, je pose ma main droite à plat sur le bois et je suis soudain frappée par la chaleur que je ressens. La sienne est posée au même endroit, j'en suis persuadée. C'est comme si les quatre centimètres de chêne entre nous venaient de s'évaporer et nos mains de s'entremêler. La connexion est plus qu'évidente, il la ressent lui aussi. De ma main gauche, je déverrouille la porte et abaisse la poignée pour ouvrir lentement, le regard vissé au sol. Puis, je lève le menton jusqu'à ses yeux magnifiques.

Dix, dit-il dans un murmure

En un battement de cils, nous nous retrouvons aux pieds du lit, poussés par la force de nos baisers enragés. J'explore son corps de mes mains voraces pendant que les siennes soulèvent mon tee-shirt qui finit par voler par-dessus ma tête. Ayant déjà ôté mon soutien-gorge pour la nuit, je ne ressens aucune gêne au fait de me retrouver seulement vêtue de mon tanga devant lui. Curieusement, c'est comme si c'était naturel.

Il me pousse avec violence pour me coucher afin de me surplomber et avoir tout le loisir d'étudier mes reliefs. Puis il se penche et agrippe les deux côtés de mon sous-vêtement sans quitter mon visage des yeux. C'est une chose de se sentir bien nue quand nous sommes tous les deux dans le feu de l'action, c'en est une autre de devoir supporter l'intensité de son regard quand il me dévore des yeux comme il le fait à l'instant.

Pour le coup, je suis complètement désorientée par l'insistance de son regard mais je finis par comprendre qu'il me demande silencieusement la permission de me retirer mon tanga. Le fait qu'il prenne cette précaution me rassure et, soulevant légèrement les fesses en guise d'accord, je le regarde le faire glisser lascivement jusqu'à mes chevilles. Une fois retiré complètement, il l'envoie rejoindre mon tee-shirt en boule sur le parquet et s'agenouille entre mes cuisses. En comprenant ce qu'il s'apprête à faire, mes joues rougissent de plus belle et un frisson recouvre ma peau quand son souffle vient effleurer le haut de mes cuisses. Complètement submergée par la magie de l'instant, je me laisse aller à une démonstration plus qu'explicite de mon plaisir en gémissant tout mon soûl.

Sans comprendre tout de suite ce qu'il m'arrive, je me retrouve seule dans mon lit, coincée par la couette enroulée autour de mes membres. Je halète exagérément telle une sprinteuse qui vient de finir sa course. Mes draps me collent à la peau à cause de la transpiration et quelques gouttes s'échappent de mon front.

M'asseyant précipitamment pour parcourir ma chambre des yeux, je saisis dans la foulé qu'il ne s'agissait que d'un rêve et que le gémissement, que j'ai d'ailleurs réellement poussé, vient de me réveiller. Ma porte est belle et bien fermée, ma tenue de nuit est toujours en place et la tête de Pharell ne se trouve indéniablement pas entre mes jambes. Quelle déception !

Je m'extirpe tant bien que mal de mon déguisement de rouleau de printemps et me dirige dans la salle de bain. Il faut à tout prix que je me rafraîchisse et surtout que je change de culotte. Je suis comme tout le monde, j'ai besoin d'assouvir mes pulsions bestiales mais je n'ai encore jamais eu à procéder à une toilette intime d'urgence.

Une fois douchée et parée de sous-vêtements propres et secs, je retourne dans ma chambre mais je suis toujours en nage. Il est déjà dix heures passées mais je ne peux pas attendre plus longtemps pour soulager ma gorge sèche. Il faut que je boive un verre d'eau de toute urgence. La main sur la poignée, je m'arrête net en entendant des jurons dans le couloir. C'est Pharell qui grommèle qu'il est en retard. Déjà que je me sentais honteuse après la scène de la douche, je suis encore moins disposée à tomber sur lui avec toutes ces images de mon rêve qui gravitent dans ma tête. Je reste donc là, sur le qui-vive, jusqu'à ce que j'entende enfin la porte d'entrée claquer.

Du reste, j'aimerais beaucoup savoir où il va après avoir aussi peu dormi et, notamment, s'il rejoint quelqu'un. Et voilà, c'est reparti ! Je commence à me représenter toutes celles qu'il serait susceptible d'aller voir ; les jumelles tatouées de l'autre jour à qui il n'a pas arrêté de faire des dédicaces au micro, la blonde maniérée d'hier, Andréa peut-être ou encore Chrissy. À cette pensée, je me rue sur la fenêtre pour essayer de repérer du mouvement sur son perron mais tout ce que je distingue c'est le bac à fleurs sur le bord, à côté du petit escalier. J'ose un coup d'œil furtif, qui ne donne rien, dans la chambre de Christina car elle est juste en face de la mienne. Finalement, j'abandonne l'espionnage en entrapercevant le pickup noir sortir de l'allée. Toutes ces suspicions m'ont donné mal à la tête.

Il ne sert à rien de retourner au lit pour le peu de temps qu'il me reste à dormir alors j'enfile un bas de jogging par dessus ma nouvelle culotte et pars me préparer un café. Je profite ensuite des dernières minutes avant que mon fils ne rentre pour passer l'aspirateur et faire la poussière. Ça m'aide à m'occuper l'esprit.

Rewound Love ~ Une Empreinte Au Coeur ( Tome 1 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant