Rewound Love ~ Une Empreinte Au Coeur ( Tome 1 )

CHAPITRE 27 ~ Déterminé ( Pharell ) 2/2

À peine ont-ils fermé la porte que je laisse ma colère se déverser. Les mots sortent de ma bouche tel un geyser brulant, résultat d'une ébullition intérieure gardée trop longtemps à couvert.

— Espèce de connard d'oppresseur ! Tu penses que me balancer ton mépris en pleine figure va m'adoucir ? Tu te trompes lourdement, ça ne fait qu'endurcir les ressentiments que j'ai pour toi et donner plus de poids à la décision que je viens de prendre. Ça va te faire bizarre ce soir en découvrant que tu n'as plus d'emprise sur Paxton. Je rêverais d'être une petite souris pour te voir t'effondrer comme un château de cartes en te sentant trahi par ton jouet vivant. Tu es une honte pour la communauté cubaine. Comment peut-on avoir un jugement aussi sévère sur les autres quand on est la cible de moqueries dégradantes et de propos racistes dénigrants ? Tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer en comprenant que tu as fait de la merde avec ce que tout parent est censé réussir du mieux qu'il peut.

Les yeux toujours dans le vague, je reprends peu à peu conscience de ce qui m'entoure et découvre Paxton me dévisager comme si j'étais devenu fou. Je n'ai aucune envie de lui répéter ce que je viens de dire, mais, pour lui faire comprendre la raison de mon animosité, je m'empare du seul objet qui prouve que nous avons été, il y a longtemps de ça, un semblant de vraie famille. J'observe ce cadre, contenant une photo de nous quatre alignés l'un à côté de l'autre, moi tout à droite, Paxton tout à gauche. Je le lance et le regarde s'écraser avec force sur la porte et tomber au sol. L'état dans lequel il est à présent traduit à la perfection ce que nous sommes, une famille brisée sans aucune possibilité de réparation.

Dans un dernier élan, je récupère une paire de ciseaux dans le tiroir du bureau du salon et romps définitivement le lien avec mes parents en découpant la photo pour m'en exclure. Pax, qui a tout vu de la scène, s'empare d'un rouleau de scotch et m'arrache des mains mon arme tranchante. Alors que je m'apprête à lui interdire d'essayer de recoller les morceaux, il me surprend en découpant aussi son portrait et en venant l'unir au mien, comme pour sceller notre lien et se détacher définitivement de son fardeau.

C'est le cœur léger et regonflé à bloc que nous remplissons nos valises avant de quitter la maison sans un regard en arrière. Comme aucun vol n'est disponible avant mardi, nous décidons d'attraper le train de dix-neuf heures. Avec les nombreuses escales et correspondances, le trajet sera beaucoup plus long, mais il est hors de question de s'installer à l'hôtel plusieurs jours juste pour avoir le confort d'un avion. Je ne resterai pas une minute de plus dans cette ville chargée de mon lourd passé alors que mon avenir est en train de se jouer à mille trois cents kilomètres d'ici.

Il nous faut près de vingt-trois heures pour rejoindre Miami alors j'utilise ce tête-à-tête prolongé pour expliquer à mon frère tout ce qu'il m'est arrivé ces six derniers mois. Il est ravi pour moi quand je lui parle du retour dans ma vie d'Alana, mais me gratifie d'impressionnants coups de poing dans l'épaule en entendant le récit de mes nombreux faux pas. Les regards noirs qu'il me lance me donnent l'impression d'être un malheureux gamin se faisant gronder par son père. Ce qui m'attriste le plus est le désespoir que je peux lire sur son visage quand j'évoque l'existence de son neveu. Comme je sais qu'il est inconsolable de ne pas pouvoir voir sa fille, je n'insiste pas trop et dévie la conversation sur mon travail.

Épuisés par le trajet qui commence à être long, c'est en plein milieu de la nuit que nous nous endormons, bercés par les légers mouvements de gauche à droite du wagon glissant sur les rails. Quand je me réveille au petit matin, le portable de Paxton, posé sur la tablette devant lui, clignote et vibre. Je l'attrape et découvre le numéro de mes parents qui s'affiche. Il ne l'utilise que pour envoyer des SMS, mais, comme je suis avec lui, ils espèrent que je vais leur répondre.